Au-delà de la Saint-Valentin: des exemples d’amour et de dévotion dans l’Histoire

Par Jeff Minick
13 février 2023 19:50 Mis à jour: 13 février 2023 20:11

Qui peut l’expliquer, qui peut nous dire pourquoi ?
Les imbéciles ne peuvent l’expliquer, les sages n’essaient pas.

Ces vers tirés de « Some Enchanted Evening », de la comédie musicale « South Pacific » de Rodgers et Hammerstein, parlent de l’amour, et plus précisément du coup de foudre. Mais que signifient exactement ces paroles ? Pourquoi l’amour est‑il inexplicable ?

Imaginons que Paul rentre chez lui après une soirée entre amis. Pendant la fête, il s’est épris d’une inconnue, Jeanne. Agité, il fait les cent pas dans son appartement. Il se demande comment Jeanne réagira s’il ose l’appeler le lendemain matin. Va-t-elle le trouver grotesque ? Lorsqu’il lui a demandé son numéro de téléphone, elle l’a donné. Peut-il  l’inviter à dîner pour la Saint‑Valentin ?

Qui peut expliquer ces tourments ? Qui peut expliquer cette attirance ? De nombreux savants pourraient s’y essayer. Un professeur d’art évoquerait les pommettes de Jeanne, la lumière dans ses yeux et le léger tremblement dans sa voix. Un psychologue soulignerait des points communs, le fait que Paul et Jeanne ont tous deux perdu leur mère à un âge précoce et qu’ils aiment écouter Bach en lisant. Un scientifique expliquerait que l’attirance instantanée de Paul est une question de phéromones, un processus chimique.

Qui peut expliquer cette attirance ? « Amoureux dans un jardin », par Cesare-Auguste Detti. (Art Renewal Center)

Mais en réalité, personne n’est vraiment en mesure d’expliquer l’amour. En définitive, toutes ces interprétations font écho à ce que Thomas d’Aquin disait de ses ouvrages théologiques : « Tout ce que j’ai écrit me semble de la paille par rapport aux choses que j’ai vues et qui m’ont été révélées. » L’amoureux tombe d’une manière soudaine et  systématique dans une intrigue compliquée, un imbroglio indéfinissable. L’amour fait penser à la description que Winston Churchill a un jour fait de la Russie, « une devinette, enveloppée dans un mystère, à l’intérieur d’une énigme ».

Au‑delà de la séduction

Laissons maintenant Paul dans ses espoirs et ses tourments et revenons à « Some Enchanted Evening », qui se termine par cette phrase : « Une fois que tu l’as trouvée, ne la laisse jamais partir. »

D’autres questions surgissent alors : comment faire pour ne jamais la, ou le, laisser partir ? Après avoir été transpercés par les flèches de Cupidon, comment les couples restent‑ils ensemble année après année, dans les bons et les mauvais moments ?

Ici, nous commençons à marcher sur un terrain plus stable. Nous pouvons demander à nos grands‑parents comment ils ont réussi à faire fonctionner leur mariage pendant 50 ans. Nous pouvons demander à un(e) ami(e) proche sur quoi repose son mariage, comment être heureux sans être toujours d’accord.

Ou si nous le souhaitons, nous pouvons sauter dans nos machines à remonter le temps, autrement appelées livres et histoires, et étudier quelques exemples du passé.

Voici quelques exemples :

Les Churchill au Derby

Winston et Clementine Churchill à l’hippodrome d’Epsom pour le Derby, le 4 juin 1949. (Central Press/Hulton Archive/Getty Images)

En 1909, Clementine et Winston Churchill, fraîchement mariés, arrivent dans une gare de Bristol pour rencontrer des membres du parti local. Furieuse que Churchill se soit opposé au vote des femmes, une suffragette l’attaque soudainement et le pousse violemment vers la voie ferrée. Bien que Clementine soit favorable au vote des femmes, elle se précipite dans la bagarre et saisit Winston par sa queue de pie, l’empêchant ainsi d’être blessé ou tué sur la voie ferrée.

Dans son article intitulé « Comment la femme de Winston Churchill l’a aidé à devenir un grand homme d’État », Erin Blakemore ne se contente pas de relater cet incident. Elle cite une myriade d’exemples  du dévouement de Clementine envers son mari. Clementine reste fermement dans son camp pendant sa période de folie des années 1930, lorsque son pouvoir au Parlement est au plus bas. Elle lui offre toujours des mots d’encouragement. Le couple se dispute parfois – Clementine lui jette un jour une assiette d’épinards au visage lors d’une dispute sur une question d’argent – mais le plus souvent, ils s’appellent par des petits noms d’animaux et sont complices.

Churchill la considérait comme la clé de sa réussite dans la vie publique.

Sacrifice

En mai 1884, Ulysses Grant, commandant des armées du Nord pendant la guerre de Sécession, puis élu président des États‑Unis, se retrouve complètement ruiné sept ans après avoir quitté la Maison Blanche, victime d’une escroquerie.

Lui et sa femme, Julia, ne disposent que de 210 dollars et sont lourdement endettés. Quelques mois plus tard, on lui diagnostique un cancer de la gorge incurable et fatal.

