Ce mercredi 24 janvier, alors que le procès de l’attentat de Trèbes se déroule aux Assises spéciales de Paris, la bande-son de l’appel passé entre le négociateur du GIGN, le colonel Beltrame et le terroriste Radouane Lakdim dont il fut l’otage, a été diffusée.
C’était il y a six ans déjà… On se souviendra toujours de cet acte héroïque où, lors de cette prise d’otages dans le Super U de Trèbes (Aude), le colonel Beltrame a pris la place d’une hôtesse de caisse, retenue par le terroriste, le 23 mars 2018.
Silence effroyable dans la salle d’audience pendant l’écoute de l’enregistrement des 16 minutes d’échanges entre le militaire, le négociateur et le terroriste. Car ce sont les derniers instants de vie du colonel qui transparaissent derrière ces paroles, puis ces bruits et ces râles, à peine audibles…
« Vous savez qui je suis ? »
Il était 14h13 lorsque le négociateur tente un appel sur le téléphone d’Arnaud Beltrame, lequel est enfermé avec le terroriste dans une petite pièce du supermarché depuis trois heures déjà. « Allô, c’est Radouane ? », demande-t-il, pensant que c’est le terroriste qui va décrocher. « Non, je suis le lieutenant-colonel Beltrame. Je suis l’otage », répond ce dernier d’une voix calme.
« Je suis Bertrand, le négociateur du GIGN. Comment allez-vous ? », demande le négociateur. « Très bien. Vous savez qui je suis ? », répond Arnaud Beltrame, gardant un ton posé. « Oui, je sais qui vous êtes », acquiesce le négociateur, qui prend alors l’ampleur des tensions.
Selon les propos recueillis par Le Parisien, le militaire indiquera alors au négociateur que Radouane Lakdim, qui a déjà abattu deux personnes, est en possession de deux armes, la sienne et celle du lieutenant-colonel.
Le terroriste prendra ensuite la parole, réclamant la libération de Salah Abdeslam, dernier terroriste survivant des attentats du 23 novembre 2015.
« Vous savez que ça ne se fait pas comme ça »… « C’est pas moi qui décide », tempère le négociateur qui espère gagner du temps. « Appelez les chefs, je suis là pour mourir », martèle l’assaillant. Le négociateur invoque alors la tristesse de la mère du jeune homme qui est présente à l’extérieur du supermarché. Mais celui-ci assène, imperturbable : « Elle est pas d’accord avec moi, ma mère, c’est une épreuve alors chacun sa tombe. (…) Après la mort il n’y a plus de lien de parenté ».
C’est à ce moment que tout bascule, des bruits et la voix d’Arnaud Beltrame, inaudible, mais qui, en cet instant précis, crie : « Attaque ! Assaut, assaut ! » Des bruits impossibles à interpréter résonnent ensuite, laissant demander au négociateur qui n’a pas pu comprendre les dernières paroles du lieutenant-colonel, « Qu’est ce qui se passe ? »
À la barre, David Corona, alors chef de la cellule nationale de négociation du GIGN, précise à la cour que « Ce dont il faut se rendre compte, c’est que votre écoute va être biaisée. Dans le feu de l’action, avec un téléphone en visioconférence, avec la saturation et les grésillements, c’était très compliqué de comprendre assaut au moment où il le dit. »
En effet, les paroles du colonel Beltrame étant inaudibles et des bruits laissant supposer qu’il y aurait eu altercation entre les deux protagonistes, il se passera alors 10 minutes, insoutenables, pendant lesquelles le négociateur tentera de reprendre le contact, ne sachant plus ce qu’il se passe.
« Tenez le coup, mon colonel! »
-« Radouane, vous m’entendez ? »
« J’entends du bruit dans la pièce, Arnaud, c’est vous ? »
« Arnaud ou Radouane, est-ce que vous m’entendez ? », mais l’écho seul du silence se fait entendre, entrecoupé de râles.
Le négociateur tente alors de s’adresser à Radouane Lakdim : « Comment tu vois la suite, dans cinq minutes, 30 minutes, une heure, qu’est-ce qui va se passer ? »
Nouveaux râles. « Arnaud c’est toi qui fais ces bruits ? Tu es blessé ? Arnaud, grogne un coup si c’est toi, un coup franc maintenant ».
Sur la bande-son, on entend alors un vacarme, des coups de feu, l’assaut a été lancé. Il est 14h27. Radouane Lakdim est abattu et on devine que les gendarmes ont découvert leur collègue. « Medic, médic ! » crient les militaires, Arnaud Beltrame présentant une importante plaie au cou.
« Tenez le coup mon colonel. Respirez, mon colonel. Allez mon colonel, ça va aller. On s’accroche, mon colonel », implore l’un d’entre eux en s’adressant au blessé.
Fin de l’enregistrement. Transféré au centre hospitalier de Carcassonne, Arnaud Beltrame décédera dans la nuit.
Dans la salle d’Assises, le président de séance lève la séance. Sur son banc, Julie L. l’ex-otage échangée par le colonel Beltrame, reste prostrée, le visage enfoui entre les mains, en larmes.
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