Terrorisme : détention préventive en Autriche pour les jihadistes

Par Epoch Times avec AFP
11 novembre 2020 13:30 Mis à jour: 12 novembre 2020 12:03

Le chancelier conservateur Sebastian Kurz a annoncé prendre des mesures strictes contre les jihadistes qui se trouvent en Autriche.

En réponse à l’attentat meurtrier de Vienne le 2 novembre dernier, l’Autriche va instaurer une détention préventive ou une surveillance électronique pour les jihadistes présents sur son territoire, a annoncé le 11 novembre le chancelier Sebastian Kurz, également président fédéral du Parti populaire autrichien (ÖVP).

« Tant qu’elles ne sont pas déradicalisées et même si elles ont purgé leur peine, nous créerons la possibilité d’enfermer ces personnes pour protéger la population », a déclaré le chancelier conservateur devant la presse à la sortie du Conseil des ministres.

L’auteur de l’attentat de Vienne Kutjtim Fejzulai, âgé de 20 ans, ayant coûté la vie à quatre personnes la semaine dernière avait été incarcéré en 2019 en Autriche après une interpellation, alors qu’il projetait de rallier la Syrie, puis relâché après avoir purgé une peine de prison. Ce jihadiste qui a été abattu par la police bénéficiait d’aides sociales et avait tenté de se rendre en Slovaquie en voiture pour se procurer un arsenal de guerre.

« Pour celles qui viennent d’être libérées, il y aura une surveillance électronique. C’est une forte ingérence, mais il s’agit à mon avis d’une étape nécessaire pour minimiser la menace qui pèse sur notre population », a ajouté le chancelier. Il n’a pas précisé dans quelles circonstances il serait décidé d’appliquer la détention préventive plutôt que la surveillance électronique.

Déchéance de la nationalité et des aides sociales

Le gouvernement autrichien a également annoncé un renforcement des outils permettant de déchoir de leur nationalité autrichienne les individus condamnés pour terrorisme détenant le passeport d’un pays tiers. Il est par ailleurs prévu de leur retirer d’éventuelles aides sociales, ainsi que le permis de conduire et de créer un fichier pour contrôler les détenteurs d’armes.

Sebastian Kurz a obtenu des Verts, qui gouvernent en coalition avec lui et occupent le ministère de la Justice, qu’ils simplifient les dissolutions d’associations et les fermetures de mosquées en cas de radicalisation démontrée. Une association et une mosquée ayant selon les autorités participé à sa radicalisation ont depuis été dissoutes et fermées sur ordre du gouvernement.

Respecter la Constitution et les droits fondamentaux

L’ensemble de ces réformes seront discutées début décembre par le Parlement autrichien, le gouvernement promettant de légiférer en respectant la Constitution et les droits fondamentaux.

Un registre d’imams va être créé, tout comme un fonds d’indemnisation des victimes du terrorisme, dans ce pays neutre de 8,9 millions d’habitants longtemps épargné par la menace jihadiste. Une plateforme de signalement des activités jihadistes sur internet doit enfin voir le jour.

Selon le chancelier autrichien qui s’était rendu mardi à Paris pour évoquer avec le président français Emmanuel Macron la réponse européenne à la menace terroriste, environ 150 individus ayant rejoint la Syrie ou l’Irak pour combattre aux côtés du groupe terroriste État islamique (EI) ou tenté de le faire sont actuellement présents sur le territoire national. D’après la presse autrichienne, Sebastian Kurz les qualifie de « bombes à retardement ».

Perquisitions sans lien avec l’attentat meurtrier de Vienne

Par ailleurs, l’Autriche a saisi lundi 25 millions d’euros en liquide, selon la radio autrichienne publique Ö1, dans le cadre de perquisitions visant des représentants officieux des Frères musulmans et des proches du mouvement palestinien Hamas.

La radio rapporte que plusieurs anciens responsables du Conseil autrichien du culte musulman (IGGÖ) ont été visés par cette descente de police, ainsi qu’un fonctionnaire de l’institut en charge de la formation des professeurs de religion à l’école publique (IRPA).

Cette opération, aboutissement de plus d’un an d’enquête, n’avait aucun lien avec l’attentat de Vienne, avait précisé le parquet en début de semaine.

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