Dans les montagnes cévenoles, les religieuses de l’abbaye de Notre-Dame-des-Neiges produisent et commercialisent toute une gamme de produits d’entretien pour la maison.
Miel, liqueurs, huiles, savons… les moines et religieuses produisent depuis des siècles des articles de consommation qui leur permettent de vivre et maintenir leur congrégation. À Saint-Laurent-les-Bains (Ardèche), l’abbaye de Notre-Dame-des-Neiges connaît une certaine ébullition, pourrait-on dire…
Situé à 1100 mètres d’altitude, entre forêts et prairies d’alpage, le monastère fut occupé pendant 172 ans par des moines cisterciens. Mais, faute de successeurs, les quelques moines ont quitté les lieux…
Heureusement, le monastère, qui a connu, outre les retraites régulières de nombre de chrétiens, la première messe du célèbre ermite Charles de Foucault en 1901, a eu la chance de ne pas être transformé en hôtel, maison de retraite ou logement.
« Cela nous tenait à cœur de faire quelque chose de différent pour élargir aussi l’offre des produits monastiques »
En effet, depuis décembre 2022, les 20.000 m2 de bâtiments sont occupés par douze religieuses cisterciennes qui comptent bien s’en sortir financièrement tout en se faisant connaître.
Mais, avec une facture énergétique dépassant les 5000 euros par mois, les religieuses ont dû faire preuve de créativité tout en se retroussant les manches. Ainsi est née la gamme « Air des Neiges », s’inspirant des senteurs de forêts qui les entourent et proposant des nettoyants sols, vitres ou toilettes, fabriqués avec de l’eau de source et des matières premières de la région.
« C’est vraiment une innovation complète qui surprend d’ailleurs les autres communautés, explique Sœur Anne à Epoch Times. Il y avait l’idée de faire quelque chose de nouveau, quelque chose qui ne va pas poser problème à une autre communauté parce qu’on se mettrait en concurrence… Cela nous tenait à cœur de faire quelque chose de différent pour élargir aussi l’offre des produits monastiques. Les gens sont sensibles à ces produits de qualité. Puis ils aiment la vie monastique, pour beaucoup. Ils sont heureux de pouvoir aider en achetant des produits différents. »
Outre la recherche de produits innovants, Sœur Anne rappelle aussi la nécessité de respecter « l’environnement et la préservation de notre maison commune, comme dirait le pape François ».
« Aujourd’hui c’est une urgence de préserver nos nappes phréatiques qui sont assez fortement contaminées par tout type de produits détergents, polluants tant par leur fabrication dans l’industrie chimique qu’au niveau de leur utilisation dans les maisons des particuliers. »
« Prendre soin des rencontres qui auront lieu dans une maison propre où l’on aura envie d’inviter des amis »
Enfin, en tant que religieuses prenant soin de leur abbaye en conjuguant propreté, convivialité et spiritualité, Sœur Anne souligne l’idée de « prendre soin de ceux qui habitent la maison, prendre soin des rencontres qui auront lieu dans une maison propre où l’on aura envie d’inviter des amis. C’est une manière pour nous de faire rentrer la vie monastique un peu à l’intérieur des maisons… Puis de faire rentrer la fraîcheur du Seigneur aussi dans l’intimité des personnes ».
Les religieuses doivent pouvoir concilier l’instauration de cette activité professionnelle avec leur vocation monastique, d’où le choix de ce type de production, permettant des horaires souples.
« Il y a certaines phases de fabrication pour lesquelles il ne faut pas s’interrompre, mais elles ne sont pas très longues, détaille Sœur Anne. Après ces phases de fabrication, on est surtout sur des phases de conditionnement et d’étiquetage des flacons et là, on peut arrêter le travail quand on veut, reprendre quand on veut. Cela correspond très bien à notre vie monastique dont la priorité est la vie de prière. »
« Nous sommes très régulièrement interrompues dans notre travail pour aller à l’office prier dans l’église. Pour nous, c’est vraiment le cœur de notre vie, notre priorité absolue. On chante tous nos offices en grégorien, dans notre église avec une très belle liturgie. »
Outre la souplesse des horaires, Sœur Anne explique également que la fabrication sur le domaine même de l’abbaye est aussi un facteur facilitant : « On n’a pas besoin de sortir, d’aller loin pour fabriquer ces produits, c’est très compatible avec notre vie monastique de prière. C’est aussi très adapté à une grosse partie de notre activité liée à l’accueil des hôtes, l’accueil des randonneurs qui marchent en montagne. »
Si, pour l’heure, les religieuses fabriquent leurs produits en collaboration avec une petite entreprise spécialisée de la région, elles espèrent devenir autonomes et installer ensuite leur laboratoire dans les anciennes caves viticoles de l’abbaye, pour un objectif de production de 2000 bouteilles par semaine.
Une campagne de crowdfunding a aussi été lancée afin de lever des fonds (100.000 euros) pour atteindre l’autonomie énergétique d’ici l’été 2025.
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