La Russie et les puissances occidentales se préparent à un nouveau bras de fer cette semaine lors de la réunion annuelle de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), dont les enquêteurs s’apprêtent pour la première fois à désigner les responsables d’attaques chimiques en Syrie.
Le premier rapport de l’équipe d’enquêteurs chargée d’identifier les auteurs présumés de ces attaques en Syrie est attendu pour le début de l’année prochaine, une perspective déjà source de tensions au sein des Etats membres de l’organisation basée à La Haye.
Moscou menace de bloquer le budget 2020
Lors de cette réunion clé qui se déroulera de lundi à vendredi, Moscou menace notamment de bloquer le vote du budget 2020 de l’OIAC si celui-ci comprend un financement pour l’équipe d’enquêteurs.
Le blocage du budget pourrait poser de graves problèmes à l’organisation, même si les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni estiment avoir suffisamment d’appuis pour qu’il soit adopté à une large majorité.
L’année dernière, la Russie, l’Iran et la Chine avaient conjugué leurs efforts pour tenter de bloquer le budget, malgré tout approuvé par une majorité de 99 votes contre 27. Les diplomates occidentaux espèrent obtenir une majorité encore plus large cette année afin d’afficher un soutien international à l’OIAC.
Désigner l’auteur d’une attaque chimique
Malgré de fortes objections de la part de la Syrie et de ses alliés, une majorité des 193 Etats membres avaient voté en juin 2018 en faveur du renforcement des pouvoirs de l’OIAC, en l’autorisant à désigner l’auteur d’une attaque chimique et non plus seulement à documenter l’utilisation d’une telle arme.
La Russie avait alors comparé l’organisation – qui a remporté le prix Nobel de la Paix en 2013 – à un « Titanic en train de couler », l’accusant de devenir trop politisée.
« Tout le monde attend les résultats de l’Equipe d’identification et d’enquête », a déclaré auprès de l’AFP une diplomate sous couvert d’anonymat.
Selon plusieurs diplomates, le rapport des enquêteurs devrait être publié en février ou en mars.
Moscou a constamment mis en doute la véracité des attaques chimiques en Syrie et a insisté sur le fait qu’elles avaient été mises en scène, rejetant notamment le rapport de l’organisation selon lequel de la chlorine avait été utilisée dans la ville syrienne de Douma en avril 2018.
L’agent innervant Novitchok interdits par l’OIAC
Les grandes puissances pourraient toutefois s’entendre sur une question importante au cours de cette réunion: celle de l’ajout potentiel de l’agent innervant Novitchok à la liste des substances interdites de l’OIAC.
Le Novitchok, un agent neurotoxique de qualité militaire mis au point par l’Union soviétique pendant la Guerre froide, avait notamment été utilisé en mars 2018 lors de l’attaque à Salisbury (sud-ouest de l’Angleterre) contre l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia.
Londres avait accusé Moscou d’être à l’origine de cet empoisonnement. La Russie avait nié toute implication.
En janvier, le conseil exécutif de l’OIAC avait pris la décision d’ajouter deux familles de substances chimiques hautement toxiques, dont le Novitchok, à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. Cette décision doit maintenant être confirmée par les Etats membres.
La Russie souhaite quant à elle ajouter à la liste d’autres substances chimiques, que selon le Kremlin des pays occidentaux expérimentent.
D’après les diplomates, un compromis sur cette question épineuse semble désormais se profiler.
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