La France a décidé de s’abstenir lors du vote sur la proposition de Bruxelles de reconduire pour dix ans l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne, rendant a priori impossible l’obtention de la majorité qualifiée requise pour la valider, a annoncé à l’AFP le ministre français de l’Agriculture.
« On a dit, depuis le début, que la proposition de la Commission telle qu’elle est formulée, 10 ans sans conditions, ne correspondait pas à la trajectoire » décidée par la France depuis plusieurs années, a justifié Marc Fesneau.
La France propose de « restreindre les usages là où il y a des alternatives pour faire en sorte qu’il y ait moins de glyphosate », un herbicide controversé. Toutefois, il pourra être autorisé là où il n’y a pas de solutions techniquement ou économiquement viables, comme les zones montagneuses par exemple, a-t-il rappelé.
Pour que le texte proposé par la Commission en septembre soit adopté, il doit obtenir la majorité qualifiée – soit 15 États sur 27, représentant au moins 65% de la population européenne. Or Autriche et Luxembourg ont annoncé qu’ils voteraient contre, Pays-Bas et Belgique qu’ils allaient s’abstenir. L’Allemagne avait annoncé jeudi qu’elle ne soutiendrait pas non plus la réautorisation du glyphosate. Selon Marc Fesneau, Berlin a finalement décidé de s’abstenir.
« Faire en sorte que tout le monde soit sur notre ligne »
Si aucune majorité qualifiée en faveur du texte ne se dégage vendredi, un autre vote interviendra courant novembre. S’il n’y a toujours pas de majorité suffisante pour soutenir la proposition d’ici l’expiration de l’autorisation actuelle au 15 décembre, la Commission pourra décider seule de prolonger le feu vert au glyphosate car seule une majorité qualifiée d’États opposés au texte peut le bloquer. « On va se battre pour faire en sorte que tout le monde soit sur notre ligne », a souligné Marc Fesneau.
La question des effets du glyphosate sur la santé n’a jamais été tranchée, en l’absence de consensus scientifique sur son éventuelle dangerosité.
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