Le gouvernement cambodgien se sert de la pandémie de coronavirus « comme prétexte » pour « réprimer davantage la dissidence » dans ce pays, dénonce un rapport de deux organisations des droits de l’Homme, qui fustigent l’intensification des « restrictions et atteintes aux droits humains » à l’encontre de la société civile.
« Les défenseurs des droits humains opèrent dans un environnement répressif sans précédent dans l’histoire récente du Cambodge » depuis que le gouvernement a lancé une « répression politique » avant les élections générales de juillet 2018, rapportent dans un rapport publié jeudi l’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme (OMCT) et la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
« Militants environnementaux ou du droit à la terre, dirigeants syndicaux, défenseurs des droits des femmes, cyberactivistes ou journalistes – tous ont fait face à une intensification de la répression de la part de l’État » cambodgien, relèvent-elles.
Répression croissante
Selon ces organisations, cette « répression croissante s’est illustrée par des violences, des intimidations, des détentions et du harcèlement judiciaire. Des dizaines d’événements liés aux droits humains, comme des manifestations pacifiques ou des séminaires, ont été surveillés et entravés par les autorités gouvernementales ».
Or, selon l’OMCT et la FIDH, depuis mars 2020, « le gouvernement cambodgien se sert de la pandémie de coronavirus comme prétexte pour réprimer davantage la dissidence ».
La loi sur l’Etat d’urgence dans le pays promulguée « le 29 avril, si elle est appliquée, entraînera de nouvelles restrictions des droits civils et des libertés, comme les droits à la liberté de mouvement, à la liberté d’expression, à la liberté d’association et de réunion pacifique », s’alarment les deux organisations.
40 personnes arrêtées depuis le début de la pandémie
« Les accusations de fausses nouvelles en lien avec la pandémie ont augmenté ces derniers mois; on cite le chiffre de plus de 40 personnes arrêtées depuis le début de la pandémie en lien avec des posts sur le Covid-19 », a déclaré jeudi à l’AFP Hugo Gabbero, responsable du Bureau de protection des défenseurs des droits humains à la FIDH, et qui a enquêté au Cambodge l’année dernière et coordonné ce rapport.
« L’accusation de fausse nouvelle sert à faire taire toute critique, notamment via des arrestations qui font craindre un effet frisson sur le reste de la société civile », a ajouté M. Gabbero, qui exhorte la communauté internationale à un « sursaut » et « plus de pressions pour que cette loi ne soit pas appliquée ». « Les outils à disposition des autorités (cambodgiennes, NDLR) nous paraissent suffisant pour traiter la pandémie et on craint une instrumentalisation de cette loi pour museler encore plus la société civile », a-t-il ajouté.
Zone sombre pour la société civile
D’autres organisations de défense des droits humains ont récemment estimé que le Premier ministre cambodgien Hun Sen, ancien Khmer rouge et qui dirige le pays d’une main de fer depuis 35 ans, utilise la pandémie pour renforcer encore son emprise sur le royaume et faire taire toute voix discordante.
« Le Cambodge est devenu une zone sombre pour la société civile, la répression touchant aussi bien les dirigeants syndicaux que les militants des droits fonciers ou les cyberactivistes. Le gouvernement du Cambodge doit cesser de harceler les défenseurs des droits humains et adopter des mesures urgentes pour les protéger et s’assurer qu’ils puissent continuer à effectuer leur travail, qui est vital », a estimé le secrétaire général de l’OMCT, Gerald Staberock, cité dans un communiqué de presse.
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