Les assassins de l’ancienne Chine (2ème partie)

13 octobre 2016 07:30 Mis à jour: 30 octobre 2016 13:53

La tragédie a toujours poursuivi les anciens assassins chinois – même dans l’éventualité d’un succès, ces guerriers sans peur ne s’attendaient pas à moins que la mort en menant leur mission.

Certains des assassins chinois les plus célèbres n’ont en fait pas été couronnés de succès. Leur courage et leur sens du sacrifice leur ont néanmoins offert une place dans les annales de l’histoire chinoise.

Dans la seconde partie des assassins de la dynastie des Zhou orientaux (770 – 221 av. J.C.), nous apprendrons l’histoire d’un guerrier cherchant à venger la mort de son seigneur assassiné, et la tragédie d’un boucher devenu tueur à gages, et de sa sœur loyale.

La loyauté de Yu Rang touche ses adversaires

Yu Rang était un ministre de Earl Zhi Yao, qui était à la tête de l’une des quatre familles combattant pour le pouvoir dans le mourant État de Jin, en Chine centrale. Son histoire est la troisième sur cinq rapportées dans les « Chroniques d’Assassins » de Sima Qian, compilées sous la dynastie des Han (206 av. J.-C. à 220 ap. J.-C.) comme partie de sa grande œuvre historique.

Bien que le clan de Zhi Yao était le plus puissant, il évalua mal sa stratégie et fut défait par le pouvoir combiné des trois autres familles. Leur haine était telle que Wuxu du clan de Zhao transforma le crâne de Zhi Yao en un gobelet à vin après l’avoir tué. D’autres disent qu’il s’en servait comme pot de chambre.

Cela ne convenait pas vraiment au ministre du seigneur vaincu, Yu Rang. De tous ceux qu’il avait servi, seul le défunt Zhi Yao avait vraiment su le comprendre et apprécier ses compétences. Pour Yu Rang, la mort et l’humiliation de Zhi devaient être vengées à tout prix.

Leur haine était telle que Wuxu du clan de Zhao transforma le crâne de Zhi Yao en un gobelet à vin après l’avoir tué.

Espérant se rapprocher de sa cible, Yu Rang changea de nom et prit un travail de servant dans le lieu d’aisance de son ennemi. Il prévoyait de coucher à l’intérieur en attendant que Zhao vienne utiliser les commodités, mais les mesures de sécurité ont empêché sa première tentative.

Tenant Yu Rang à la pointe de son épée, Zhao Wuxu lui demanda pourquoi voulait-il le tuer.

« Je dois venger mon seigneur Zhi Yao », fut sa réponse.

Zhi Yao n’avait pas laissé de descendants, et le devoir de Yu Rang envers son maître aurait donc du s’achever là. En voyant que la dévotion de cet ancien ministre n’avait pas diminué, Zhao Wuxu fut ému et laissa Yu Rang partir librement.

Après ce premier échec, Yu Rang redoubla d’efforts. Zhao Wuxu l’ayant déjà reconnu, il avait besoin d’un nouveau déguisement. Pour commencer, il se défigura le visage, mais ce n’était pas suffisant. Sa femme pouvant facilement le reconnaître par sa voix, Yu Rang avala donc un bloc de charbon ardent pour mutiler ses cordes vocales et altérer son timbre.

Son déguisement complet, Yu Rang prépara l’embuscade de Zhao Wuxu en se cachant sous un pont. Cette tentative échoua par malheur elle aussi – les chevaux de Zhao sentirent le danger et ne refusèrent d’avancer. Zhao Wuxu ordonna promptement une fouille de la zone. Les hommes de Zhao arrêtèrent Yu Rang.

« Tu as par le passé servi les familles Fan et Zhonghang », dit Zhao Wuxu à son captif. « Ils ont été éliminés par Zhi Yao, mais tu n’as pas levé un doigt pour les venger. Quelle est la raison de ta loyauté envers Zhi Yao ? »

Yu Rang avait en effet servi ces deux familles. « Ils me considéraient comme peu fiable », répondit Yao, « et je ne pouvais que les traiter de la même façon. Mais Zhi Yao me traitait comme un véritable homme d’État, et en véritable homme d’État, je dois l’honorer en retour. »

Ces mots amenèrent les larmes aux yeux de Zhao Wuxu.

