Dans un entretien paru dans L’Obs le 27 février, Aurélien Taché est revenu sur les actes anti-juifs commis ces dernières semaines.
Alors que de nombreux chroniqueurs ont estimé que la recrudescence des actes antisémites s’expliquait par l’essor de l’islamisme radical, soulignant que tous les crimes commis en France contre les juifs depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’avaient été par des islamistes, le député du Val-D’oise considère pour sa part qu’il ne faut pas faire des « musulmans des quartiers populaires un autre bouc émissaire ».
« Il y a un antisémitisme en banlieue. Mais il ne prend pas sa source dans l’immigration ou dans les versets du Coran, comme j’entends Manuel Valls le dire. Il la prend dans l’ignorance et le sentiment anti-élites », affirme Aurélien Taché.
« ll y a des quartiers où l’islam politique est en train de prendre le contrôle, il faut l’éradiquer. Il y a aussi des classes où l’on ne peut pas enseigner la Shoah, c’est inadmissible. Mais il ne faut pas exagérer, il n’y a pas cent cinquante Molenbeek en France, ce n’est pas vrai ça ! », poursuit l’ancien membre du Parti socialiste.
Et le jeune député de vouloir miser sur l’éducation pour faire disparaître l’antisémitisme « des quartiers » :
« Si on veut voir disparaître l’antisémitisme dans les quartiers, on devrait faire ce que conseille Benjamin Stora depuis des décennies : enseignons à ces jeunes, dont l’histoire trouve ses racines au Maghreb, des récits de mémoire partagée entre juifs et musulmans. »
Alors que des dizaines de milliards d’euros ont déjà été dépensés dans les quartiers ces 30 dernières années, et malgré le rejet du plan Borloo, Aurélien Taché estime que les banlieues doivent continuer à percevoir davantage de crédits publics, et ce, au détriment de la France périphérique dont le sort ne semble pas émouvoir le député malgré la raréfaction des services de l’État et la baisse de l’emploi.
« Assumer une logique de discrimination positive territoriale »
Se refusant à émettre tout diagnostic culturel et sécuritaire sur les banlieues, l’ancien président de l’Unef de Limoges considère que l’octroi d’argent public suffira à résoudre le malaise bien réel de ces territoires. Une méthode qui n’a pour l’instant jamais fait recette.
« Ce n’est pas non plus dans la France périphérique mais dans les quartiers et les grandes villes que se concentre la pauvreté. Notre priorité doit être de l’y faire reculer et d’investir dans les établissements scolaires qui y sont sous-dotés et où les profs absents ne sont pas remplacés. Nous avons commencé à le faire en limitant à douze élèves les classes de CP. Il y a plus de difficultés dans ces quartiers, il faut y mettre plus de moyens et assumer une logique de discrimination positive territoriale », assure le trentenaire.
Des fonds publics que le député propose de confier directement à des « conseils citoyens » implantés dans les quartiers :
« Je propose aussi qu’on fasse confiance à la banlieue. Des conseils citoyens sans réel pouvoir existent dans les mille trois cents quartiers prioritaires de la politique de la ville. »
« Qu’on leur confie l’utilisation des crédits du ministère chargé de la Ville plutôt que de les laisser à des hauts fonctionnaires qui ne connaissent pas le terrain. La banlieue a presque 60 ans, arrêtons de la prendre pour une enfant ! C’est ce changement de méthode qu’Emmanuel Macron a voulu impulser et qu’il faut concrétiser », confie celui qui n’avait pas hésité à prendre la défense de Maryam Pougetoux – responsable de l’Unef de Paris-IV critiquée pour son port du voile lors d’une interview accordée à M6 en mai 2018.
« LREM ne doit pas reproduire les erreurs du passé »
Parfois accusé de complaisance à l’égard des minorités, le député du Cher François Cormier-Bouligeon lui avait ainsi reproché de défendre « des positions plus proches du communautarisme que de la laïcité » en septembre dernier, Aurélien Taché entend continuer à faire valoir ses idées.
« LREM ne doit pas reproduire les erreurs du passé. Il nous faut des listes vraiment inclusives aux prochaines municipales. Aujourd’hui, il n’y a pas un Noir ou un Arabe parmi les maires des cinquante plus grosses villes. Nous devons changer cela. Cette question de la représentativité est essentielle pour ramener les jeunes dans la démocratie », conclut le député du Val-d’Oise.
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