Bien que Mark Twain, un ami, ait exhorté Grant pendant des années à écrire ses mémoires, il a toujours refusé, ne voulant en aucun cas tirer profit de son service pour le pays. Désormais, confronté à la mort et désireux de subvenir aux besoins de Julia et de sa famille, il se met au travail, écrit jusqu’à 10.000 mots par jour avec la même détermination que celle dont il faisait preuve lorsqu’il combattait ses adversaires sur le champ de bataille. Après des mois d’énormes souffrances (il finit par perdre la capacité de parler), il termine son manuscrit de 366.000 mots sept jours seulement avant de rendre son dernier souffle.

Aujourd’hui, les « Mémoires personnelles d’Ulysses S. Grant » sont considérées comme une des meilleures autobiographies américaines. Pourtant, il nous incombe, à nous qui nous intéressons aux exemples d’amour et de dévouement, de nous rappeler que cet homme courageux a traversé cette épreuve angoissante non pas pour sa gloire personnelle, mais pour subvenir aux besoins de sa femme après sa mort.

Une équipe

Chesterton et sa femme

(Avec l’aimable autorisation de la Chesterton Society)

L’histoire la plus connue de G.K. Chesterton repose peut‑être sur le télégramme que l’écrivain et conférencier notoirement distrait a envoyé à sa femme, Frances : « Je suis à Market Harborough. C’est bien là que je dois être ? »

Chesterton était un romantique. Sur le chemin de l’autel à sa lune de miel, par exemple, il s’arrêta et acheta un verre de lait et un pistolet. Il acheta l’arme « dans l’idée de la protéger des pirates infestant sans doute les Norfolk Broads », où ils allaient vivre. Il plaisantait, bien sûr, mais pour lui, chaque jour était une aventure, ce qui entraînait souvent une certaine confusion et des malentendus.

Heureusement, il a épousé une femme pondérée. Frances Blogg était également écrivain. Elle guida Chesterton vers le christianisme. Elle gérait ses affaires, l’aidait à s’organiser, tenait son agenda. Comme Clementine Churchill, tous les biographes de Chesterton s’accordent pour dire que Frances a joué un rôle crucial dans sa carrière. Dans l’article « La femme derrière l’homme, Frances Chesterton », Stephanie Mann écrit : « Elle était à la fois la femme et la maîtresse de son mari, sa muse et son amie. Elle l’a aidé à atteindre la grandeur. » À la mort de son mari, Frances a écrit à un ami, le père John O’Connor : « Comment les amoureux peuvent‑ils s’aimer l’un sans l’autre ? Nous avons toujours été amants. »

Passion commune

Pierre et Marie Curie

L’amour de la science a lié Pierre et Marie Curie, que l’on voit ici vers 1903. (Domaine public)

Partager une passion peut renforcer ce sentiment d’appartenance à une équipe.

Marie et Pierre Curie en sont peut‑être le meilleur exemple. L’amour de la science les a liés l’un à l’autre, et leurs longues heures de travail dans un laboratoire ont non seulement produit des réalisations scientifiques monumentales, mais ont également renforcé leur amour mutuel. Lorsqu’en 1903, ils ont remporté le prix Nobel de physique, Marie n’a d’abord pas été reconnue, jusqu’à ce que Pierre insiste pour que son nom soit ajouté au prix. Elle est alors devenue la première femme à recevoir le prix Nobel.

Et trois ans plus tard, après la mort de Pierre dans un accident de calèche, Marie, éplorée, honore sa mémoire en prenant sa place à la Sorbonne, devenant ainsi la première femme professeur à y enseigner, et en créant un laboratoire à son nom. « Pierre avait consacré sa vie à son rêve de science », écrit Marie. « Il ressentait le besoin d’avoir un compagnon qui pourrait vivre son rêve avec lui. »

Il a trouvé cette compagnie en Marie.

Quelle que soit le domaine d’activité, les passions communes transforment souvent des amis en couples solides.

L’amitié éternelle

John et Abigail Adams

Intellectuellement égaux, prompts à se défendre mutuellement, Abigail et John Adams furent compagnons pendant 54 ans. Portraits de Gilbert Stuart. (Domaine public)

Dans le mariage de John et Abigail Adams, nous retrouvons toutes les qualités mentionnées ci‑dessus. Alors que John était fréquemment absent de la maison pour assister à diverses réunions ou pour des missions à l’étranger (pendant et après la révolution américaine), sa femme au grand cœur, Abigail, s’occupait de leur ferme, veillait à l’éducation de leurs enfants et lui écrivait une multitude de lettres donnant son point de vue sur la politique du moment.

Plus d’un millier de lettres de leur correspondance ont été conservées. Ils s’appelaient mutuellement « très che(è)r(e) ami(e) ». Intellectuellement égaux, promptes à se défendre l’un l’autre, ils ont été mariés pendant 54 ans. Après la mort d’Abigail d’une fièvre typhoïde en 1818, Adams a écrit : « J’aimerais pouvoir m’allonger à côté d’elle et mourir aussi. »

Mari et femme, oui, mais aussi deux compagnons de toute une vie marchant sur le chemin côte à côte. Comme les autres personnes mentionnées ci‑dessus, John et Abigail sont tombés amoureux, et ils se sont aimés jusqu’au jour où ils ont quitté cette terre.

Dans une culture comme la nôtre, qui met l’accent sur la liberté personnelle et l’autosatisfaction, Paul a beaucoup à apprendre sur le véritable amour dans les histoires de sacrifice, de dévouement et d’intimité transmises du passé.

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