« L’Ange de la Baie », un homme-oiseau posé sur une vague sur la promenade des Anglais à Nice, a été dévoilé jeudi dernier, à la mémoire des victimes et des centaines de blessés de l’attentat du 14 juillet 2016.
Réalisée par le sculpteur niçois Jean-Marie Fondacaro, cette œuvre monumentale d’un homme mi-oiseau surfant sur une vague a été placée à l’endroit même où le 14 juillet 2016, lors du célèbre feu d’artifice sur la promenade des Anglais à Nice, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, âgé de 31 ans, avait fauché avec son camion des dizaines de personnes, avant d’être abattu par la police.
Pour rendre hommage aux 86 morts de 19 nationalités différentes et aux 450 autres personnes blessées, « L’Ange de la Baie » a été inauguré le 14 juillet 2022 en présence du maire Christian Estrosi, du ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti et des proches des victimes.
« J’ai sculpté pour eux, c’était une forme de prière pour moi »
Âgé de 66 ans, Jean-Marie Fondacaro, compagnon de France, a étudié l’envol de l’homme-mi oiseau depuis plus de 40 ans. « L’Ange de la Baie » lui a permis de finaliser son œuvre.
« Quand il y a eu l’attentat, les jours qui ont suivi, j’étais abasourdi, comme tous. Alors dans mon atelier j’ai sculpté pour eux, c’était une forme de prière pour moi, une manière d’exulter », raconte l’artiste la voix pleine d’émotion. « J’ai donc fait une multitude de ces envols que j’avais étudiés des dizaines d’années auparavant, des oiseaux qui partent comme des âmes qui s’envolent et que j’ai raccordé entre eux. J’ai fait des sortes de bouquets et on les a appelés les « Anges de la Baie ». Ça n’avait pas été dit comme cela, on parlait juste de morts à ce moment-là », poursuit-il, ajoutant qu’ « à aucun moment il était question d’en faire un monument, cela m’aurait même semblé déplacé », précise l’artiste Fondacaro.
Fin 2021, un appel d’offre est lancé par la mairie. « L’appel d’offre était très complexe car il y avait pleins de contraintes techniques essentielles, il faut poser la sculpture sur la promenade des Anglais, là où il n’y a pas de prise ni d’attaches au sol (…), il me fallait réfléchir à un poids suffisant pour que cela résiste aux vents et aux tempêtes. J’avais quatre semaines pour déposer mon dossier, cela laisse peu de place au temps artistique », se souvient-il.
Jean-Marie Fondacaro va donc rapidement refaire sa synthèse, élaborer ses maquettes et ses dessins. « La grosse contrainte était d’intégrer le cœur avec le nom des victimes », indique l’artiste.
Les « passeurs d’âmes »
Le sculpteur cogite sur une voile latine haute et large, « l’irrésistible lien » avec les bateaux de pêche traditionnels niçois, les « pointus », évoque-t-il.
Puis il médite sur les passages entre les deux mondes, se remémore des récits mythologiques de la Grèce antique, les « passeurs d’âmes » qui guidaient les âmes dans une barque vers le monde de l’au-delà.
« Dans le creux de la vague se trouve le cœur gravé des noms des victimes »
« J’avais cette idée en tête de la barque qui emporte l’âme, puis je suis revenu sur la vague, je cherchais à positionner le cœur, j’ai donc travaillé autour de ça. C’est finalement dans le creux de la vague que se trouve le cœur gravé des noms des victimes ».
« L’Ange ‘danse’ avec la Baie des Anges »
Par choix du sculpteur, la statue n’a pas été placée face à la mer. « Je l’ai mise perpendiculaire à la mer car je n’ai pas envie d’obturer la Baie des Anges (…), il y a tout un jeu de courbes, le profil fait que la vague et les bras de l’Ange viennent embrasser et envelopper la baie, selon comment on se place, on a ce geste qui vient ‘danser’ avec la Baie des Anges, c’était ce jeu là que j’ai vérifié d’une manière ‘heureuse’ mon installation ».
Un Ange de 4m70 de haut en aluminium poli
« L’Ange de la Baie » est en aluminium poli, il mesure 4m70 de haut et pèse 2 tonnes avec le lestage. La sculpture de l’ange est associée à une grande vague de 2m 50 de haut qui elle aussi a une torsion qui va dans le sens de la torsion de la vague, les deux permettent de la propulser vers la Baie des Anges », explique Jean-Marie Fondacaro.
Il aura fallu 6 mois pleins pour la mise en œuvre. Deux entreprises ont participé à la réalisation : l’atelier de ferronnerie LABBÉ à Nice et l’atelier LE BRONZE D’AIRAIN à Bar-sur-Loup dans les Alpes-Maritimes.
« Les artisans, les ouvriers hautement qualifiés et même les apprentis concernés se sont lancés corps et âme dans ce travail dont la priorité émotionnelle et symbolique ne leur a pas échappé. Si la création de l’œuvre me revient, je partage avec eux le supplément d’âme qu’elle contient », s’est exprimé Jean-Marie Fondacaro lors de son discours sur la promenade des Anglais à Nice le 14 juillet 2022.
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