CHINE

Ascension et chute de la Chine communiste: 2e partie

La Chine est confrontée à des problèmes graves et insolubles en 2023
mars 10, 2023 14:41, Last Updated: mars 11, 2023 19:15
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Le régime chinois a connu une ascension fulgurante depuis l’ouverture du pays en 1972 par Richard Nixon. Certaines de ces réussites chinoises – fortement subventionnées par les investissements étrangers au fil des années – ont été abordées dans la première partie de cette série en deux volets.

Le revirement complet de la politique zéro Covid de Xi Jinping a permis de révéler au monde le degré d’incompétence et de déni scientifique du Parti communiste chinois (PCC). Mais l’abandon de cette politique nous permet également de comprendre la vulnérabilité géopolitique du PCC, la propagande du Parti qui ne cesse de revendiquer « sa légitimité » en tant que leader national et international s’en trouvant particulièrement affaiblie. Les Chinois comme les étrangers sont tout à fait conscients que le nombre d’infections et de décès dus au Covid‑19, depuis l’abandon de la politique zéro Covid en décembre, a explosé en Chine.

Mais le PCC doit faire face à d’autres vents contraires, et dont il est lui‑même l’instigateur. Le pays cherche à relancer son économie qui a montré des signes de ralentissements certains en 2023 et veut calmer les inquiétudes des pays étrangers face à sa propre belligérance contre Taiwan ou à la frontière indochinoise, entre autres.

Les théories sont nombreuses sur le fait que « l’ascension de la Chine » pourrait toucher à sa fin. Le pays se préparerait ainsi à faire face à un long et lent déclin, que des problèmes insolubles rendent inévitable, dont la mauvaise gestion communiste et la corruption systémique ne sont pas les moindres.

La Chine continue‑t‑elle de prospérer, a‑t‑elle atteint son apogée ou bien a‑t‑elle déjà commencé son déclin ? Cette deuxième et dernière partie de notre série se penche sur la possibilité, voire la très forte probabilité, que la Chine soit déjà en déclin. La chute de la Chine communiste n’est qu’une spéculation, bien‑sûr, mais si on fait attention aux indices subtils, peut‑être pourra‑t‑on comprendre comment les choses risquent d’évoluer.

Le contexte

Comme nous l’avons vu dans la première partie, la Chine communiste est bien décidée à supplanter les États‑Unis en tant que superpuissance économique et militaire mondiale. Un des objectifs parallèles qu’elle poursuit est de promouvoir Xi Jinping en tant que leader mondial, et de tout faire pour remplacer la démocratie à l’américaine par un nouvel « ordre mondial chinois ». Elle souhaite l’avènement d’un monde multipolaire avec des solutions multilatérales aux problèmes  globaux. Cela l’incite à vouloir prendre le contrôle du commerce international, à tirer parti de son économie d’exportation et de sa position dominante dans la chaîne d’approvisionnement, à exploiter la diplomatie de la dette comme moyen de coercition géopolitique, et à démontrer sa capacité de leadership et de savoir‑faire, etc. Parmi les exemples de messages de propagande que Xi Jinping met en avant, on trouve ses affirmations répétées selon lesquelles il souhaite « sauver l’économie mondiale de la récession », et ce, grâce à une vague notion d’unité – avec des « caractéristiques chinoises » bien entendu – comme ne cessent de répéter les médias du pays.

Il est vrai que la Chine a connu quelques succès, comme nous l’avons vu dans la première partie, mais la fin du « miracle chinois » pourrait déjà être en vue, et pas uniquement en raison d’une mauvaise gestion de son économie, devenue trop visible aux yeux du monde, ou d’une politique zéro Covid désastreuse pour la population chinoise.

Statistiques économiques

Malgré l’éternel tableau idyllique que les médias chinois aiment à brosser de l’économie du pays, les signes de problèmes insolubles sont nombreux, des signes de déclin et d’affaiblissement économique. Et quand il s’agit d’en déterminer les causes sous‑jacentes, tous les chemins mènent au PCC. Les chiffres et les prévisions économiques publiés par la Chine étaient optimistes à l’approche du XXe Congrès national du PCC en octobre dernier. Mais la fin de l’année 2022 a été l’occasion d’un retour brutal à la réalité, avec une croissance du PIB sur cette année estimée à un peu moins de 3%, soit un chiffre bien inférieur à l’objectif officiel de 5,5% fixé par le PCC. De même, la croissance du PIB a fortement diminué par rapport à l’année 2021, ne parvenant même pas à dépasser les 8,1%.

