Le criquet nomade, une catastrophe écologique et humanitaire évitée en Afrique de L’Est

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris , avec la FAO
05.07.2009

  • Les criquets nomades sont friands des récoltes de maïs. Ils peuvent dévaster de grandes étendus en peu de temps. La prévention est majeure.(攝影: / 大紀元)

Un foisonnement de criquets nomades est survenu subitement en Afrique de l’Est, surtout en Tanzanie. Ces insectes sont aussi appelés criquets rouges. L’intervention de la FAO a été rapide, et grâce à une action internationale d’urgence, des bios pesticides ont été utilisés sur une grande échelle. Cette opération a stoppé l’invasion des insectes dévoreurs, qui sans cela, auraient détruit la nourriture d’au moins 15 millions de personnes.

 

La production agricole et vivrière de millions de paysans pauvres

Afin que toutes les menaces soient écartées, la FAO organise des diffusions d’insecticides par des moyens aériens et terrestres. Ces diffusions se prolongeront au cours des semaines à venir : au Malawi, en Mozambique, en Tanzanie et en Zambie. Un communiqué de presse affirme que ce traitement fait sur un si vaste territoire serait une première. Modibo Traoré, sous-directeur général de la FAO, indique: «Sans cette intervention-éclair, impliquant les pays touchés et la communauté internationale, la région d’Afrique centrale et méridionale aurait pu se retrouver confrontée à une situation catastrophique due aux criquets nomades. Ceci aurait mis en péril la production agricole et vivrière de millions de paysans pauvres.»

 

La dernière grande invasion généralisée s’est déroulée de 1930 à 1944. Presque tout le sud du continent africain avait été touché. Les cultures en milieu humide sont les plus souvent attaquées: maïs, riz, canne à sucre, arbres fruitiers ou des ligneux comme les acacias, les eucalyptus, les pins et les espèces herbacées sauvages.

 

Un biopesticide non toxique pour l’homme et les animaux

En Tanzanie les trois zones les plus touchées sont le parc national Iku-Katavi, les plaines du lac Rukwa et le bassin de la rivière Malagarasi. L’utilisation du biopesticide Green Muscle®, utilisé sur 10.000 hectares, a permis de traiter des terres humides, tout en protégeant la faune sauvage - éléphants, hippopotames et girafes. Ce biopesticide, non toxique pour l’homme et les animaux, détruit uniquement les criquets et les sauterelles et n’a pas d’effets nuisibles pour l’environnement.

 

La PAM (Programme Alimentaire Mondial) a organisé le transport par avion de pesticides, en réserve au Mali, vers la Tanzanie. 4.500 hectares ont été traités dans la région de Rukwa et Malagrassi. Ces pesticides en surplus n’avaient pas été utilisés lors des infestations précédentes.

 

L’importance de la rapidité d’action

L’expert en lutte acridienne de la FAO Christian Pantenius indique: «La campagne de cette année contre le criquet nomade a rassemblé à temps tous les principaux partenaires concernés afin de prévenir une situation potentiellement très dangereuse. Le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations unies a contribué à hauteur de près de deux millions de dollars dans le cadre de son premier projet régional qui a permis de lancer rapidement et efficacement les opérations de lutte aérienne et terrestre. La FAO a fourni environ 1 million de dollars sur ses propres fonds d’urgence.»

 

Il est en effet nécessaire d’agir avec rapidité. Les criquets nomades peuvent parcourir 20 à 30 kilomètres par jour, dévastant des champs de céréales, des vergers d’agrumes et de fruits plantés. En 24 heures, l’insecte consomme la valeur de son propre poids, soit environ deux grammes. Un essaim moyen mange en un jour la même nourriture que celle consommée par 2.500 personnes environ (et un essaim moyen correspond à une tonne de criquets).

 

Le criquet nomade est appelé ainsi à cause de ses déplacements en saison sèche. Il affectionne particulièrement les zones humides, les grandes étendues herbeuses et les plaines inondées. Son régime alimentaire est à base de graminées.

 

Impliquer les habitants

Selon M. Pantenius, l’intervention rapide est essentielle et doit être organisée, d’où la nécessité d’impliquer les habitants: «La mise en place d’un système d’alerte précoce s’appuyant sur les communautés locales et impliquant les gardes-champêtres et les paysans à proximité des zones où des foyers de criquets peuvent se former et ce, afin de mieux observer le terrain et d’intervenir en temps opportun sera le défi des prochaines années.»