Le policier qui a tué par balle mardi un automobiliste au terme d’une course-poursuite en scooter à Paris a été mis en examen jeudi et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer sa fonction de gardien de la paix, a annoncé le parquet.
À l’issue de sa garde à vue, le fonctionnaire de 23 ans a été mis en examen pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique », a précisé le parquet.
Cette qualification des faits est un crime et relève donc de la cour d’assises.
Outre l’interdiction d’exercer, son contrôle judiciaire prévoit une interdiction de détenir ou de porter une arme, conformément aux réquisitions du parquet.
Selon les premiers éléments de l’enquête, la victime, 26 ans, conduisait mardi soir une voiture avec un défaut d’éclairage et avait pris la fuite après avoir refusé de se soumettre à un contrôle de police dans un quartier proche des Halles, dans le centre de la capitale.
Le fonctionnaire de police était alors monté à l’arrière du scooter d’un particulier passé par là et tous deux avaient pris en chasse la voiture, qui s’était retrouvée bloquée près de deux kilomètres plus loin, rue Condorcet dans le 9e arrondissement.
« Le policier est alors descendu du scooter et l’a sommé d’obtempérer. Mais quand le véhicule a fait marche arrière et percuté le scooter, le fonctionnaire a tiré un coup de feu », le blessant mortellement au thorax, a rapporté une source proche du dossier.
Colère de l’avocat
« J’exprime ma colère devant une réponse pénale en total déséquilibre avec les faits », a réagi jeudi soir l’avocat du policier, Me Laurent-Franck Liénard.
« Il a totalement respecté le cadre légal de l’usage de la force ; il tire en légitime défense des autres, pour protéger les citoyens qui risquent d’être renversés par cet homme« , a-t-il estimé, dénonçant la sévérité du contrôle judiciaire.
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN, la police des polices), ainsi que la police judiciaire parisienne ont été chargées de l’enquête.
L’automobiliste, prénommé Romain, était originaire de Draveil, dans l’Essonne. Selon Le Parisien, son père a saisi mercredi l’IGPN pour dénoncer un « homicide volontaire ».
Le jeune homme a déjà été condamné
En février 2018, le jeune homme avait été condamné à Evry pour « conduite malgré une annulation de permis », « refus d’obtempérer exposant autrui à un risque de mort ou d’infirmité » et « menaces sur une personne dépositaire de l’autorité publique », a indiqué une source judiciaire.
Un mois après qu’un policier a tué un jeune homme à Nantes lors d’un contrôle, déclenchant des nuit de violences, cette affaire a fait ressurgir la question de l’usage des armes à feu par les forces de l’ordre.
Selon le code de la sécurité intérieure, les policiers peuvent tirer « en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée » notamment « lorsqu’ils ne peuvent immobiliser, autrement que par l’usage des armes, des véhicules (…) dont les conducteurs n’obtempèrent pas à l’ordre d’arrêt et dont les occupants sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui ».
« Tout le monde a pris peur et s’est planqué sous les tables »
« On était à la terrasse d’un café quand on a vu la voiture débouler avec le scoot qui le suivait et tout à coup ça a fait « boum », c’est là où la voiture a tapé le scoot », a raconté jeudi à l’Agence France Presse (AFP) Fabienne, témoin de la scène.
« Le policier criait : « Arrête toi ! Arrête toi !. Et là il y a eu le coup de feu. Tout le monde a pris peur et s’est planqué sous les tables ».
« Le policier a extrait le conducteur, il l’a menotté mais il pensait qu’il l’avait seulement touché au bras parce que c’est là que ça saignait abondamment. On voyait que le policier était perdu (…) parce qu’on voyait pas la blessure au thorax », a-t-elle expliqué.
D. S avec AFP
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