« Humiliés », « dénigrés », « noyés » sous les messages : d’anciens assistants parlementaires de Laetitia Avia ont évoqué mardi au tribunal de Paris leur collaboration avec elle, au procès pour « harcèlement moral » de l’ex-députée LREM.
« Je conteste fermement l’ensemble de ces allégations », a déclaré en début d’après-midi l’ancienne députée de Paris, 37 ans, qui doit être interrogée mercredi. Militante de la première heure du parti présidentiel, elle est soupçonnée de harcèlement moral sur sept de ses anciens collaborateurs entre 2017 et 2020. Quatre ont témoigné au premier jour du procès.
« Collaborateur-poubelle »
L’un d’eux a été embauché comme « directeur de cabinet » après sa victoire en juillet 2017. À la barre, Pascal* a affirmé que s’est imposé rapidement une « violence au quotidien » due aux « propos », « comportement » et « décisions de Mme Avia ». « Il y avait des moments d’absurde, de désorganisation, des commentaires extrêmement directs et secs », a-t-il décrit, estimant être devenu, peu à peu, le « collaborateur-poubelle » à qui à on « donnait toutes les tâches qu’on n’attribuait à personne ». Le jeune homme d’origine chinoise a expliqué avoir aussi été chargé de s’occuper du « site internet » et d’installer un « serveur cloud » alors qu’il venait « d’une école de commerce » et était plutôt spécialisé en « diplomatie ». Dans les boucles d’équipe sur l’application Telegram, elle parlait de lui comme « le Chinois », l’appelait « Patoche » en public, selon l’accusation.
Sur ces groupes de discussion, « tous les jours on se couchait avec la peur de rater un message, qui pouvait tomber vers 23h00, 00h30, avec des remarques ‘TTU’, ‘très très urgent’ », explique aussi Pascal. « On était vraiment noyé dans ce truc-là ». Au bout de sept mois, « j’ai terminé ce contrat dans un climat de peur, d’emprise, (…) de brun out, j’étais perdu », a-t-il dit. Interrogé par un juge du tribunal, il confirme avoir plaisanté en se présentant comme « le Chinois ». Mais « c’est confondre des moments qui peuvent être des blagues, qui ne sont pas forcément très subtiles (…), avec des remarques méchantes et racistes », a-t-il fait valoir.
Au moment du départ de Pascal, deux autres collègues ont expliqué que la députée avait créé avec eux une autre boucle Telegram, baptisée « Biiiiitch Talking », dans le but de « se moquer » de lui. De façon générale, dans la discussion d’équipe, elle « demandait qui serait disponible pour appeler son banquier ou aller chercher un médicament, je ne répondais jamais », a affirmé Simon. Il a confirmé avoir en revanche corrigé, à sa place, des copies de ses élèves de Sciences Po.
Un « coup politique » ?
Avant ces témoignages, six témoins cités par la défense ont décrit une femme « joyeuse, affectueuse, humaine », certes « ambitieuse » et « rigoureuse » mais qui n’a jamais devant eux fait preuve « d’agressivité » ou proféré des « propos racistes, misogynes, homophobes ».
Soulignant les « attaques racistes, grossophobes », les « menaces de mort » et les « insultes » que Laetitia Avia a reçues pendant ses cinq ans de mandat, le député Renaissance Guillaume Gouffier Valente, son ami, a évoqué à la barre un « coup politique », soulignant que l’article de Mediapart était sorti au moment de la présentation à l’Assemblée de la proposition de loi portée par Mme Avia contre la haine en ligne. « Qu’est-ce que les plaignants ont gagné dans cette plainte ? » a demandé une avocate des parties civiles, Me Maud Sobel. Le député a haussé les épaules : « Vous leur poserez la question ».
*Prénoms modifiés
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