Arrosage, carrosserie, chasse d’eau… la récupération d’eau de pluie gagne du terrain

Par Epoch Times avec AFP
10 décembre 2024 15:50 Mis à jour: 10 décembre 2024 18:13

Deux arrosoirs d’enfants rouge et vert traînent devant un bidon en plastique de 300 litres dans une cour d’école : à Chevreuse, comme dans toute la France, la récupération d’eau de pluie gagne du terrain dans une population marquée par les épisodes successifs de sécheresse hydrique.

En habituant les écoliers à prendre de l’eau aux récupérateurs plutôt qu’au robinet pour arroser leur potager, la maire Anne Héry-Le Pallec souhaite « sensibiliser » les quelque 6000 habitants de sa commune, frappée par des restrictions d’usage de l’eau des étés 2022 et 2023.

Elle a distribué ces dernières années, grâce à une subvention régionale, environ 150 récupérateurs d’eau de pluie aux habitants de la ville qui compte « 2800 logements, dont 1400 pavillons » et presque autant de pelouses, « que certains ne supportent pas de voir jaunir entre juillet et août ».

Preuve de cette frustration grandissante des jardiniers amateurs ou prise de conscience de la fragilité de la ressource hydrique, les ventes de récupérateurs d’eau de pluie ont grimpé en flèche ces dernières années. « Depuis 2019, on est sur une croissance de 26,3% sur cinq ans. Il y a des variations très fortes en fonction des années, parce que c’est un marché qui est très météo-dépendant », selon Chloé Grave, responsable de gamme pour les enseignes Gamm Vert et Jardiland.

Produit vedette de ce marché de 44 millions d’euros en 2023, soit « un peu moins de 5% du marché total du jardin », le récupérateur mural de 300 litres, branché sur la gouttière.

Si la pratique est millénaire, les sécheresses de 2003 et 2005 ont incité les autorités à légiférer et le Grenelle de l’environnement a débouché sur le premier texte encadrant la pratique, l’arrêté du 21 août 2008, qui « a un peu cassé un dogme », explique Thomas Contentin, président du syndicat des industriels français de l’eau de pluie (Ifep). Ce texte a « autorisé l’introduction dans les bâtiments d’une autre ressource que l’eau potable avec l’eau de pluie », dit M. Contentin.

Le lavage des sols ou l’eau des toilettes

Un arrêté en juillet est venu élargir les usages et autoriser également l’utilisation des eaux grises (évacuées des douches,  baignoires, lavabos, lave-linges) pour des usages extérieurs, comme l’arrosage, mais aussi des usages à l’intérieur, comme le lavage des sols ou l’eau des toilettes. En revanche, usages d’hygiène (bain, douche) et alimentaires demeurent proscrits. « C’est vraiment une eau non potable pour un usage non potable », confirme M. Contentin.

Si la consommation d’eau des particuliers baisse depuis une dizaine d’années, un Français utilise encore en moyenne 148 litres d’eau par jour, selon le centre d’information sur l’eau, émanation des professionnels.

La cuvette des toilettes, aujourd’hui la plupart du temps alimentée par de l’eau potable, représente 20% de cette consommation, selon cette source. Mais les usages évoluent, notamment dans les bâtiments publics, de plus en plus équipés d’installations de récupération.

« Excellente solution »

Chez les particuliers, les systèmes de récupération d’eau de pluie à usage interne comprennent généralement une cuve enterrée de 6000 à 8000 litres équipée d’un filtre et reliée à un système de pompage. Selon Thomas Contentin, « on estime qu’entre 15.000 et 20.000 maisons s’équipent par an, soit un peu moins de 10% de maisons neuves », une demande qui « augmente régulièrement ».

Outre les économies budgétaires potentielles et la préservation des cours d’eau, il souligne le rôle potentiel de la récupération dans la gestion de l’eau de pluie, « pour participer à éviter les inondations » et plaide pour une réglementation plus contraignante : « Qu’a minima toute construction neuve soit équipée d’emblée d’un réseau séparatif » pour pouvoir ultérieurement installer un système de récupération.

Mais « un problème qui est global »

« C’est une excellente solution » que de récupérer l’eau de pluie « dans le cadre d’arrosage » chez les particuliers comme les entreprises ou collectivités, estime Mélanie Dajoux, juriste et coordinatrice des projets eau et biodiversité pour France Nature Environnement Auvergne/Rhône-Alpes.

« Mais c’est une solution hyper locale sur un problème qui est global », ajoute-t-elle. Elle prône des solutions plus ambitieuses pour la gestion des eaux de pluie, comme laisser un espace de terre au pied des immeubles « au lieu de tout bitumer » et ainsi laisser l’eau s’écouler plus facilement dans les nappes phréatiques ou, a minima, limiter la sécheresse des sols.

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