Les effets à long terme de la politique zéro Covid de Xi Jinping ont eu un impact considérable sur l’économie chinoise, et les émeutes qui ont éclaté en opposition à cette politique fin 2022 n’ont rien arrangé. Depuis, les mauvaises nouvelles économiques surviennent les unes après les autres.

L’essor de l’économie chinoise semble avoir atteint son pic en 2021, la Banque mondiale ne prévoyant plus qu’une croissance du PIB de 4,3% pour 2023, selon le magazine Fortune.

Enterrement à Shanghai. (Kevin Frayer/Getty Images)

L’ensemble total du commerce de détail en 2022 a baissé de 1,8% par rapport à 2021.

Les ventes de logements résidentiels ont chuté de 24,3% en 2022, tandis que les ventes totales de biens immobiliers ont chuté de 26,8%.

Véritable bombe à retardement, la dette interne réelle de la Chine a dépassé les 7000 milliards de dollars en 2022, selon le site Zerohedge.

L’inflation annuelle des prix à la consommation en Chine s’est accélérée en décembre et devrait augmenter en 2023, comme le rapporte l’agence Reuters.

Le pessimisme gagne du terrain. L’Indice de confiance de l’emploi publié par la Banque populaire de Chine, et qui reflète l’attitude des Chinois à l’égard des perspectives d’emploi, est tombé à 33,1 au quatrième trimestre 2022, contre 35,4 au troisième trimestre, selon Bloomberg. En outre, « l’indice de confiance des entreprises chinoises est tombé à 48,1 en décembre, contre 51,8 en novembre », selon une enquête menée par la World Economics auprès des directeurs commerciaux de plus de 2300 entreprises, comme le rapporte encore Zerohedge. Le dernier mois de l’année affiche d’ailleurs le chiffre le plus bas que le pays ait connu depuis que les données ont commencé à être enregistrées en 2013.

Enfin, le Mercator Institute for China Studies (MERICS), qui publie ses projections économiques en agrégeant les prévisions de l’Eurasia Group, The Economist, Control Risks et China Project, estime que « le rebond ponctuel des dépenses de consommation [après la fin des perturbations liées au zéro Covid] ne résoudra pas les difficultés structurelles à long terme auxquelles l’économie chinoise est confrontée, notamment son secteur immobilier et son niveau d’endettement. » Et ces « problèmes structurels » sont tous le résultat d’une mauvaise gestion de l’économie chinoise sur le long terme.

Questions démographiques

La population chinoise est désormais officiellement en recul, le Bureau national des statistiques (BNS) indique que « 9,56 millions d’enfants sont nés en 2022, alors que le nombre de citoyens chinois décédés s’élève à 10,41 millions, soit une perte nette de 850.000 personnes ». Il s’agit de la première baisse depuis 1961, époque à laquelle la Grande famine de Mao Zedong sévissait. Le nombre de décès ne tient pas compte de l’augmentation conséquente des décès liés au Covid. Ceux‑ci ont réellement eu lieu mais n’ont jamais été officiellement recensés.

Le taux de fécondité de la Chine n’est plus que de 1,3, selon le dernier recensement effectué par le NBS en 2020, ce qui constitue un problème majeur. Seul un « taux de fécondité total » de 2,1 (c’est‑à‑dire 2,1 naissances par famille) permet le remplacement nécessaire d’une population stable, quel que soit le pays. En conséquence, le taux de natalité de la Chine a atteint un niveau historiquement bas en 2021, avec seulement 6,77 naissances pour 1000 habitants. À titre de comparaison, le taux de natalité aux États‑Unis était de 11,06 pour mille en 2021.

En outre, la Chine connaît une baisse du nombre de mariages. Comme le rapporte The Australian, « la Chine a enregistré son nombre de mariages le plus bas depuis près de 40 ans. Le nombre de premiers mariages enregistrés a chuté l’année dernière à 11,6 millions, soit environ 708.000 de moins qu’en 2021 ».

