Un séisme de magnitude 7.2 a secoué Haïti samedi matin, causant au moins 227 morts, des centaines de blessés et des disparus dans le sud-ouest de l’île, ravivant les terribles souvenirs du grand tremblement de terre de 2010.
Le tremblement de terre s’est produit à 8H29 heure locale (12h29 GMT) à 12km de la ville de Saint-Louis-du-Sud, située à quelque 160 km de la capitale haïtienne Port-au-Prince, selon les données de l’Institut américain de géophysique (USGS).
Églises, commerces, maisons: quantité de bâtiments se sont effondrés lors de la puissante secousse piégeant des centaines d’habitants sous des dalles de béton.
Sans souvent beaucoup de moyens, les habitants se pressent pour sortir des victimes blessées dans l’effondrement des édifices, un effort salué par les services de la protection civile.
« Les premières interventions, menées tant par les sauveteurs professionnels que par des membres de la population ont permis d’extraire de nombreuses personnes des décombres », ont-ils indiqué.
Trois centres hospitaliers saturés
Plusieurs centaines de personnes ont été blessées lors du séisme et les rares hôpitaux existant dans les régions affectées peinent déjà à fournir les soins d’urgence.
Samedi après-midi, le directeur de la protection civile Jerry Chandler a annoncé à l’AFP qu’au moins trois centres hospitaliers, dans les communes de Pestel, Corailles et Roseaux, étaient saturés.
« Le gouvernement a décidé ce matin de décréter l’état d’urgence pour un mois suite à cette catastrophe », a annoncé le Premier ministre Ariel Henry, appelant la population « à la solidarité » et à ne pas céder à la panique.
M. Henry s’est rendu sur les lieux du drame avec les autorités compétentes pour « constater l’étendue des dégâts », a-t-il déclaré sur Twitter.
Le président américain Joe Biden a fait part samedi de sa « tristesse » face à la catastrophe, offrant l’assistante « immédiate » des Etats-Unis. Il a chargé la directrice de l’agence américaine d’aide internationale (USAID), Samantha Powers, de coordonner cet effort.
L’ancien sénateur haïtien Gabriel Fortuné retiré des décombres
Sur la côte sud, un hôtel de plusieurs étages, baptisé Le Manguier, s’est totalement effondré aux Cayes, troisième ville d’Haïti.
Le corps sans vie de l’ancien sénateur haïtien Gabriel Fortuné, propriétaire de l’hôtel, a été retiré des décombres, selon des témoins. Sa mort a été confirmée par le Premier ministre.
La longue secousse a été ressentie sur l’ensemble du pays. Comptant plus de 200.000 habitants, l’agglomération de Jérémie, à l’extrémité sud-ouest de la péninsule, a souffert d’importants dommages dans le centre-ville, constitué principalement d’anciennes maisons de plain-pied.
« Le toit de la cathédrale est tombé », a détaillé à l’AFP Job Joseph, habitant de Jérémie. « La grande rue est bloquée (…) C’est là qu’il y a toute l’activité économique de la ville ».
« Les gens quittent la ville car il y a des rumeurs de tsunami »
« Les gens sont affolés, les parents sont avec leurs enfants dans les bras et quittent la ville car il y a des rumeurs de tsunami », a abondé Tamas Jean Pierre.
Une alerte au tsunami avait en effet été lancée dans la foulée du séisme par l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine avant d’être rapidement levée.
La ville de Jérémie, surnommée la cité des poètes, est relativement isolée du pays car la route nationale qui traverse l’île n’est pas encore achevée.
« J’étais à l’intérieur de chez moi quand ça a commencé à secouer, j’étais près d’une vitre et je voyais toutes les choses tomber », a raconté de son côté à l’AFP, Christella Saint Hilaire, 21 ans, qui vit dans la commune de L’Asile, près de l’épicentre du séisme.
Garde en mémoire le séisme du 12 janvier 2010
« Un bout de mur est tombé sur mon dos mais je ne suis pas trop blessée », a poursuivi la jeune femme. « Plusieurs maisons se sont complètement effondrées. »
Sur des vidéos partagées en ligne, des riverains ont ainsi filmé des ruines de divers bâtiments en béton, dont une église dans laquelle une cérémonie était apparemment en cours samedi matin dans la commune de Les Anglais, à 200km au sud-ouest de Port-au-Prince.
Le pays le plus pauvre des Amériques garde encore en mémoire le séisme du 12 janvier 2010 qui avait ravagé la capitale et plusieurs villes de province.
Plus de 200.000 personnes avaient été tuées et plus de 300.000 autres avaient été blessées lors de la catastrophe.
Plus d’un million et demi d’Haïtiens s’étaient ensuite retrouvés sans logis, plaçant les autorités et la communauté humanitaire internationale devant le colossal défi d’une reconstruction dans un pays sans cadastre ni règles de bâtisse.
Sans parvenir à relever ce défi de reconstruction, Haïti qui est aussi frappé régulièrement par des ouragans, a en onze ans plongé dans une crise socio-politique aigüe.
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