Mais il ne relâcha pas Yu Rang une seconde fois. Au lieu de cela, il enleva son vêtement et le tendit à son  assassin, laissant Yu trancher le tissu à la place de sa chair. De cette façon, Yu accompli sa mission par le geste, si ce n’est par l’action.

Encerclé par les soldats de Zhao, Yu Rang s’ôta lui-même la vie.

De nos jours, lorsqu’on se réfère à l’histoire de Yu, les gens citent souvent la phrase de l’assassin :

« Comme une femme se pare pour son bien-aimé, un homme donne sa vie pour celui qui comprend son esprit. »

Nie Zheng le boucher

Dans les chroniques de Sima Qian vient ensuite Nie Zheng, qui vécut dans l’État de Lu, un territoire ayant émergé après la chute de l’État de Jin.

L’histoire Nie Heng aurait été oubliée si tout s’était passé selon ses plans. Recherché pour meurtre, il dut aller se cacher avec sa mère et sa sœur aînée. Il vécut pendant quelques temps comme un boucher ordinaire.

Son bon ami et fonctionnaire Yan Zhongzi eut pourtant besoin des services de Nie. Il avait dénoncé son conseiller Xia Lei au seigneur des Han, pour son comportement déloyal, et craignait des représailles. Il fallait tuer ou être tué.

Sachant que Nie Zheng était un combattant capable et enthousiaste, Yan fit des efforts déraisonnables pour le recruter, lui offrant toutes sortes de richesses.

Mais même en étant son bon ami, et malgré combien d’argent Yan lui offrait pour tuer Xia Les, Nie Zheng ne pouvait pas accepter. Il devait prendre soin de sa vieille mère jusqu’à ses derniers jours.

Le temps passa, et la mère de Nie Zheng mourut finalement. Il se présenta lui-même devant Yan Zhongzi, exprimant sa gratitude pour le respect avec lequel il les avait traité lui et sa famille au cours de leurs rencontres précédentes. Maintenant que son devoir filial envers ses parents avait été accompli, Nie Zheng pouvait servir Yan sans arrière-pensée.

L’approche de Nie Zheng pour sa mission ne pouvait être plus simple. Couteau en main, il fit simplement irruption dans la résidence de Xia Lei, découpant l’homme d’État et tous ceux l’entourant. Mission accomplie. Nie Zheng se suicida alors, prenant soin de mutiler gravement son visage avant de s’ouvrir le ventre. Quelques habiles coups de lame avaient suffi à Nie Zheng pour détruire son identité.

Couteau en main, il fit simplement irruption dans la résidence de Xia Lei, découpant l’homme d’État et tous ceux l’entourant.

Les autorités furent choquées et demandèrent immédiatement à connaître l’identité de ce tueur spontané. Son corps fut suspendu sur la place du marché : quiconque pouvant le reconnaître serait récompensé par une grande quantité d’or.

Arriva alors la sœur aînée de Nie Zheng, Nie Rong. Apprenant la nouvelle de l’assassinat, elle sut immédiatement que son frère en avait été le responsable. Elle savait également qu’il avait abandonné ses propres aspirations pour la protéger.

Bien qu’en surface Nie Zheng ait accepté la requête de Yan Zhongzi par loyauté envers son ami, il voulait en fait véritablement devenir un héro. Pour protéger sa sœur, il a cependant opté à ne pas laisser son nom dans l’histoire.

Mais Nie Rong pensait autrement. Elle arriva en pleurs au marché et déclara fièrement que le corps était celui de son petit frère. Elle révéla ensuite l’histoire toute entière de Nie Zheng, de son refus initial d’exécuter ce travail par piété filiale, à sa décision finale prise par loyauté envers Yan Zhongzi.

Dépassée par le choc et le chagrin, Nie Rong laissa s’échapper trois cris résonnants, avant de tomber sans vie sur le sol ou reposait son frère.

L’intégrité avec laquelle les membres de la famille Nie se sont traités les uns les autres devint célébre parmi les territoires fracturés de la dynastie des Zhou orientaux, les inscrivant finalement dans les récits d’histoire.

Version anglaise : Desperate Measures in Ancient China: Assassins of the Eastern Zhou Dynasty (Part 2)

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