Premier jour ce 8 septembre d’un procès « historique » à Paris qui va durer neuf mois : l’audience va s’ouvrir à 12H30, sous très haute surveillance, près de six ans après les attentats djihadistes les plus sanglants commis en France.
Des kamikazes devant le Stade de France, des armes de guerre en plein Paris, 130 morts : la nuit du 13 novembre 2015, « la France toute entière a été plongée dans l’horreur », a rappelé ce mercredi matin le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, au micro de BFMTV et RMC.
« Ces événements sont entrés par effraction dans les mémoires et notre mémoire collective », a insisté le garde des Sceaux, pour qui le défi du procès est double : que la justice « soit rendue conformément aux règles qui sont les nôtres depuis des siècles et que nous soyons au rendez-vous logistique ».
En ce jour d’ouverture du procès, pensées émues à toutes les victimes de l’attentat islamiste du 13 novembre 2015 et à leurs familles marquées dans la chair d’une douleur indélébile. #proces13novembre #AttentatsDu13Novembre pic.twitter.com/rS0jaZo5Wg
— Samira Herizi ?? ?? (@samHerizi) September 8, 2021
Dans la matinée, sous l’œil des caméras, un convoi ultrasécurisé avait quitté la prison de Fleury-Mérogis, où le seul membre encore en vie des commandos djihadistes du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam, est depuis plus de cinq ans incarcéré à l’isolement total.
Au bord de la Seine, les abords du vieux palais de justice étaient bloqués depuis l’aube par un large périmètre de sécurité. Sous l’œil de joggeurs, de cyclistes et de touristes étonnés ou parfois agacés, les forces de l’ordre vérifiaient les laissez-passer de tous ceux qui se dirigeaient vers le palais pour ce procès hors norme. Les portes d’accès se sont ouvertes à 10H00 pour les centaines de parties civiles, d’avocats et de journalistes attendues.
Près d’un millier de membres des forces de l’ordre seront mobilisés pour la sécurité du procès, dont 630 aux abords du palais et à l’intérieur, selon l’Intérieur.
« Sans doute le procès le plus long de l’histoire »
Filmé pour l’Histoire, ce procès va se dérouler sur neuf mois, une durée sans précédent pour une audience criminelle en France. « Ce sera le procès sans doute le plus long de l’histoire », a déclaré Me Christian Saint-Palais, avocat d’un des accusés.
Il est aussi inédit par l’ampleur du dossier – 542 tomes – par son nombre de parties civiles – au moins 1800 – et par sa charge émotionnelle. Quelque 550 personnes prendront place dans une salle spécialement construite au sein du palais.
Il doit permettre en particulier « aux familles de victimes, de comprendre ce qu’il s’est passé » et de « construire (une) mémoire collective en réaffirmant les valeurs d’humanité et de dignité de la société dans laquelle on vit », a déclaré l’ancien procureur de Paris François Molins sur RTL.
Les deux premiers jours d’audience seront essentiellement consacrées à l’appel des parties civiles. Les témoignages de rescapés et proches des victimes ne débuteront que le 28 septembre, pour cinq semaines.
Nuit de terreur le vendredi 13 novembre 2015
À l’ouverture, c’est sans doute vers Salah Abdeslam que tous les regards se tourneront. Le Franco-marocain de 31 ans est le « dixième homme », seul membre encore en vie des commandos téléguidés par le groupe terroriste État islamique (EI) qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés à Saint-Denis et Paris.
La cour d’assises spéciale doit juger vingt accusés, soupçonnés d’être impliqués à divers degrés dans la préparation des attaques. Dix prendront place dans le box aux côtés de Salah Abdeslam. Trois autres, sous contrôle judiciaire, comparaîtront libres.
Six autres enfin sont jugés par défaut, dont le donneur d’ordres et vétéran du jihad Oussama Atar, et les « voix » françaises de la revendication de l’EI, les frères Fabien et Jean-Michel Clain, tous trois présumés morts en Syrie.
Le vendredi 13 novembre 2015, la nuit de terreur débute à 21H16 : trois kamikazes vont se faire exploser aux portes du Stade de France, pendant une rencontre amicale de football entre la France et l’Allemagne. Au cœur de Paris, deux commandos de trois hommes mitraillent à l’arme de guerre des terrasses de cafés et de restaurants et tirent sur la foule d’un concert au Bataclan, où l’assaut sera donné peu après minuit.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.