Mardi dernier, le tribunal de police de Lille a convoqué 16 automobilistes auteurs d’infractions au code de la route. Une affaire somme toute banale, à cela près que les conducteurs incriminés avaient tous accusé la même jeune femme d’avoir conduit leur véhicule à leur place.
L’affaire remonte à l’année dernière : en moins d’un an, une jeune femme serbe née en Allemagne se voit attribuer 600 PV. Un nombre record qui interroge le Centre national de traitement des infractions routières (CNT).
L’organisme se rend compte qu’en un an, plus de 1000 contraventions ont été adressées à deux personnes : la jeune femme en question et un ressortissant camerounais résidant en Belgique, rapporte France Bleu.
En poussant ses investigations, le CNT s’aperçoit que les deux individus ont à chaque fois été dénoncés par le propriétaire du véhicule ayant été verbalisé, celui-ci affirmant qu’il n’était pas au volant.
Les enquêteurs découvriront finalement qu’un réseau bien organisé se cache derrière cette fraude. Les escrocs utilisaient les réseaux sociaux pour donner rendez-vous aux conducteurs pris en faute dans deux bars de l’agglomération lilloise, avant de prendre une photo du PV. Ils n’avaient plus ensuite qu’à dénoncer le conducteur fictif.
« Cette fraude marche sur les réseaux sociaux, notamment sur Snapchat. Des rendez-vous sont pris, on donne rendez-vous aux ‘clients’. Ça peut se passer dans un bar de Lille ou de Loos. La personne vient, on prend en photo son avis de contravention. On fait payer bien entendu, parce que ce n’est pas gratuit, et ensuite, le réseau de fraude s’occupe du reste », a expliqué le commandant Carré – officier du ministère public, suppléant au tribunal de police de Lille – aux journalistes de France Bleu.
« L’ampleur est vraiment considérable »
En contrepartie de leurs « services », les malfrats demandaient une rétribution pécunaire qui dépendait de la nature de l’infraction. Pour faire sauter un excès de vitesse ayant débouché sur une contravention de 45 euros et le retrait d’un point de permis, les automobilistes devaient par exemple débourser 110 euros.
Et l’officier de police de donner l’exemple d’un ambulancier verbalisé pour avoir téléphoné au volant : « Ce monsieur a trouvé très intelligent de désigner une personne habitant en Serbie. Je ne connais pas beaucoup d’ambulanciers qui prêtent leurs ambulances à des inconnus ! »
Convoqué à l’audience du 23 avril par le tribunal de police de Lille, un chauffeur de VTC ayant fait appel aux escrocs afin d’éviter de perdre des points sur son permis après avoir téléphoné au volant a pour sa part été condamné à 300 euros d’amende et à un mois de suspension de permis.
« On a déjà vu des personnes qui tentaient d’échapper au retrait de points en désignant leur grand-mère, mais c’était très ponctuel. Aujourd’hui, l’ampleur est totalement différente puisque nous sommes sur un réseau qui a fait peut-être plusieurs milliers de désignations frauduleuses. C’est national, concentré essentiellement sur la région Nord-Pas-de-Calais, mais pas seulement, il y a aussi des exemples à Annecy. L’ampleur est vraiment considérable », souligne le commandant Carré.
L’affaire ne devrait d’ailleurs pas en rester là, puisque le parquet de Lille va maintenant ouvrir une enquête pour faux et usage de faux.
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