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Argentine: Alberto Fernandez, nouveau président d’un pays en crise

décembre 10, 2019 22:30, Last Updated: décembre 10, 2019 22:40
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Promettant « de remettre l’Argentine sur pied » après plus d’un an de récession, le péroniste de centre gauche Alberto Fernandez a été investi mardi à la tête d’un pays en crise, avec une inflation galopante et des taux de chômage et de pauvreté en hausse. 

Après avoir prêté serment devant le Parlement, il a reçu l’écharpe présidentielle des mains de son prédécesseur, le libéral Mauricio Macri, sous les vivats des élus de sa coalition et de ses partisans dans la rue.

Dans son premier discours de chef de l’Etat, Alberto Fernandez a appelé les Argentins à construire un « nouveau contrat social solidaire » et à « dépasser le mur de haine et de rancœur » qui divise le pays.

L’Argentine « a la volonté de payer » sa dette extérieure, mais n’a pas « les moyens de le faire », a-t-il prévenu, en appelant le Fonds monétaire international (FMI) à développer une relation « constructive »« Pour payer, il faut avant tout de la croissance », a-t-il ajouté.

« Nous partageons pleinement vos objectifs de suivre des politiques qui visent à réduire la pauvreté et en faveur d’une croissance durable. Le FMI reste déterminé à aider votre gouvernement dans cette entreprise », a réagi sur Twitter la patronne du FMI Kristalina Georgieva.

Une dette publique totale de 315 milliards de dollars

Selon le nouveau président, le précédent gouvernement « a laissé le pays dans une situation de défaut virtuel », avec une dette publique totale de 315 milliards de dollars, soit près de 100% du PIB.

Le FMI a accordé en 2018 un prêt sur trois ans de 57 milliards de dollars à l’Argentine, mais M. Fernandez a décidé de renoncer à la dernière tranche, d’un montant de 11 milliards de dollars, afin de relancer l’activité au moment où le FMI estime que celle-ci devrait se contracter de 3,1% cette année.

Un discours devant des milliers de partisans sur la célèbre place de Mai devait clore la journée, après une réception au palais présidentiel, la Casa rosada.

Alberto Fernandez, un avocat de 60 ans connu pour sa discrétion et sa modération, est l’ancien chef de cabinet des ex-présidents Nestor Kirchner (2003-2007) et Cristina Kirchner (2007-2015) durant sa première année de mandat.  L’homme à l’éternelle moustache grise avait fini par claquer la porte sur fond de désaccords avec sa patronne d’alors. Un épisode perçu comme une preuve d’indépendance pour ceux craignant qu’il ne soit qu’une marionnette.

« Fernandez a tenu bon face à Cristina Kirchner en 2008 (…) Elle n’a pas pu le contrôler, elle pourra encore moins à présent », à son poste de vice-présidente, estimait peu avant l’élection le politologue Raul Aragon.

M. Fernandez a bénéficié de la réunification de l’opposition péroniste pour empêcher la réélection de M. Macri. Il aura pour vice-présidente Mme Kirchner, 66 ans, qui, consciente des passions qu’elle provoque, a préféré céder la première place.

Adorée ou détestée, l’ancienne présidente est mise en examen dans plusieurs affaires en cours d’instruction pour blanchiment, enrichissement personnel, détournements de fonds ou pour avoir reçu des pots-de-vin. Son immunité ne pourra lui être retirée qu’au terme d’une procédure devant le Parlement.

Le principal défi: diriger un gouvernement de coalition « hétérogène »

Sans un parti politique derrière lui et après plusieurs années éloigné de la politique, le principal défi du nouveau président sera de diriger un gouvernement de coalition « hétérogène », selon l’analyste Enrique Zuleta.

Martin Guzman, 37 ans, a été choisi pour le poste stratégique les Finances. Collaborateur à l’université de Columbia de New York du prix Nobel d’Economie Joseph Stiglitz, M. Guzman a proposé un moratoire de deux ans sur le paiement des intérêts de la dette publique, via un accord avec les créanciers de l’Argentine et un rééchelonnement du remboursement du capital.

Les voyants de l’économie argentine sont au rouge

Le nouveau président prend ses fonctions alors que les voyants de l’économie argentine sont au rouge. Outre la chute du PIB, l’année devrait se terminer avec une inflation de 55% environ, un taux de pauvreté autour de 40%, le chômage à 10,4% et une dévaluation de la monnaie de près de 40%.

Malgré ce sombre panorama, M. Fernandez hérite d’un pays relativement apaisé, aura le Parlement de son côté et du temps devant lui avant la prochaine échéance de remboursement de la dette. « S’il joue à fond, il pourra faire une grande présidence », estime M. Zuleta.

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