Près de trois ans après l’assassinat terroriste du professeur Samuel Paty, la cour d’appel de Paris a entériné mercredi le renvoi devant les assises de huit majeurs et devant le tribunal pour enfants de six adolescents.
Saisie d’appels de plusieurs mis en cause mais aussi du Parquet national antiterroriste (Pnat), pour raisons procédurales, la chambre de l’instruction a suivi les réquisitions du parquet général et confirmé mercredi, en toutes ses dispositions, l’ordonnance rendue le 16 mai par les magistrats antiterroristes. Huit majeurs seront jugés par la cour d’assises spécialement composée, selon une source judiciaire.
Au premier rang : les deux amis de l’assaillant Abdoullakh Anzorov – qui a été abattu par la police –, Azim Epsirkhanov et Naïm Boudaoud, soupçonnés d’avoir eu une connaissance précise du projet terroriste d’Anzorov, et qui comparaîtront pour complicité d’assassinat terroriste, l’infraction la plus lourde. Ces deux habitants d’Évreux (Eure) l’avaient accompagné pour acheter des armes, et Naïm Boudaoud l’avait également véhiculé jusqu’au collège de Conflans-Sainte-Honorine le jour des faits.
Brahim Chnina, père de la collégienne à l’origine de la polémique sur des cours dispensés par Samuel Paty et sa présentation de caricatures de Mahomet, et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, auteurs de vidéos sur les réseaux sociaux qui avaient attiré l’attention autour du professeur, seront jugés pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. « Nous attendons le procès avec sérénité et détermination pour démontrer la parfaite innocence de notre client », a déclaré à l’AFP Ouadie El Hamamouchi, l’un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui avec Me Elise Arfi, Sefen Guez Guez et Hakim Chergui.
« Enfin connaître la vérité »
Pour Me Arfi, « il est temps que cette affaire soit jugée et mise sur la place publique pour que la presse et les Français puissent enfin connaître la vérité ». Au cours de l’instruction, les conseils d’Abdelhakim Sefrioui avaient constamment contesté la qualification retenue contre leur client. Ils avaient demandé un non-lieu lors de l’audience à la chambre de l’instruction, le 29 juin.
Quatre autres adultes seront également jugés pour association de malfaiteurs terroriste criminelle : Priscilla Mangel, une femme convertie à l’islam en lien sur Twitter avec l’assassin les jours précédant l’attaque, et trois autres hommes mis en cause à des degrés divers.
Cinq adolescents, âgés de 14 et 15 ans lors des faits et accusés notamment d’avoir procédé à des surveillances près du collège et désigné Samuel Paty à l’assaillant, seront jugés devant le tribunal pour enfants, probablement d’ici fin 2023, pour association de malfaiteurs en vue de préparer des violences aggravées.
Une sixième, la fille de Brahim Chnina, sera jugée devant le même tribunal mais pour dénonciation calomnieuse, après avoir reconnu un mensonge quant à la teneur d’un cours de Samuel Paty auquel elle n’avait pas assisté. À ce jour, six des huit adultes impliqués dans le dossier sont encore en détention provisoire.
Le 16 octobre 2020, l’enseignant en histoire-géographie de 47 ans avait été poignardé puis décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par Abdoullakh Anzorov, un réfugié russe d’origine tchétchène.
Cet islamiste radicalisé avait été abattu dans la foulée par la police. L’homme de 18 ans reprochait au professeur d’avoir montré en classe, lors d’un cours sur la liberté d’expression, des caricatures de Mahomet. Dans un message audio en russe, il avait revendiqué son geste en se félicitant d’avoir « vengé le Prophète ».
Les magistrats antiterroristes avaient estimé dans leur ordonnance de mai que son « mobile » était « la vengeance d’une offense qu’il estimait avoir été faite à son Prophète, qui méritait une condamnation à mort du professeur, souhaitée par son dieu et sa religion ». « La famille est satisfaite et soulagée. Les audiences vont pouvoir être fixées, elle attend beaucoup des débats qui auront lieu », a réagi mercredi auprès de l’AFP Me Virginie Le Roy, qui défend une partie de la famille de Samuel Paty.
Cet attentat s’inscrivait dans un contexte de menaces terroristes très élevées en France, au moment du procès des attentats de janvier 2015 commis notamment au sein des locaux du journal Charlie Hebdo. Une partie de la famille a déposé une plainte visant les ministères de l’Intérieur et de l’Éducation nationale, accusés de n’avoir pas pris suffisamment en compte le péril. Un juge d’instruction est saisi de l’enquête.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.