Les Monténégrins votent dimanche aux législatives, mettant à l’épreuve trois décennies de domination de la formation du président pro-occidental Milo Djukanovic qui affronte, dans une ambiance tendue, une opposition soutenue par la puissante Eglise orthodoxe serbe.
Réformiste dynamique pour certains, autocrate corrompu pour d’autres, Milo Djukanovic, 58 ans, dirige le Monténégro quasiment sans discontinuer depuis la fin de l’ère communiste, au début des années 1990.
Son Parti démocratique des socialistes (DPS) n’a jamais perdu un scrutin, et M. Djukanovic a conduit le pays le moins peuplé des Balkans (620.000 habitants) à l’indépendance de la Serbie en 2006, à l’adhésion à l’Otan en 2017 et aux portes de l’Union européenne (UE).
✊?? CALL TO ACTION ??✊
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— Team Albanians (@TeamAlbanians) August 25, 2020
Opposition de droite pro-serbe
Mais sa majorité sortante présente la minceur d’une pelure d’oignon, et la confrontation avec une opposition de droite pro-serbe, partisane de liens plus étroits avec Belgrade et Moscou, s’annonce éprouvante.
Alors que Milo Djukanovic fait face depuis longtemps à des accusations de corruption, de mainmise sur l’Etat et de liens avec le crime organisé, la campagne électorale s’est plutôt concentrée sur sa querelle avec l’Eglise orthodoxe serbe (SPC) et sur les débats identitaires.
Cette polémique a éclaté fin 2019 lors de l’adoption d’une loi sur la liberté de religion qui ouvre la voie, pour l’Etat, d’une prise de contrôle des centaines d’églises et de monastères gérés par la SPC, dominante au Monténégro, et dont le siège est Belgrade.
30% des habitants se déclarent serbes
Selon le recensement de 2011, près de 30% des habitants du pays se déclarent serbes.
L’adoption de la loi a provoqué d’énormes manifestations sous forme de processions, emmenées par des dignitaires religieux et soutenues par l’opposition. Elles se sont déroulées aussi pendant l’épidémie de Covid-19, malgré les mesures de précaution.
Intervenant dans la campagne, le patron de la SPC au Monténégro, l’archevêque Amfilohije, a déclaré la semaine dernière que l’Eglise « n'(avait) pas son parti » mais qu’elle se réjouissait « naturellement pour ceux qui sont contre la loi et qui défendent les lieux sacrés ».
Une « menace à la souveraineté du pays »
Ces derniers jours, les manifestants ont organisé aussi des processions avec des voitures à travers le pays, en agitant les drapeaux de la Serbie.
Milo Djukanovic y voit une « menace à la souveraineté » du pays et qualifie l’opposition d’« infanterie politique du nationalisme grand serbe ».
« Notre concurrence politique ne propose que la destruction, (…) la politique de trahison et de soumission (…) Ils souhaitent que le Monténégro n’existe pas », a-t-il lancé dans la campagne.
La police a mis en garde contre de possibles incidents le jour du scrutin, affirmant avoir découvert des plans de « descente dans la rue pour provoquer des émeutes et des troubles à l’ordre public ».
Cet avertissement rappelle les législatives de 2016, marquées par l’arrestation d’une vingtaine de militants opposés à l’adhésion du pays à l’Otan, accusés d’avoir voulu fomenter un coup d’Etat, avec le soutien de la Russie, ce que Moscou avait réfuté.
Score s’annoncé serré entre les deux blocs
Deux leaders de l’opposition pro-serbe ont été condamnés en première instance à cinq ans de prison.
Le score s’annonce serré entre les deux blocs, et plusieurs petits partis, focalisés sur une économie mise à mal par l’épidémie et sur les défaillances de l’Etat de droit, pourraient jouer un rôle décisif dans la formation du nouveau gouvernement, estime l’analyste Milos Besic.
Le chômage touche 18% de la population active et le salaire moyen est de 520 euros, mais le secteur touristique, qui génère près d’un quart du PIB national, est frappé de plein fouet par les conséquences de l’épidémie.
Pouvoir inchangé depuis trois décennies
Le Monténégro est le pays balkanique le plus avancé dans les négociations d’adhésion à l’UE, mais la corruption, la question de la liberté de la presse et le crime organisé restent des préoccupations pour Bruxelles.
La lassitude d’un pouvoir inchangé depuis presque trois décennies se fait aussi ressentir dans le petit pays.
Nikola Jovanovic, homme d’affaires de 23 ans, estime que l’émigration massive de la jeunesse du pays en est la conséquence. « Que n’importe qui d’autre vienne au pouvoir, je n’ai pas vraiment de préférences, mais les changements sont très importants pour le développement de la société », dit-il.
Les bureaux de vote seront ouverts de 05H00 à 18H00 GMT. Les électeurs devront porter un masque de protection et respecter les gestes barrières.
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