En raison de la baisse du taux de natalité et du nombre de mariages, la Chine est confrontée au grave problème de la dépendance des personnes âgées. Ce ratio calcule le nombre de personnes (les personnes âgées comme les enfants) qui ont besoin d’être prises en charge par ceux qui sont en âge de travailler. À mesure que la population vieillit, le coût des prestations sociales liées aux retraites ne cesse d’augmenter, ce qui accentue la charge fiscale pesant sur les travailleurs actifs.

Selon Statista, le taux de dépendance des personnes âgées en Chine n’a cessé d’augmenter au cours de la dernière décennie, atteignant 46,1 pour 100 travailleurs en 2021. Et selon une étude détaillée de la population mondiale publiée par The Lancet en 2020, le ratio de la Chine dépassera celui des États‑Unis, du Royaume‑Uni, de l’Allemagne et de l’Australie d’ici à 2050.

Cette simple statistique – le taux de dépendance des personnes âgées – marque la fin du mythe du PCC sur l’inévitable « ascension de la Chine ». L’un des principaux facteurs qui ont contribué à ce mythe chinois (outre les investissements étrangers colossaux) tient au dividende démographique d’une main‑d’œuvre chinoise bon marché, celle‑ci ayant permis d’alimenter une grande partie de la croissance au cours des trois dernières décennies. Le travail forcé des Ouïghours et d’autres minorités opprimées ne peut compenser les changements démographiques qui se profilent, compte tenu de la baisse de la natalité et du vieillissement de la population chinoise.

La politique de l’enfant unique menée par le PCC depuis des décennies était l’origine du problème et a fini par être abandonnée. Pékin tente également d’inciter les jeunes femmes chinoises à avoir plus d’enfants. Il s’agit là d’un revirement complet de sa politique précédente, de façon semblable à ce qui s’est passé lorsque face à l’échec de sa politique zéro Covid le PCC a décidé de tout abandonner !

Mouvement des feuilles blanche à Pékin contre les mesures zéro Covid extrêmes, le 27 novembre 2022. (Kevin Frayer/Getty Images)

Pressions étrangères

Les autres pays ont pris la mesure du degré de mercantilisme, des menaces et de la belligérance caractérisée de la Chine communiste, et certains commencent à s’opposer à cette volonté d’hégémonie chinoise totale que Xi Jinping aime tant promouvoir.

La façade du leadership chinois trahit d’importantes lézardes depuis l’abandon de la politique zéro Covid. C’en est fini de la diplomatie mercenaire des équipements de protections individuels et des vaccins. Il en va de même pour le prétendu succès chinois en matière de lutte contre le virus. Un récent rapport officiel a fini par reconnaître qu’il y aurait eu 60.000 morts dus au Covid depuis décembre, et selon un autre document, 80% des Chinois auraient été infectés. Ces informations ont été reprises partout dans les médias occidentaux.

Des mesures concrètes sont engagée de par le monde pour repousser l’agression économique et militaire chinoise, pour se dissocier des chaînes d’approvisionnement dominées par la Chine et pour se prémunir des problèmes importants qu’impliquent les multiples projets de l’Initiative Ceinture et Route.

La Chambre des représentants des États‑Unis a créé une nouvelle commission parlementaire dédiée à la concurrence stratégique entre les États‑Unis et le Parti communiste chinois. Celle‑ci « enquêtera et soumettra des recommandations politiques sur l’état des progrès touchant à l’économie, la technologie et la sécurité du Parti communiste chinois et sur sa concurrence avec les États‑Unis », comme l’a rapporté Fox News. Les premières mesures prises vont sanctionner les industries chinoises qui recourent au travail forcé, notamment les producteurs de panneaux solaires.

Afin d’uniformiser les règles économiques, les républicains du Sénat et de la Chambre des représentants ont présenté un projet de loi qui mettrait fin au statut permanent de « nation plus favorisée » (NPF) de la Chine. Depuis qu’il a été accordé pour la première fois en 2001, ce statut a procuré de grands avantages économiques à la Chine en lui permettant d’appliquer les droits de douane les plus bas, les barrières commerciales les moins nombreuses et les quotas d’importation les plus élevés par rapport à d’autres pays ne bénéficiant pas de ce statut. Une fois la loi adoptée, les États‑Unis auront rejoint au moins « 32 pays, dont l’Union européenne, le Royaume‑Uni, le Canada, la Turquie, l’Ukraine et le Liechtenstein, [qui ont cessé] d’appliquer le statut NPF à la Chine » depuis 2020, comme le rapporte Vision Times.

