Avec l’entrée en vigueur, il y a plus d’un an, de la suppression de la contribution à l’audiovisuel public à la suite d’une promesse d’Emmanuel Macron, le financement des chaînes de télévision et des stations de radio publiques françaises s’est vu modifié. Mais cette fin de ce qu’on appelait autrefois la redevance télé n’a pas engendré de baisse du montant alloué au secteur annuellement, qui a même atteint pour la première fois, cette année, le pallier des 4 milliards d’euros. Cette somme continue aujourd’hui de susciter beaucoup de critiques.
La fin de la redevance
L’actuel locataire de l’Élysée avait promis lors de la dernière élection présidentielle de supprimer la redevance pour les 27,6 millions de Français assujettis à ce prélèvement. C’était chose faite trois mois après sa victoire face à Marine le Pen.
Cependant, cette redevance, qui représentait jusqu’alors la part principale du budget de l’audiovisuel public (environ 80 %), a été remplacée à partir du budget 2023 par une fraction de la TVA. Cette solution provisoire a été réitérée pour les fonds alloués à ce secteur pour l’année 2024, mais si le gouvernement entend se servir une troisième fois de la taxe sur la valeur ajoutée, il devra réformer la Loi de finances organique relative aux lois de finances (LOLF) de 2021
4 milliards d’euros pour 2024
La suppression de la redevance n’a pas été synonyme de coupe budgétaire pour le service public audiovisuel. Depuis son remplacement par la TVA, les maisons mères de France Inter et de France 3 ont vu leurs portefeuilles se remplir. En 2023, l’État leur consacrait 3,81 milliards d’euros contre 3,70 milliards en 2022.
Et en septembre dernier, l’ex-ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak annonçait dans le cadre des « projets de transformation et modernisation » de l’audiovisuel public une hausse des moyens financiers de 2024 à 2028. Pour l’année 2024 une augmentation de 6 % du budget de l’audiovisuel par rapport à l’année précédente a été décidée, le faisant ainsi passer de 3,81 à 4,025 milliards d’euros.
Dans les détails, France Télévisions et Radio France représentent respectivement 2,57 milliards et 668 millions d’euros. Ils sont suivis par la société en charge de la diffusion internationale de programmes français, France Médias Monde (France 24, RFI…) à qui on octroie 304 millions d’euros, Arte (294 millions), l’Institut National de l’Audiovisuel (108 millions) et la chaîne TV5 Monde (83 millions). Par rapport à 2023, c’est l’INA, Radio France et France Télévisions qui profitent de la plus forte augmentation des moyens financiers (+13 , 6,7 et 5,6 %). De son côté, TV5 monde a bénéficié d’une hausse de son budget de seulement 3 %.
D’ici à 2028, les fonds dédiés à l’audiovisuel public pourraient même représenter 4,2 milliards d’euros, à condition que certains objectifs soient atteints.
Les débats autour de l’argent octroyé
Mais la somme allouée chaque année fait l’objet de nombreuses critiques voire polémiques depuis des années. Certains la jugent trop élevée et estiment que l’argent devrait être mieux utilisé. C’est le cas de quelques personnalités de l’audiovisuel privé.
« On donne près de 4 milliards d’euros par an à France Télévisions et Radio France. On pourrait refaire des hôpitaux ou acheter des autos pour la police avec tout cet argent… Privatisez-moi ça ! », s’indignait il y a tout juste un an l’animateur de C8 et présentateur de l’émission Touche pas à mon poste, Cyril Hanouna.
« C’est votre argent ! […] J’espère que Rachida Dati va s’attaquer à l’audiovisuel public », chargeait récemment le présentateur de Cnews Pascal Praud dans l’Heure des Pros.
Du côté des politiques, c’est plutôt à la droite de la droite de l’échiquier politique que la critique du budget du secteur publique de l’audiovisuel est récurrente. Pendant la campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron n’était pas le seul à proposer la suppression de la redevance. Cette mesure figurait aussi dans les programmes d’Éric Zemmour et de Marine le Pen.
Et la diffusion d’un « complément d’enquête » sur Jordan Bardella ce 19 janvier a d’ailleurs suscité une polémique à ce sujet, certains dénonçant une utilisation de l’argent public à des fins idéologiques. « Complément d’enquête prise en flagrant délit de propagande stalinienne anti-Bardella, payée aux frais du contribuable. L’ancien présentateur et rédac-chef de l’émission Jacques Cardoze révèle ses méthodes », avait réagi sur X, la députée RN du Pas-de-Calais, Caroline Parmentier. « L’audiovisuel public coûte 4 milliards d’euros, chaque année, au contribuable. En 2027, ça sera terminé », avait quant à elle publié sur le même réseau social la députée frontiste du Var Laure Lavalette.
L’audiovisuel public français, avec le remplacement de la redevance par une fraction de la TVA reste toujours financé par la contribuable et une grande réforme du secteur est l’un des nombreux dossiers que la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati va devoir traiter. Aura-t-elle seulement le temps ? Les municipales ne sont plus que dans deux ans et l’actuel locataire de la rue de Valois a annoncé le 17 janvier sa candidature à la mairie de Paris en 2026.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.