Dans la nuit du mardi 3 juillet dernier, un berger a été poursuivi par un ours sur les hauteurs du village de Saint-Lary en Ariège. Le maire de la commune a décidé de porter plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui ». D’un côté, les associations pro-ours dénoncent une « hystérie collective ». De l’autre, l’élu assure que « la situation est catastrophique ».
Les faits se sont produits dans la nuit du 3 au 4 août, vers une heure du matin. Un ours a fait irruption au sein de l’élevage d’un berger. Ce dernier a pris les jambes à son cou et a trouvé refuge dans sa cabane. « Il a eu la peur de sa vie, il s’est cru mort », raconte sur Facebook la bergère, qui n’était pas présente cette nuit-là. « Il a passé le restant de la nuit assis au coin du feu, seul, triste et apeuré. »
Ce qui choque le plus la bergère, c’est que l’animal n’était pas une femelle avec ses petits ni un ours surpris en train de manger, mais il s’agissait d’un mâle adulte qui n’avait pas peur de l’homme, « venant attaquer les brebis à 20 mètres de la cabane, avec présence de feu à moins de 10 mètres de son passage, avec présence de trois chiens de ferme devant lui, avec présence humaine pendant 5 min à gueuler et à l’éclairer à moins de 40 mètres ».
Par la suite, c’est lorsque le berger, croyant l’animal parti, est remonté à une quinzaine de mètres de la cabane pour voir ses brebis que l’ours a chargé, pourchassant d’abord les ovins avant de courser l’homme.
Plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui »
Afin d’alerter sur ce genre de situations que vivent de plus en plus souvent les bergers, Gérard Dubuc, maire de la commune de Saint-Lary, a décidé de porter plainte auprès de la gendarmerie pour « mise en danger de la vie d’autrui », rapporte France 3.
« Les choses doivent changer », assure l’élu, en entrevue auprès de nos confrères d’Actu Occitanie. Il y a trop d’histoires similaires dans le département, et cette dernière est en quelque sorte la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est pourquoi une réunion de crise a été organisée pour réunir éleveurs et élus lundi 9 août au soir.
« L’objectif est de mettre de l’ordre dans nos idées. La situation est catastrophique, car toutes ces attaques génèrent une angoisse importante auprès de nombreux citoyens », explique le maire de Saint-Lary, espérant que la réunion « fera réagir les hautes sphères de l’État. »
« Hystérie collective »
Par ailleurs, des associations pro-ours, regroupées dans le collectif CAP-Ours, dénoncent une « hystérie collective » autour de cette histoire, selon l’AFP. « Cela s’est terminé sans contact ni blessure. Notons que si l’ours avait voulu blesser le berger, il en avait la capacité physique et il n’en a rien été », assure le collectif dans un communiqué, rappelant que les charges d’ours ont fait beaucoup moins de blessés – un seul recensé entre 1996 et 2021 – que les charges de bovins en estive entre 2010 et 2020, qui ont fait « au moins 23 randonneurs ou chasseurs blessés, pour la plupart grièvement, et un tué ».
« La quasi-totalité des estives en Ariège ne pratiquent pas le triptyque de protection complet requis (berger + chiens + parc de regroupement nocturne électrifié) », reproche le collectif CAP-Ours, affirmant que « la montagne vit et n’est pas réservée au lobby agricole. »
Les opposants à l’ours, de leur côté, réclament la possibilité de pouvoir abattre des ours agressifs dans des cas de légitime défense. Cette attaque est « la preuve par l’exemple que les bergers doivent pouvoir se défendre, tirer, dans une situation où la légitime défense peut s’imposer », estime Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture de l’Ariège.
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