Selon Zerohedge, les Pays‑Bas, le Japon et les États‑Unis se sont mis d’accord sur des lignes directrices communes pour empêcher qu’un certain type d’équipement de fabrication de puces soit exporté vers la Chine, et ce, afin de limiter l’accès des Chinois aux technologies de pointe dans le domaine des semi‑conducteurs. Ces directives s’ajoutent aux contrôles unilatéraux à l’exportation que les États‑Unis ont récemment mis en place et qui interdisent aux entreprises chinoises d’acheter des puces et des équipements permettant de fabriquer des puces s’ils ne disposent pas d’une licence.

Usine de Jiejie Semiconductor Company à Nantong, le 17 mars 2021. (STR/AFP via Getty Images)

Des défaillances de construction ayant été constatées dans plusieurs projets de chantier financés dans le cadre de l’Intiative Ceinture et Route de Xi Jinping, de nombreux pays commencent à reconsidérer leur collaboration avec les le Parti communiste chinois. Le Wall Street Journal rapporte que certains des mégaprojets d’infrastructure de la Chine sont en train de « s’effondrer ».

Des milliers de fissures ont été constatées dans la centrale hydroélectrique Coca Codo Sinclair, un projet d’une valeur de 2,7 milliards de dollars, et sont la conséquence, selon l’ancien ministre de l’énergie de l’Équateur, de la « mauvaise qualité des équipements et des pièces ».

Le projet hydroélectrique Neelum‑Jhelum, construit par la Chine à Nosari, au Pakistan, a dû être fermé après que des fissures ont été repérées dans un tunnel censé acheminer de l’eau vers une turbine à travers une montagne.

Une société ougandaise de production d’électricité a relevé plus de 500 défauts de construction dans une centrale hydroélectrique de 183 mégawatts construite par la Chine sur le Nil.

Selon les autorités ougandaises, l’achèvement du projet hydroélectrique de Karuma, d’une capacité de 600 mégawatts, a déjà pris trois ans de retard en raison de multiples défauts de construction, notamment des fissures dans les murs.

Reuters a également rapporté que l’Ouganda a mis fin à son contrat avec l’entreprise chinoise China Harbour and Engineering Company Ltd. (CHEC) qui était censé construire un chemin de fer d’une valeur de 2,2 milliards de dollars jusqu’à la frontière kényane, toujours dans le cadre de l’ICR.

Une grande partie des 1000 milliards de dollars investis par la Chine dans ces projets d’infrastructure semblent partir en fumée. Les malfaçons se multipliant, de moins en moins de pays se sentent prêts à accepter l’argent chinois et les risques que cet argent implique.

Enfin, de nouvelles alliances voient le jour. Celles‑ci ont été favorisées par les manœuvres d’intimidation de l’armée chinoise contre Taïwan, les Philippines, le Japon et l’Inde. Le monde s’éveille à cette menace multidimensionnelle que représente le PCC.

Conclusion

Le PCC doit faire face à des vents contraires importants, et la plupart d’entre eux sont de son propre fait. Supplanter les États‑Unis en tant que première puissance mondiale comme le souhaite Xi Jinping n’est pas chose facile. Le caractère prétendument inévitable de l’essor de la Chine – un mythe propagé pendant des décennies par les communistes – ressemble de plus en plus à une fiction, et les observations ci‑dessus montrent davantage une situation économique et démographique chinoise tendue.

Or, le PCC est tout sauf flexible (à moins d’être confronté à des menaces mettant en cause la survie de son pouvoir politique). La résolution de ces problèmes qu’il s’est lui‑même créés nécessiterait une souplesse que la plupart des communistes n’ont pas. Après tout, le concept de « gestion communiste efficace » est un oxymore, comme l’histoire l’a montré. Compte tenu de ces éléments, le futur nous promet un déclin inéluctable du PCC.

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