Ce vendredi 13 octobre, un enseignant du collège-lycée Gambetta à Arras a été poignardé par un assaillant devant le lycée.
Presque trois ans, jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty, c’est un autre professeur qui a trouvé la mort sous les coups de couteau d’un tchétchène islamiste.
Dominique Bernard était âgé d’une cinquantaine d’années. Agrégé de lettres modernes, ce professeur de français a fait toute sa carrière dans le Nord. Après des études à Lille, il avait enseigné en classe préparatoire avant de revenir sur Arras, sa ville d’enfance, il y a une quinzaine d’années.
Dominique Bernard était père de trois filles maintenant étudiantes et marié à une professeure d’anglais, révèle Le Point.
?️ « Il parlait français avec, genre, des manières d’une autre époque un peu, un beau langage très soutenu. Et on en rigolait avec lui. C’était un nounours, il était trop gentil »
Témoignage d’une élève de Dominique Bernard, égorgé par un terroriste à #Arras. (Charlie Hebdo) pic.twitter.com/iRUyjy7Uv3
— Livre Noir (@Livrenoirmedia) October 13, 2023
« Quelqu’un de très brillant »
Ce passionné de littérature avait co-fondé en 2002, l’université populaire du Nord Pas-de-Calais à Arras, avec pour objectif de partager cet amour de la langue et des écrivains avec d’autres adultes qui n’auraient pas eu la chance de pouvoir étudier ces oeuvres.
Paule Orsini, professeure de philosophie à la retraite, avait co-fondé cette université avec Dominique Bernard. « C’est un cauchemar, je suis dans un mauvais film », se désole Mme Orsini sur France 3, qui rend hommage à son ami et ancien collègue. « Dominique était quelqu’un de très brillant, décrit-elle. Il était passionné par la littérature, par Julien Gracq, par la poésie de René Char… Il aimait la philosophie aussi. »
Cette année, ce professeur de français avait choisi d’enseigner à des classes de 5ème. L’un d’entre eux témoigne, décrivant le prof comme « un peu sévère mais sympa ».
Sur France 3, un ancien élève, Matéo Chevalier, aujourd’hui apprenti en hôtellerie-restauration, se rappelle d’un professeur « très sympa, calme, qui ne s’énervait pas facilement. » Et d’ajouter : « Moi qui n’aimais pas forcément le français, j’ai bien aimé apprendre avec lui. On voyait qu’il voulait nous aider. »
Ce vendredi 13 octobre, en s’interposant à l’entrée du lycée, Dominique Bernard « a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies », a déclaré Emmanuel Macron, président de la République, venu sur place.
« Il a montré son courage, aujourd’hui, sa ténacité, admire Paule Orsoni. Il faut rendre hommage à cette bravoure. »
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