Le président du syndicat agricole majoritaire FNSEA, qui veut que l’État s’attaque « aux gros sujets », réclame une accélération sur la question du stockage de l’eau et des « mesures fiscales » permettant de moderniser et de transmettre les exploitations, dans un entretien aux Échos publié mardi.
Arnaud Rousseau, qui, comme son homologue des Jeunes Agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot, a rendez-vous dans la matinée avec le Premier ministre Gabriel Attal, esquisse dans cette interview des priorités pour une sortie de crise. Rappelant qu’Emmanuel Macron avait fait en 2017 « de la montée en gamme une priorité », M. Rousseau attend désormais de voir si le président « veut nous fixer une nouvelle ambition collective ».
Appelant l’exécutif à « s’attaquer aux gros sujets », il évoque d’abord la question du stockage de l’eau. Après les pluies abondantes de l’hiver, « rien ne dit que dans quatre mois, on n’aura pas une sécheresse (…). Il faut commencer par rendre notre administration et nos procédures bien plus efficaces. Cela peut passer par des arrêtés ou du réglementaire, et donc aller vite », affirme-t-il.
« Dans la Vienne, des agriculteurs cherchent depuis douze ans à faire avancer un dossier de stockage, avec un permis purgé de tout recours. Attendre aussi longtemps, ce n’est pas acceptable », estime-t-il.
Une mesure fiscalement incitative
M. Rousseau réclame également « une mesure fiscalement incitative qui pourrait pousser certains à transmettre plus tôt et accélérer la modernisation de notre agriculture ». « Sur les 400.000 exploitations en France, au moins 150.000 sont concernées par un départ à la retraite dans les cinq à sept ans », rappelle-t-il.
« Faciliter dans notre secteur reconnu comme métier en tension l’arrivée de travailleurs saisonniers, c’est bien. Mais on pourrait aussi nous accorder une baisse de la taxe sur le foncier non-bâti. Nous bénéficions déjà d’un abattement à hauteur de 20%. Nous voudrions qu’il monte à 50%. Cela coûterait autour de 150 millions aux finances publiques », détaille-t-il.
M. Rousseau demande des « mesures structurelles pour redonner l’envie d’entreprendre en agriculture en assurant des revenus, de la dignité ». Il évoque par exemple l’agrandissement des exploitations d’élevage, pour passer de « 70 à 75 vaches en moyenne aujourd’hui à peut-être 100 ou 120 », permettant d’embaucher un salarié, ou de développer la production d’huile d’olive dans les régions viticoles du Sud frappées par la sécheresse.
Des avancées mais trop lentes
Le président des Jeunes agriculteurs (JA) a, de son côté, reconnu des avancées qui vont « dans le bon sens », mais déplore la lenteur du déploiement des mesures obtenues du gouvernement pendant la mobilisation du monde agricole depuis janvier.
« Quand vous êtes l’élu politique, c’est vous qui commandez vos différents ministères. Et donc il faut secouer le cocotier matin, midi et soir », a plaidé M. Gaillot mardi matin sur RTL.
Interrogé sur la poursuite de manifestations sporadiques en France en dépit des importants gages donnés par le gouvernement, le président des JA a expliqué que face à des agriculteurs qui « subissent » depuis des années une perte de compétitivité conjuguée aux aléas climatiques, « c’est compliqué ».
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