La domestication du thon rouge

Écrit par Suzi Loo, La Grande Époque - Nice
10.08.2009

 

  • Larves de thon rouge(攝影: / 大紀元)

Les consortiums européens de recherche SELFDOTT, dont l’IFREMER est partenaire, et ALLOTUNA ont réussi à contrôler la reproduction de thon rouge d’Atlantique, Thunnus thynnus, en captivité.

L’obtention des œufs viables à partir de thons rouges captifs constitue la première étape indispensable dans la domestication de cette espèce et dans le développement d’une industrie aquacole durable, indépendante des populations sauvages. L’objectif est à moyen terme de parvenir à l’élevage des larves de thon rouge et à la production de juvéniles. Des travaux ont démarré en ce sens.

Le thon rouge, l’une des espèces les plus convoitées au monde

Son exploitation a atteint aujourd’hui un niveau jamais égalé. Le comité scientifique de la CICTA (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique) estime en effet que dans l’ensemble de l’Atlantique Est et du bassin méditerranéen, le volume des captures de thon rouge se situe autour de 50 000 à 60 000 tonnes par an, c'est-à-dire deux à trois fois le potentiel actuel de production du stock.

Ces projets ont été financés dans un souci de réduire la pression de pêche sur le thon rouge et de faciliter la protection de l’espèce.

Pour parvenir au développement d’une industrie aquacole, les efforts de recherche menés dans le cadre de ces projets visent trois objectifs :

1)le contrôle de la ponte du thon rouge en captivité;

2)l’élevage des larves et la production de juvéniles;

3)la mise au point d’une alimentation appropriée et respectueuse de l’environnement.

Un premier objectif a été atteint

  • Recueil des œufs(攝影: / 大紀元)

À la fin du mois de juin, le premier objectif est atteint. La ponte des œufs de thon rouge a été obtenue à deux endroits de la mer Méditerranée en utilisant la même gestion des stocks de thons rouges reproducteurs et les mêmes méthodes d’induction de ponte. Cette réussite est attribuable à plusieurs facteurs : l’alimentation des reproducteurs, la surveillance de la température de l’eau et de la météo ainsi que l’implant déjà développé pour l’induction de ponte chez les thons rouges dans le cadre d’un autre programme de recherche (REPRODOTT).

De quel implant s’agit-il?

C’est un implant qui fonctionne comme un système libérateur d’hormone reproductrice. Il contient l’hormone de gonadotropine (GnRHa), une hormone couramment utilisée chez l’humain dans la procréation assistée.

Résultat plus que positif

Ainsi, le 29 juin dernier, un stock de reproducteurs sauvages, maintenus en captivité en Espagne dans les cages marines du projet Tuna Graso, a démarré la ponte après avoir reçu l’implant. Les poissons ont ensuite pondu tous les jours, jusqu’au 17 juillet, produisant au total 140 millions d’œufs. Un second stock de reproducteurs, maintenus en captivité dans les installations de Marenostro dans la région de Calabre (Vibo Marina) en Italie, a également commencé à pondre trois jours après l’implantation, produisant au total 46 millions d’œufs sur une période de deux semaines.

Les œufs produits ont ensuite été envoyés sur plusieurs sites des partenaires et des projets SELFDOTT et ALLOTUNA afin de débuter pour la première fois les travaux sur l’élevage larvaire de ce poisson unique.

Les oeufs sont ainsi envoyés aux sites suivants :

en France (station IFREMER de Pallavas),

en Espagne (Puerto de Mazzaron, Institut Espagnol d’Océanographie),

en Italie (l’entreprise Panittica Pugliese),

en Grèce (Crête, Centre de recherche marine hellénique),

à Malte (Centre maltais pour les sciences de la pêche),

en Israël (Eilat, Centre national de Mariculture).

 

Au sujet du projet européen SELFDOTT et ALLOTUNA

  • Thon rouge implanté (攝影: / 大紀元)

Le projet européen SELFDOTT, (from captured-based to SELF-sustained aquaculture and Domestication Of bluefin tuna, Thunnus Thynnus) est dédié à l’étude de la reproduction, du développement larvaire et de la nutrition du thon rouge. Il est financé par le 7ème Programme Cadre pour la Recherche et le Développement de la Commission européenne Programme de coopération : Alimentation, Agriculture, Pêcheries et Biotechnologies) et coordonné par le Dr. Fernando de la Gàndara du Centre Océanographique  de Murcia  appartenant à l’Institut Espagnol d’Océanographie (IEO).

Le projet ALLOTUNA, (Alleyamanto Tuna) consiste à mettre en place un système d’élevage intégré du thon rouge dans le Golfe de Tarente, financé par les Fonds structurels de l’Union Européenne et coordonné par le professeur Gregorio De Metrio du département du bien-être et de la santé animale et de l’université de Bari en Italie.

Afin de coordonner leurs activités et d’optimiser l’utilisation des ressources, les deux consortiums de recherche ont signé un accord de collaboration pour s’assurer de la réussite de leur objectif, c'est-à-dire la domestication de thon rouge en Méditerranée.

Les autres membres du consortium de SELFDOTT comprennent l’université de Càdiz ( Espagne), le CNRS et l’université de Montpellier2 (France), le centre de recherche aquacole de Skretting (Norvège) et une autre ferme privée Malta Fishfarming Ltd ( Malte).

Les autres membres du consortium ALLOTUNA incluent deux entreprises privées (Panittica Pugliese et Franco Scarciglia Pesca Acque Marine) et une organisation régionale (Associazione Armatori da Pesca di Molfetta).