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Réintroduire l’esturgeon, une espèce en voie de disparition

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque
24.09.2009
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  • L’esturgeon européen, appelé Acipenser sturio, peut atteindre 3,5 m pour environ 300 kg. Un des plus gros sturio capturé dans la Tamise pesait 350 kg. (Yangtze River/Getty Images)(Stringer: China Photos / 2007 Getty Images)

Le jeudi 10 septembre 2009, à Bourg sur Gironde, ce sont près de 400 esturgeons de deux ans qui ont été introduits dans l’estuaire de la Gironde. Mais cette fois, ce sont de gros poissons longs d’une quarantaine de centimètres et d’un poids supérieur à 1,5 kg qui ont été plongés dans la Gironde. Le Syndicat Mixte pour le Développement Durable de l’Estuaire de la Gironde (SMIDDEST) se chargeait de l’organisation de cette opération. Son action consiste à préserver et développer durablement le patrimoine estuarien.

La restauration du plus grand poisson migrateur de l’Ouest de l’Europe à partir de la Gironde est un symbole fort pour la sauvegarde de la biodiversité des rivières européennes. Cette introduction est une première. Les mises à l’eau sont régulières depuis deux ans mais jamais de poissons d’une aussi grande taille. Des alevins ont été lâchés successivement en 2007 et 2008 dans les eaux de la Garonne et de la Dordogne.

Des bassins européens de reproduction

L’esturgeon européen appelé Acipenser sturio est menacé d’extinction, et pourtant jusqu’à la fin du XIXe siècle ce poisson fréquentait abondamment tous les fleuves d’Europe de l’ouest. Petit à petit il s’est raréfié. Les scientifiques du Cemagref disent qu’actuellement il ne resterait plus que 10.000 individus tous issus uniquement du bassin de la Gironde. C’est pourquoi les chercheurs concentrent tous leurs efforts à sauvegarder l’espèce et que des reproductions artificielles sont mises en place. Les reproductions se font en bassin à la station du Cemagref de St-Seurin-sur-l’Isle en Gironde et en Allemagne, l’Institut d’Écologie des Eaux douces de Berlin complétant l’action française.

Les scientifiques de l’institut Leibniz d’écologie aquatique et de pêche en eau douce (IGB) de Berlin ont réalisé un lâcher dans l’Elbe le 4 septembre 2008 de 50 jeunes esturgeons européens (Acipenser sturio), équipés de boucles en plastique pouvant être suivis grâce à un émetteur. Ces jeunes poissons ont été importés de France. Jörg Geßner, biologiste et chef du projet à l’IGB commente l’expérience: «Ce premier alevinage expérimental constitue une étape importante pour la réintroduction à long terme de l’espèce en Allemagne. Les travaux associés doivent poser les bases de la réimplantation ultérieure et combler nos lacunes quant à la connaissance des habitats majeurs de cette espèce».

D’autres lieux de reproduction

Le professeur Frank Kirschbaum, responsable à l’IGB, étudie la possibilité d’habitat important pour cette espèce. Il souhaiterait comprendre l’aptitude génétique des poissons français. Un lâcher dans la nature dans le bassin de la mer du Nord pourrait être envisagé.

La conservation de l’esturgeon en captivité et sa réintroduction dans la nature sont des questions complexes. En effet pour sauver cette espèce les chercheurs au Cemagref pensent que des lâchers massifs de jeunes poissons dans les milieux naturels sont indispensables. Il est donc essentiel d’améliorer les connaissances sur la biologie de l’esturgeon, de le faire se reproduire en captivité, tout en utilisant les techniques de la reproduction assistée des Instituts de recherches.

Histoire de l’espèce et causes de sa disparition

L’esturgeon est un poisson osseux qui est apparu il y a 200 millions d’années. Il passe la plus grande partie de sa vie en mer, mais dès qu’il arrive à maturité sexuelle, il effectue une migration de plusieurs centaines de kilomètres pour remonter les fleuves et frayer. Il pond alors jusqu’à 2,5 millions d’oeufs collants, gris foncé. L’aménagement des cours d’eau a supprimé bon nombre de ses lieux de ponte, et la construction de barrages et d’écluses a fermé ses voies de migration. La disparition de l’esturgeon a également été favorisée par la pêche intensive pour la production du caviar et sa valeur marchande élevée.

En France, l’alerte sur l’état préoccupant des populations d’esturgeons avait déjà été donnée dans les années 1950, notamment par des pêcheurs qui constataient la multiplication des signes de disparition. Mais c’est en 1977 qu’une prise de conscience généralisée s’est produite.

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