En à peine un mois, cet enseignant d’un collège d’Argenteuil (Val d’Oise) a subi par deux fois des menaces de mort et des tentatives d’intimidation de la part d’élèves. Il a porté plainte.
« Je ne suis pas devenu prof pour avoir une médaille du sacrifice », déplore François*, un jeune professeur, qui explique avoir choisi ce métier pour « la transmission et l’envie d’inculquer des valeurs », confie-t-il à Valeurs actuelles.
Les faits se sont d’abord produits le 25 septembre dernier, vers 12h40, alors que l’enseignant faisait entrer ses élèves en salle de cours. La classe donnant sur la cour de récréation, un petit groupe d’élèves se tient devant la salle, faisant des grimaces et du bruit. François leur demande d’arrêter mais ils continuent, et pire, l’un d’entre eux lui adresse alors un doigt d’honneur, suivi ensuite d’un geste de décapitation, un doigt glissant le long de sa gorge.
Si François ne s’arrête pas pour autant, poursuivant son cours, l’enseignant rédige ensuite un rapport remis à la direction du collège. Seulement, en étant reçu par la principale et le proviseur adjoint, il se rend vite compte que la hiérarchie ne suit pas: « Je trouve hallucinant que ma propre institution considère un signe d’égorgement comme un geste banal », explique-t-il.
Si un conseil de discipline est tout de même organisé, l’enseignant et la direction découvrent alors que les parents du collégien de 12 ans ont entretemps, déposé une main courante contre eux. En outre, l’enseignant n’a pas été convoqué à ce conseil de discipline: « En tant que victime, je n’ai pas pu me défendre, ni faire appel de cette décision ou me procurer le PV du conseil de discipline », déplore-t-il sur Valeurs Actuelles. L’élève en sera quitte pour « une semaine de mesure conservatoire ».
Une menace de plus le jour de l’attentat d’Arras
Moins de deux semaines après, le 13 octobre 2023, précisément le jour où Dominique Bernard sera assassiné en s’interposant devant un ancien élève islamiste, François sera à nouveau la cible d’un geste de décapitation. Alors qu’il sort afin de retrouver un élève qui criait dans les couloirs, en revenant devant sa salle de classe, il interpelle les élèves qui s’y trouvent et leur demande leur carnet de correspondance. Tous lui font savoir qu’ils ne l’ont pas. Revenant devant ses élèves qui l’attendent en classe, l’enseignant apprend « qu’un élève à cheveux frisés avait fait un geste de mort et ils m’ont mimé un doigt qui glisse le long de sa gorge « .
Bien que sa cheffe d’établissement l’assure de son soutien « inconditionnel », l’élève qui aurait fait ce geste menaçant n’a pas été identifié, mais le professeur porte plainte une fois de plus.
Selon Valeurs actuelles, les deux plaintes ont été enregistrées par la police sous les motifs suivants: « menace de mort ou d’atteinte aux biens dangereuses pour les personnes à l’encontre d’un chargé de mission de service public » et « outrage à une personne chargée d’une mission de service public »
Pour ce professeur, « l’école de la République ne doit plus composer avec la mauvaise éducation des enfants ou à l’idéologie de certains parents, tonne François. On a bien vu avec les émeutes, des enfants de 12 à 14 ans, capables de commettre des gestes qui pourtant ne sont pas de leur âge ».
François déplore également le manque de sanctions: « Un élève qui n’a aucune sanction se sent impuni. Ma vie a changé depuis ces événements. Je suis très prudent dans les transports. J’écris à ma compagne dès que je suis arrivé au collège. Je me suis fait menacer à trois semaines d’écart. Rien n’a bougé. Malheureusement. »
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