Sans surprise, le 10 juin, le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis le maximum prévu, la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, à l’encontre de Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre qui ont causé la mort de 130 personnes à Paris et Saint-Denis.
« Salah Abdeslam est resté jusqu’au bout fidèle à son idéologie et incapable d’exprimer le moindre remords. Il est loin d’avoir manifesté un abandon de cette servitude volontaire », a estimé l’avocate générale Camille Hennetier.
« Salah Abdeslam a livré une version tardive, après six ans de silence, en contradiction totale avec de nombreux points. Il a choisi son moment. Il a aussi choisi ses questions », a dit la magistrate en dénonçant « un jeu de dupes ».
Au total, des peines allant de cinq ans d’emprisonnement à la perpétuité incompressible ont été requises à l’encontre des 20 accusés jugés depuis le 8 septembre devant la cour d’assises spéciale pour les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis.
Les « taiseux » , les « petites mains », les « opérationnels contrariés »
La réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans a en outre été réclamée contre le « logisticien » Mohamed Bakkali, « cheville ouvrière de la cellule » selon le Pnat.
La perpétuité a également été requise pour les cinq commanditaires et logisticiens présumés morts en Syrie et jugés par défaut, dont Oussama Atar, le commanditaire présumé des attentats.
Le parquet a requis la perpétuité assortie d’une période de trente ans de sûreté à l’encontre des « taiseux » du procès, le Suédois Osama Krayem et le Tunisien Sofien Ayari.
À l’encontre d’Ahmed Dahmani, détenu en Turquie et jugé en son absence, le parquet a réclamé une peine de trente ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers.
Contre les « opérationnels contrariés », comme les a surnommés Camille Hennetier, l’Algérien Adel Haddadi et le Pakistanais Muhammad Usman, qui, partis de Syrie, n’ont pu rejoindre à temps l’Europe pour participer aux attentats, l’avocate générale a demandé pour chacun une peine de vingt ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers.
Concernant les trois accusés qui comparaissaient libres à l’audience, les « petites mains » de la cellule terroriste, selon Mme Hennetier, Abdellah Chouaa, Hamza Attou et Ali Oulkadi, le parquet a réclamé des peines allant de cinq à six ans de prison avec « mandat de dépôt » pour MM. Chouaa et Attou.
Le parquet national antiterroriste a également réclamé que des interdictions du territoire national, de dix ans ou définitives, soient prononcées à l’encontre de l’ensemble des accusés, à l’exception de ceux qui ont la nationalité française dont Salah Abdeslam.
La parole sera donnée à la défense à partir de lundi et pour deux semaines. Le verdict est attendu le 29 juin.
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