Assurance chômage : diminution de la durée d’indemnité, qui tombe à 15 mois

Par Epoch Times
27 mai 2024 10:02 Mis à jour: 27 mai 2024 10:02

Le nouveau tour de vis du gouvernement sur l’assurance chômage est rejeté par une galaxie d’opposants, syndicats, gauche et RN dénonçant tant la forme que les objectifs de la réforme présentée par Gabriel Attal, qui affiche une posture de responsabilité.

Durée d’indemnisation réduite à 15 mois, nécessité d’avoir travaillé huit mois sur les derniers 20 mois pour être indemnisé, contre six aujourd’hui, « bonus emploi senior » : les modalités du durcissement des règles pour bénéficier de l’assurance chômage dévoilées par le Premier ministre dans une interview à La Tribune Dimanche ont gonflé le courroux des syndicats.

« C’est une réforme populiste », a cinglé dimanche le secrétaire général des cadres de la CFE-CGC François Hommeril sur RMC, accusant le gouvernement de mentir pour « faire les poches » des salariés en stigmatisant les chômeurs.

« C’est le pire durcissement des conditions d’indemnisation qui soit mis en oeuvre depuis toujours. Quand les partenaires sociaux avaient la main, il fallait avoir travaillé quatre mois dans les 28 mois, et là on passe à huit mois dans les 20 », relève Michel Beaugas de FO auprès de l’AFP.

« Ça va faire baisser de plus de 15% les demandeurs d’emploi qui entreront dans l’indemnisation chômage, c’est-à-dire qu’on va laisser dans la précarité et la pauvreté des demandeurs d’emploi précaires déjà », a-t-il ajouté. FO promet d’attaquer les futures règles devant le Conseil d’État.

Expert associé à l’Institut Montaigne, un think tank libéral, l’économiste Bertrand Martinot y voit aussi « un durcissement assez considérable », sur franceinfo.

Une réforme « difficile »

« C’est une réforme qui est difficile, j’assume », a déclaré Gabriel Attal en marge d’un déplacement à Etréchy (Essonne) dimanche, dans le cadre de la campagne des élections européennes.

« Ne pas attendre les élections pour annoncer des choses, c’est être clair et transparent. (…) Je vois bien qu’en face il y a un axe, d’un côté Jean-Luc Mélenchon, de l’autre Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui ne veulent rien toucher, rien bouger », a poursuivi le chef du gouvernement.

Dans La Tribune Dimanche, M. Attal avance que cette troisième réforme de l’assurance chômage depuis 2017 est la condition sine qua non « pour aller vers le plein emploi ».

Matignon a par ailleurs confirmé que le nouveau seuil fixé à un taux de chômage de 6,5% provoquerait une diminution de la durée d’indemnisation à 12 mois pour les moins de 57 ans et 18 mois pour les plus de 57 ans.

Une recherche d’économie

« Ce n’est pas une politique d’incitation au retour à l’emploi, c’est une politique budgétaire », a réagi auprès à l’AFP Olivier Guivarch, négociateur sur l’assurance chômage de la CFDT. Comme les autres syndicats, la CFDT fustige l’objectif d’économies de 3,6 milliards d’euros envisagées grâce à cette réforme, la première centrale syndicale les jugeant même probablement sous-évaluées.

« C’est une pure réforme paramétrique » dont « la seule cohérence est budgétaire », abonde Bruno Coquet, économiste et chercheur à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), interrogé par l’AFP. « Hormis les punchlines habituelles, il n’y a pas de diagnostic global » sur l’emploi en France, regrette le chercheur.

En pleine campagne des européennes, gauche et RN ont embrayé sur les critiques syndicales.

M. Attal « veut venir piquer de l’argent sur les cotisations pour venir abonder les problèmes de déficit de l’État », a fustigé Manuel Bompard, coordinateur national de LFI, sur Cnews/Europe 1/Les Échos.

« On nous explique aujourd’hui que c’est une mesure incitative pour relancer l’emploi, alors que la même mesure était présentée comme une nouvelle source d’économies absolument miraculeuse, il y a quelques semaines, c’est nous prendre pour des abrutis », a pointé la tête de liste PS-Place publique Raphaël Glucksmann sur LCI.

Les fraudes aux allocations ignorées

Pour Jean-Philippe Tanguy, député RN sur RTL/M6/Le Figaro, « Monsieur Attal veut faire une fois plus de la tambouille électorale sur le dos des plus précaires. (…) Ce gouvernement continue à ne pas vouloir s’attaquer aux fraudeurs et veut punir tout le monde ».

« C’est une réforme que la réalité appelle », a promu à l’inverse le chef de file du MoDem, François Bayrou, dans l’émission « Questions politiques » de France Inter/franceinfo/Le Monde.

Pour ce pilier de la majorité présidentielle, des chefs d’entreprise « ne trouvent pas des gens pour travailler » et « quand ils les forment, ils partent le plus vite possible au bout de six mois puisqu’au bout de six mois les droits sont rechargés ».

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