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Un nouvel essai politique, censuré en Chine, attire l'attention à l'étranger

Écrit par Xin Fei , La Grande Époque
18.08.2009
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  • Wan Li (gauche), ex-président du Congrès national du peuple(Staff: MANUEL CENETA / 大紀元)

L'auteur est inconnu, mais on soupçonne la main d'un haut cadre du Parti communiste

Un essai politique de 10 000 caractères condamnant le règne du Parti communiste chinois (PCC) a attiré l'attention des dissidents chinois dernièrement, tandis que les sites Internet qui le publient sont bloqués en Chine continentale.

On spécule que l'essai, intitulé Le parti au pouvoir doit établir une éthique politique de base, est le résumé de quatre conversations tenues entre un homme d'État chinois senior et un jeune professeur de l'École du Parti du Comité central du PCC. L'auteur du texte est inconnu, mais on soupçonne qu'il s'agit de Wan Li, ancien secrétaire du Secrétariat du Comité central et ex-président du Congrès national du peuple, le plus important organe bureaucratique du Parti.

Bien que l'essai véhicule une virulente critique du PCC et qu'il a attiré beaucoup d'attention sur le web, les autorités chinoises n'ont toujours pas réagi.

Zhang Weiguo, rédacteur en chef du magazine Trend de Hong Kong et du site Internet New Century, a déclaré à La Grande Époque qu'une «personne importante de Pékin» avait donné la mission au site New Century de publier le texte en exclusivité le 30 juillet dernier.

Zhang Weiguo estime que l'auteur est Wan Li pour plusieurs raisons. Une source qu'il a contactée à Pékin lui a dit qu'il s'agissait de Wan Li – il est l'un des seuls membres de la haute hiérarchie du PCC qui a osé critiquer le régime – et les spécialistes chinois contactés par M. Zhang croient eux aussi la même chose.

Cette hypothèse n'est toutefois pas appuyée à l'unanimité. He Qinglian, auteure et économiste chinoise de renom, a indiqué dans un courriel à La Grande Époque que l'essai pourrait ne pas être authentique. «Certains des termes utilisés [dans la lettre] ne correspondent pas au langage utilisé par ce genre de personne», écrit-elle. «Dans une société où la volonté des gens est réprimée et où les gens n'ont aucun moyen d'expression, les rumeurs peuvent facilement se multiplier.»

Malgré les allégations et contre-allégations concernant sa provenance, l'article – qui argue que le règne du Parti est «illégal et non éthique» – et qui fait porter entièrement le blâme des années de troubles sur le Parti communiste, a déclenché d'intenses discussions sur Internet. Des dizaines de milliers de discussions ont proliféré sur les blogues au cours de la première semaine.

Au tout début, l'essai avance que «Le Parti ne s'est toujours pas enregistré auprès du ministère des Affaires civiles. Qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce que ça veut dire que notre pays n'a pas de loi sur les partis politiques? Il [le PCC] a duré 60 ans et il n’y a encore rien, il n'y a eu aucun changement. Notre pays n'a toujours pas de système de parti politique moderne.»

Le texte affirme aussi qu'il n'y a pas de mur financier séparant le trésor du Parti et celui de l'État.

Les organes centraux d'État «opèrent comme des organes illégaux clandestins», est-il écrit. «C'est encore le Parti qui commande les canons, l'armée du Parti n'a pas été remplacée par le leadership de l'État.»

L'essai critique le fait que «le Parti passe avant le pays» plutôt que «le pays passe avant le parti». Durant 60 ans, le concept de «Parti et chefs d'État» n'a pas changé.

Wu Fan, président du gouvernement chinois intérimaire, un groupe dissident pro-démocratie et s'opposant au PCC, indique que la discussion tente de rendre claire la différence entre la Chine et le PCC. Il croit que le texte a été écrit par Wan Li et a affirmé à La Grande Époque que «[Wan] a dédié toute sa vie à l'État et au Parti», ajoutant que faire passer le pays d'abord est sans précédent parmi les hauts cadres du PCC.

«Ces dernières années remplies d'échecs répétés que nous avons subis sont toutes attribuables aux luttes internes du Parti. Je suis attristé par cela», indique le texte. «Durant tant d'années nous avons dit aux gens que sans le Parti communiste ce serait le chaos. Leur espoir de stabilité devient la “volonté populaire” pour que notre Parti s'accroche seul au pouvoir. Quand ce cycle pourra-t-il être brisé?»

Auparavant, les critiques venant des apparatchiks du Parti – comme celle de Meng Weizai, ex-directeur du Bureau artistique du ministère de la Propagande, qui a publiquement démissionné du Parti – ont subi des contre-attaques dans les médias d'État chinois.

«Le dialogue de Wan Li», comme on appelle l'essai, ne s'est buté qu'au silence. Zhang Weiguo estime que le Parti a peur de répondre aux propos et que le silence indique qu'il n'a pas de réponse.

David Gao, le directeur du Centre mondial pour démissionner du PCC, une organisation de bénévoles qui encourage les membres du Parti à démissionner, croit que l'essai reflète les pensées de «tous les membres du Parti qui ont une conscience et une nature humaine».

Il attribue les phénomènes comme l'essai à «un processus inévitable de conscience, de courage et de renaissance humanitaire» provoqué par les Neuf commentaires sur le Parti communiste, une série éditoriale publiée par La Grande Époque.

«Nous avons reçu des appels de Zhongnanhai [le siège du PCC], de très hauts responsables, et même provenant des bureaux de hauts dirigeants du PCC. Des employés du Centre de recherche en politique du Comité central étudient même les Neuf commentaires. Ils ont choisi de démissionner du PCC après avoir compris sa nature et ils ont développé un sens de responsabilité envers le pays et la population, tout en prenant compte de leur bien-être et de celui d'autrui», explique M. Gao en entrevue avec La Grande Époque.

«Même si ces gens dans le système ont des intérêts personnels et un statut social, lorsqu'ils comprennent la vérité [sur le règne du PCC], ils y réfléchissent dans leur cœur», poursuit M. Gao. «Plus ils comprennent, plus ils ressentent de la douleur.»

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.