Le 26 septembre dernier, les gazoducs Nord Stream 1 et 2 ont été sabotés. Qui est le coupable ? De nombreuses personnes, dont le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck, ont rapidement accusé la Russie. D’autres ont pointé les États‑Unis.
Alors qu’on joue au détective d’un côté, on prie de l’autre pour un hiver clément. Quoiqu’il en soit, cet attentat doit être considéré comme un tournant. Comme l’a récemment averti le macroéconomiste Philip Pilkington, « le sabotage [des gazoducs] Nord Stream pourrait être le point de repère à partir duquel les futurs historiens situeront la fin de la domination occidentale ».
Et rien n’est malheureusement plus juste. L’année dernière, Nord Stream 1, reliant la ville de Vyborg en Russie à la ville allemande de Greifswald, a fourni près de 40% de l’énergie importée vers les pays européens. La crise énergétique n’affaiblira peut‑être pas la détermination de l’Europe en matière de climat, mais elle affaiblira certainement sa détermination en matière d’économie.
L’Allemagne est la première puissance économique d’Europe et la quatrième puissance économique mondiale. Jusqu’à très récemment, elle était « cramponnée » au gaz russe. Il lui faut désormais trouver un nouveau fournisseur, et rapidement. Cette recherche prendra du temps, la seule chose dont l’Allemagne ne dispose pas. L’hiver est à nos portes. Si l’Allemagne s’effondre, alors l’économie de l’Europe tout entière s’effondrera.
Et si l’Europe s’écroule, alors l’économie des États‑Unis accusera immanquablement le coup. Les relations solides entre les États‑Unis et l’Europe ne reposent pas uniquement sur une sympathie mutuelle. Elles ont été forgées par des accords commerciaux, des investissements colossaux et des marchés financiers. L’Europe et les États‑Unis partagent une des relations économiques les plus poussées au monde, si ce n’est la plus poussée. Si la pièce de domino allemande tombe, ce qui semble de plus en plus probable, de nombreuses autres pièces s’effondreront soudainement et tragiquement.
Bien sûr, si l’Europe et les États‑Unis chutent, le monde entier en pâtira, n’est‑ce‑pas ?
Peut‑être, peut‑être pas.
Comme le rappelle Philip Pilkington, « un bloc économique rival », les BRICS, pourrait se trouver confortablement à l’abri du chaos. Le terme BRICS est un acronyme composé des premières lettres (en anglais) de cinq pays en voie de développement : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Ces pays pourraient bientôt être rejoints par quatre autres pays, l’Arabie saoudite, l’Iran, la Turquie et l’Égypte, eux‑mêmes formant un autre acronyme en anglais, SITE. Ce bloc économique mondial est donc en passe d’être renommé SITE BRICS. Étant en plein essor, il tend à s’agrandir encore davantage car d’autres pays en voie de développement ont tout intérêt à le rejoindre.
Philip Pilkington a noté que, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février, les BRICS ont multiplié les accords commerciaux et renforcé leurs liens financiers. « Il apparaît que l’objectif de ces économies est de se découpler autant que possible de l’Occident. Si elles y parviennent – et apparemment, ce sera le cas – elles pourront éviter la dépression », a écrit l’économiste.
Nous assistons donc à un réaménagement complet de l’ordre mondial, à un changement spectaculaire des affiliations politiques et des idéologies. Les BRICS sont des pays avec un poids économique et militaire phénoménal. De ses cinq pays, la Chine est le plus puissant et l’Afrique, autrefois tournée vers les États‑Unis, compte désormais sur la Chine. Quant à L’UE, plus ou moins soudée et imposante autrefois, elle est aujourd’hui sens dessus dessous.
Dans le même temps, la Chine tente le rapprochement avec l’Indonésie (un autre pays apparemment affilié aux BRICS) et les Émirats arabes unis (une des économies à la croissance la plus rapide au monde). Il est intéressant de signaler que, selon les chercheurs de Harvard, l’Indonésie devrait avoir une des économies les plus robustes d’ici la fin de la décennie. Un autre point notable concerne l’Arabie saoudite, membre des BRICS et proche alliée de la Chine. Le géant du Moyen‑Orient peut aujourd’hui se flatter d’être la grande puissance économique à la croissance la plus rapide au monde, une croissance fortement stimulée par des niveaux historiques de commerce avec la Chine, chef non élu des BRICS.
Bien sûr, la Chine n’est pas sans avoir ses propres faiblesses. Cependant, il est important de considérer que bon nombre des handicaps chinois – une population vieillissant rapidement, un taux de mariage en déclin, de jeunes adultes insatisfaits et sans emploi – sont également ceux des autres superpuissances, notamment les États‑Unis.
Il est également important de rappeler que la Chine s’emploie à mettre en place un nouveau système de paiement pour saboter la domination du dollar. Le système de paiement interbancaire transfrontalier (CIPS) du PCC, qui offre des services de compensation et de règlement en yuans, couvre désormais 106 régions et pays et plus de 1300 banques y participent.
La Chine communiste ambitionne de remplacer les États‑Unis en tant que première superpuissance mondiale. À l’heure actuelle, seul un sot parierait sur l’échec des despotes chinois. Sur la question du PCC, il est toujours bon de garder cet adage à l’esprit : « Demain appartient à ceux qui s’y préparent aujourd’hui. » Avec Xi Jinping, dictateur à vie, au pouvoir, le régime peut planifier en conséquence. Le PCC est dans une position vraiment exceptionnelle. Ses membres peuvent s’asseoir et élaborer des projets sur des années, voire des décennies. L’aspiration du PCC à « siniser » le monde se concrétise rapidement. La Chine, premier partenaire mondial du commerce, établit ses propres règles, et des dizaines de pays sont prêts à les respecter. D’autre part, la perception qu’ont les pays des États‑Unis est en chute libre, le pays a perdu de son attrait sur la scène mondiale.
À première vue, le monde évolue vers la multipolarité, vers un pouvoir réparti de manière plus ou moins équitable entre plusieurs pays. En réalité, nous entrons peut‑être dans une période de profonde unipolarité, avec la Chine aux commandes.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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