Le péroniste de centre gauche Alberto Fernandez, vainqueur dimanche de la présidentielle en Argentine, pays englué dans la récession et régulièrement en proie à des turbulences financières, affrontait lundi la réaction des marchés, fébriles avant le vote.
Déjouant les pronostics, le peso s’est apprécié lundi de 3% face au dollar à l’ouverture des agences de change.
M. Fernandez l’a emporté dès le premier tour, devant le président sortant libéral Mauricio Macri, avec 48,1% des voix contre 40,3% à son adversaire, selon des résultats quasi-définitifs.
Pour gagner dès le premier tour, M. Fernandez devait obtenir plus de 45% des voix, ou bien plus de 40% des voix avec un avantage de plus de 10 points sur le candidat arrivé en deuxième position.
Au lendemain des élections primaires en août, considérées comme une répétition générale de la présidentielle et qui avaient vu triompher M. Fernandez, les marchés argentins avaient cédé à la panique, effrayés par la perspective du retour au pouvoir des péronistes. Le peso et la Bourse avaient plongé.
Dans la semaine précédant le vote officiel, le peso avait chuté de 5,86%, affaibli par les craintes d’un défaut de paiement du pays, qui a bénéficié d’un emprunt de 57 milliards de dollars du Fonds monétaire international.
Le FMI s’est dit d’ailleurs « impatient » lundi de travailler avec le nouveau gouvernement.
Signe de la nervosité ambiante, le gouvernement a durci lundi le contrôle des changes en vigueur depuis septembre pour freiner la chute des réserves monétaires du pays. Raison invoquée: depuis les primaires en août, les réserves ont chuté de 22 milliards de dollars, a expliqué le président de la Banque centrale argentine Guido Sandleris.
Selon le nouveau régime en vigueur jusqu’au 10 décembre, date de la prise de fonctions du nouveau gouvernement sorti des urnes, les particuliers ne pourront acheter que 200 dollars par mois à des fins d’épargne, contre 10.000 auparavant.
Habitués aux bouleversements économiques, nombre d’Argentins s’étaient massés vendredi devant les banques et les bureaux de change pour acheter des dollars ou retirer leurs dépôts.
M. Fernandez s’est efforcé de les rassurer. « Que les Argentins soient tranquilles, nous allons respecter vos dépôts », a-t-il déclaré, faisant allusion au spectre du « corralito », nom officieux des mesures prises en 2001 en Argentine pour mettre fin à une course à la liquidité et à la fuite des capitaux.
Argentina’s Peronist opposition candidate Alberto Fernandez wins presidential election ousting conservative president Mauricio Macri. More here: https://t.co/bWdG8c1Ef5 pic.twitter.com/FYWUv2mVvC
— Reuters (@Reuters) October 28, 2019
Depuis les primaires, les épargnants argentins ont retiré quelque 12 milliards de dollars de leurs comptes, soit environ 36,4% du total.
Après avoir voté, M. Fernandez avait promis de travailler à réduire la forte polarisation politique qui traverse le pays, entre péronistes et partisans de M. Macri qui briguait un deuxième mandat.
« ‘Nous’ et ‘eux’, c’est terminé », a assuré cet avocat de 60 ans, qui avait formé un ticket avec l’ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015), candidate à la vice-présidence.
Le président sortant, Mauricio Macri, 60 ans, dont la popularité a fortement chuté l’année dernière en raison de la grave crise économique, avait estimé dimanche que deux « visions concurrentes de l’avenir (étaient) en jeu ».
Après l’annonce de sa victoire, M. Fernandez, visiblement ému, a pris la parole devant plusieurs milliers de ses partisans. « Les temps qui viennent ne sont pas faciles », a-t-il déclaré. « L’unique chose qui nous préoccupe, c’est que les Argentins cessent de souffrir ».
Mme Kirchner, à ses côtés, a appelé le président Macri à prendre dans les derniers jours de son mandat « toutes les mesures nécessaires pour atténuer la situation dramatique » de l’Argentine.
Le Mexique, le Venezuela et la Bolivie ont rapidement adressé leurs félicitations à Alberto Fernandez. A l’inverse, pour le président brésilien Jair Bolsonaro, l’Argentine « a mal choisi » son nouveau président.
Le président sortant achève son mandat au milieu de la pire crise économique que l’Argentine ait vécue depuis 2001. En récession depuis plus d’un an, le pays connaît une inflation élevée (37,7% en septembre), une dette massive et un taux de pauvreté en hausse (35,4%, soit un Argentin sur trois).
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