Il n’était pas de service le soir de l’attentat de Nice. Mais « j’aurais pas voulu être à un autre endroit », même si « c’était l’enfer », a raconté mardi au procès à Paris un pompier intervenu spontanément pour porter secours.
Benoît Develey, médecin-pompier et urgentiste dans une clinique de Nice, se trouvait par hasard à proximité de la Promenade des anglais, le 14 juillet 2016. Lorsqu’il voit des victimes affluer, il prend son matériel toujours présent dans sa voiture et s’y rend, « en short, en T-shirt et en tongs », pensant avoir affaire à un « gros accident ».
Arrivé sur place, parmi les premiers secours, « c’était très étrange, c’était très calme », les gens « repartaient sans courir », une ambiance qu’il attribue à l’état de « prostration des victimes ».
Des scènes difficiles à supporter
« Il y avait des linceuls blancs partout, des victimes très abîmées » par le passage quelques minutes plus tôt du camion-bélier de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, qui a volontairement foncé sur la foule rassemblée sur la célèbre avenue niçoise pour la Fête nationale, faisant 86 morts et plus de 450 blessés.
Pendant près d’une heure, Benoît Develey « gère les urgences absolues », essayant d’« arriver à travailler, à se concentrer avec la charge émotionnelle » générée par la scène qui l’entoure.
Retrouvant sa femme et ses enfants, qui l’attendaient dans leur voiture, « il s’effondre en sanglots » avant de repartir aider, au poste médical avancé installé dans une discothèque.
En mars 2015, cet habitué du secours en montagne avait déjà été « un des premiers sur les lieux » après « le crash de la Germanwings » dans les Alpes-de-Haute-Provence, qui avait fait 150 morts. « Ça fait un peu trop, c’est sûr ».
Mais « j’aurais pas voulu être à un autre endroit à ce moment-là », assure-t-il, soulignant que pour sa femme, également médecin, ça avait été « une vraie douleur de ne pas pouvoir intervenir ».
Un sentiment de « culpabilité »
Pour le sergent-chef Fabien Hodot, 52 ans, qui lui succède à la barre, le fait d’avoir agi et porté secours ne suffit pourtant pas à effacer la « culpabilité » qui le ronge encore six ans après.
Les larmes aux yeux, cet homme d’1m90, en uniforme de sapeur-pompier raconte avoir dû « choisir à qui il portait secours » et « abandonner » certaines victimes, moins urgentes.
Il garde en tête la première personne blessée rencontrée à son arrivée sur la Promenade des anglais. « La jambe cassée, en équerre », il lui explique qu’il ne peut pas rester et lui promet de revenir.
« Si cette personne est dans la salle, je lui présente mes excuses, parce que je n’ai jamais pu revenir », regrette-t-il, saluant la « dignité » et le « courage incroyable » de toutes les victimes.
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