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Armes chimiques : l’ONU enquête, la Russie pose son veto

novembre 17, 2017 23:58, Last Updated: novembre 17, 2017 23:58
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Le Conseil de sécurité de l’ONU est appelé à voter vendredi sur une prolongation technique d’un mois du mandat des experts internationaux enquêtant sur les armes chimiques en Syrie, au lendemain d’un veto de la Russie à son extension pour un an.

Le scrutin est prévu à 23H15 GMT. Les 15 membres du Conseil de sécurité doivent se prononcer sur un projet de résolution du Japon prévoyant de donner 30 jours de prolongation au groupe d’enquête JIM dont le mandat s’achève cette semaine. Ce délai permettrait aux États-Unis et à la Russie de se mettre d’accord sur l’avenir du JIM qu’ils avaient créé en 2015.

Vendredi matin, lors de consultations à huis clos, l’ambassadeur russe adjoint Vladimir Safronkov a indiqué que Moscou « n’accepterait pas le projet de texte japonais », selon un diplomate présent à la réunion.

À Moscou, le responsable russe de la non-prolifération au ministère des Affaires étrangères, Mikhail Ulyanov, a jugé inutile un renouvellement technique d’un mois. « Nous pouvons discuter et si cela devient productif, alors, dans un temps pas trop lointain, le Conseil de sécurité pourra prendre une décision pour prolonger les activités du JIM », a-t-il dit, cité par l’agence de presse RIA Novosti. « Aucune raison actuellement de se précipiter », a-t-il insisté.

Le projet japonais demande au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de remettre dans les 20 jours « des propositions sur la structure et les procédures » du JIM.

La porte-parole du département d’État américain Heather Nauert a déclaré vendredi que les États-Unis seraient « très très déçus » en cas de nouveau blocage sur le texte japonais.

Jeudi, l’ONU avait connu un double échec dans ses tentatives de prolonger d’un an le mandat des enquêteurs. Moscou a d’abord mis son veto – le 10e concernant le dossier syrien – sur un projet de résolution des États-Unis, avant que son propre texte ne soit rejeté faute de majorité suffisante (9 voix) parmi les 15 membres du Conseil de sécurité.

La séance avait été marquée par de vifs échanges acrimonieux, notamment entre Moscou et les Occidentaux, jugés indignes par plusieurs membres non permanents du Conseil de sécurité.

L’ambassadrice américaine Nikki Haley a menacé la Syrie de nouveaux bombardements en cas d’utilisation d’armes chimiques et affirmé ne pas pouvoir faire confiance à la Russie pour trouver une solution politique à la guerre dans ce pays, alors que de nouvelles négociations de paix doivent se tenir à partir du 28 novembre à Genève.

En avril, le président américain Donald Trump avait ordonné de bombarder une base aérienne présumée avoir servi à des avions du régime de Bachar al-Assad pour attaquer le 4 avril au gaz sarin la localité syrienne de Khan Cheikhoun (plus de 80 morts), sous contrôle de rebelles et de jihadistes.

La Russie, proche soutien de Damas, affirme que l’attaque chimique est venue de l’explosion d’un obus au sol et non d’une bombe lancée par un avion.

Les enquêteurs du JIM, issus de l’ONU et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), ont conclu en octobre à la responsabilité du régime syrien dans cette attaque. Depuis, la Russie ne cesse de dénoncer les conditions d’enquête du JIM, considéré comme soumis aux États-Unis. Moscou a affirmé être prêt à prolonger son mandat sous condition de le réformer en profondeur et de geler ses conclusions sur l’attaque de Khan Cheikhoun.

Washington et ses alliés européens ont refusé et veulent que l’ONU prenne des sanctions contre les responsables d’attaques chimiques en Syrie.

Derrière la question de l’avenir du JIM, c’est l’ensemble du régime de non-prolifération établi par les Nations unies pour interdire dans le monde le recours aux armes chimiques qui est en jeu, ont mis en garde des diplomates.

Le JIM, créé en 2015 sur une initiative américano-russe, enquête sur des dizaines d’attaques chimiques présumées (sarin, chlore…). En deux ans, il a conclu que les forces syriennes, outre à Khan Cheikhoun, avaient été responsables d’attaques au chlore dans trois villages en 2014 et 2015 et que le groupe EI avait utilisé du gaz moutarde en 2015.

R.B avec AFP

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