Feux de forêt, sécheresse, inondations… La récurrence des calamités météorologiques pousse des fermiers de l’arrière-pays australien à se mobiliser pour le combat climatique, un enjeu électoral majeur dans un pays montré du doigt pour son bilan carbone.
L’immense île-continent, qui a assis un quart de siècle de croissance économique ininterrompue sur ses mines et ses exportations de charbon, est un des pays qui, par habitant, pollue le plus. Et son Premier ministre de centre-droit Scott Morrison est très critiqué pour son inaction sur le dossier climatique. Mais l’enchaînement de phénomènes météorologiques extrêmes ces derniers mois a contribué à persuader de nombreux Australiens que leur pays n’avait pas pris la mesure de la catastrophe en cours.
L’Australie a enregistré en mars pour le quatrième mois consécutif un record de chaleur qui a alimenté de graves feux de forêts. Les agriculteurs du Queensland ont été de leur côté confrontés en début d’année à un long épisode de pluies diluviennes qui a entraîné des inondations exceptionnelles et tué des centaines de milliers de têtes de bétail. L’assureur AIG estime qu’entre 2007 et 2016, les catastrophes naturelles ont coûté 11 milliards de dollars australiens (6,8 milliards d’euros) à cet Etat du nord-est de l’Australie.
Les classes moyennes et supérieures des grandes villes australiennes ont longtemps été les plus sensibilisées à la question environnementale. Mais les dérèglements du climat ont aussi entraîné un début de prise de conscience chez des agriculteurs du Queensland. Quand il y a un demi-siècle la famille de Simon Gedda a pris possession de sa ferme à environ deux heures de Rockhampton, la « capitale du bœuf » australien, elle a fait ce que tous les autres éleveurs faisaient dans l’« Outback ».
Elle a coupé les arbres, réduit la végétation au strict minimum et épandu autant de produits chimiques que possible pour se faciliter la tâche. Le cyclone de catégorie 4 qui a frappé en 2017 a cependant été celui de trop, celui qui a poussé M. Gedda à remettre ses méthodes en question et à rallier le groupe de pression des Agriculteurs pour une action climatique, qui compte aujourd’hui 5.000 membres.
« Notre rivière a reçu 1.000 millimètres d’eau en 14 heures », raconte-t-il. « Ce n’était pas juste une inondation quelconque. C’était incroyable. C’était exactement ce qu’avaient prédit les scientifiques ». Denis Couture, lui, cultive tomates et piments à Bowen, à quelques dizaines de kilomètres au nord des énormes terminaux portuaires de chargement de charbon de Hay Point. Mais il n’utilise aucune énergie fossile. Que des panneaux solaires. « Les énergies renouvelables sont tellement abondantes en Australie. Il y a du vent partout, du soleil partout », dit-il à l’AFP sous un grand ciel bleu.
Pour le cultivateur Simon Mattsson, des décennies de mauvaises pratiques agricoles et la déforestation ont contribué à la dégradation des sols et au réchauffement climatique. Les agriculteurs ont selon lui une responsabilité fondamentale. « Si l’Australie espère maintenir un bon niveau de production agricole, il lui faut des sols sains », affirme à l’AFP M. Mattsson, qui a opté pour la diversification des cultures pour mieux nourrir les sols. Les habitants du Queensland, surnommé « l’Etat ensoleillé », ne sont bien sûr pas les seuls Australiens à faire part de leur frustration quant à l’inaction des politiques.
Les sondages montrent en effet une prise de conscience de plus en plus forte, au point que l’environnement et le climat pourraient être le critère majeur des élections de samedi. Les principaux partis australiens n’ont cependant jamais pris le problème à bras-le-corps car les impératifs environnementaux sont bien souvent en contradiction avec les exigences du lobby minier. Le Queensland est le cœur de la production de charbon du pays, un secteur qui emploie plus de 20.000 personnes uniquement dans le centre de l’Etat.
Pour beaucoup d’hommes politiques, défendre le climat revient à menacer ces emplois et à risquer de se couper de l’industrie minière et de ses syndicats, et d’une source de financements précieux. M. Morrison a affirmé que l’Australie respecterait ses engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat, mais « pas s’ils mettent en péril l’avenir économique de nos enfants ». Les travaillistes se sont engagés sur une part de renouvelables de 50% à l’horizon 2030. Mais, soutenus par les syndicats, ils se montrent très timides sur une sortie totale du charbon.
D.C avec AFP
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