« Effroi », « déflagration », « épouvantable »: les enseignants contactés par l’AFP se sont dits « sous le choc » et entendent « faire bloc » après le meurtre d’un des leurs vendredi matin dans un lycée à Arras, près de trois ans, jour pour jour, après l’assassinat de Samuel Paty.
« On est sous le choc. À quelques jours de l’anniversaire de la mort de Samuel Paty, on est bouleversés. L’école est une fois de plus une cible, car elle incarne les valeurs de la République, liberté, égalité, fraternité », a témoigné auprès de l’AFP Agnès Andersen, secrétaire générale du syndicat de chefs d’établissement ID-FO.
« On ressent de nouveau beaucoup de douleur, de choc de voir un professeur qui perd la vie sur son lieu d’exercice », dit Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE Unsa. « On est quand même à quelques jours de l’hommage à Samuel Paty, on a quand même un conflit israélo-palestinien avec un niveau de tension très élevé. »
Le 16 octobre 2020, Samuel Paty, un professeur de 47 ans, avait été décapité près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, en région parisienne, une dizaine de jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d’expression. La mort de l’enseignant d’histoire-géographie, poignardé puis décapité, avait suscité une émotion considérable. Lundi, les établissements scolaires sont invités à lui rendre un hommage qui prendra vraisemblablement une dimension supplémentaire après l’attaque à Arras qui a coûté la vie à un professeur qui selon plusieurs sources, enseignait le français.
Vendredi, Martin Doussau, professeur de philosophie dans le lycée Gambetta d’Arras où le drame est survenu, a assuré à la presse que l’assaillant lui avait demandé : « ‘‘Vous êtes professeur d’histoire ? Vous êtes professeur d’histoire ?’’ » « Il m’a poursuivi parce que j’avais cherché à m’interposer. J’ai été effectivement poursuivi pendant quelques minutes, quelques instants, je me suis réfugié derrière la porte vitrée de l’établissement », a-t-il déclaré.
Pour un enseignant d’histoire-géographie de l’académie de Reims, qui souhaite garder l’anonymat, « c’est une déflagration supplémentaire, c’est le réveil de mauvais souvenirs ». « On est replongé dans quelque chose qu’on ne pensait pas concevable », a ajouté cet enseignant. L’Association des professeurs d’histoire et de géographie (APHG) a exprimé sur X (ex-Twitter) sa « douleur » et sa « sidération ».
L’APHG dans la douleur et la sidération. Toutes nos pensées et notre soutien vont vers les victimes d’Arras, leurs familles et l’ensemble de la communauté éducative de l’établissement cibles d’un nouvel attentat islamiste ce matin
— APHG (@APHG_National) October 13, 2023
« Épouvantable » et « inacceptable »
Pour Viviane Youx, présidente de l’Association française pour l’enseignement du français, « c’est très dur pour les profs », « on est en larmes ». « La situation pour les profs est déjà très difficile depuis quelques années. Là c’est vraiment en rajouter une couche. Je ne sais pas comment on va gérer ça », a-t-elle déploré.
« Ce qui vient à nouveau de se passer au sein d’un établissement scolaire est épouvantable », glisse une autre professeure d’histoire-géographie, qui souhaite également rester anonyme. « On espérait tous que ça ne se reproduise plus jamais », a-t-elle dit, très émue.
« On se dit que trois ans après l’assassinat de Samuel Paty, il y a encore des professeurs qui se font tuer sur leur lieu de travail, parce qu’ils font leur métier. C’est juste inacceptable, et il va vraiment falloir que tout le pays se mobilise pour protéger son école, parce que l’école est une cible visiblement. Il va vraiment falloir une réaction à la hauteur », dit Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du second degré. Même sentiment pour Emmanuel Mathiot, professeur d’histoire-géographie : « il faut faire bloc, rester unis, et poursuivre notre tâche même si c’est difficile après un tel événement. »
Effondrée, sous le choc en apprenant l’attaque terroriste au lycée d’Arras, le décès d’un collègue, et en sachant des personnes blessées. Mes pensées aux proches de notre collègue, à toute la communauté éducative. Merci aux forces de l’ordre pour leur intervention
C’est très dur— Nave-Bekhti/SgenCFDT (@CNaveBekhti) October 13, 2023
Il s’agit selon lui d’« un acte terroriste dont l’objectif est de s’en prendre à l’école, vecteur d’émancipation, et donc à notre démocratie, à nos valeurs ». Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CFDT, s’est dit sur X (ex-Twitter) « effondrée, sous le choc ». Samedi, une remise de prix Samuel Paty est organisée à la Sorbonne à Paris par l’APHG. « C’est maintenu, et le souvenir de Samuel Paty sera au cœur de cette cérémonie », a assuré à l’AFP l’association.
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