En Chine, un enseignant a été placé en détention pendant quinze jour après avoir eu l’audace de commenter sur internet la manière dont les autorités géraient le virus du PCC.
L’annonce de cette incarcération a eu pour effet immédiat de mettre fin au débat en ligne sur la question de savoir si le régime chinois devait changer son approche de « tolérance zéro » vis-à-vis du virus du PCC (Parti communiste chinois), communément appelé nouveau coronavirus, dans un contexte de reprise épidémique due au variant Delta.
Depuis le début de l’année 2020, le régime chinois a imposé des mesures de confinement et de quarantaine draconiennes face à la propagation du virus du PCC. De nombreux citoyens se sont retrouvés sans aide et sans accès aux produits de premières nécessité.
Le 31 juillet, Zhang Wenhong, l’un des plus célèbres spécialistes du Covid-19 en Chine et directeur du centre des maladies infectieuses à l’hôpital Huashan de Shanghai, a publié sur son blog un article dans lequel il affirmait que le virus du PCC était parti pour durer. Selon lui les autorités devaient trouver « la manière de coexister avec le virus ».
Le 7 août, le Quotidien du Peuple a riposté avec une étude de Gao Qiang, le conseiller général de l’Association chinoise de l’économie de la santé et ancien ministre chinois de la Santé. Dans cette étude « coexister » avec le virus n’était en aucun cas une option et le régime devait rester ferme dans sa volonté d’enrayer l’épidémie.
Mener une politique de coexistence c’était s’aligner sur la stratégie bancale des États-Unis ou d’autres pays démocratiques. « Cette erreur concernant le Covid est due aux déficiences de leur système politique et résulte de la préservation de l’individualisme », a-t-il écrit.
Le 8 août, à l’instar de M. Gao, un grand chercheur du think tank Kunlunce de Pékin a déclaré que la coexistence était une forme de « capitulation ».
L’épidémie allant croissant, de nombreux Chinois ont remis en question la logique de M. Gao sur les réseaux sociaux tout en débattant sur la question pendant plusieurs jours – jusqu’à ce qu’un internaute soit arrêté.
« La coexistence » versus « la tolérance-zéro »
Ce débat entre « la coexistence » ou « la tolérance-zéro » est apparu dans un contexte de reprise épidémique en Chine. En effet, depuis la fin du mois de juillet le virus s’est répandu de Nanjing, dans le Jiangsu, vers plus d’une douzaine de provinces.
Dans l’article de son blog, Zhang Wenhong signalait que le virus du PCC allait devenir endémique, saisonnier, comme le virus de la grippe et que la Chine allait devoir apprendre à vivre avec. Les médias chinois ont immédiatement donné un nom à son hypothèse, alors devenue la « théorie de la coexistence ».
« Que nous le voulions ou non, à l’avenir il y aura probablement de nouvelles épidémies de Covid-19… Les vagues auxquelles nous venons d’assister ne seront pas les pires. Le plus difficile pour nous sera de trouver la manière de coexister avec le virus sur le long terme », pouvait-on lire.
Zhang Wenhong ne s’est pas montré opposé aux mesures strictes du PCC, mais a appelé à faire preuve de clairvoyance.
Pour attaquer la théorie de la coexistence de Zhang Wenhong, Gao Qiang a fait valoir qu’elle s’alignait sur les méthodes américaines aux antipodes des méthodes chinoises. Pour faire face à l’épidémie, seul le renforcement des mesures de confinement était défendable, l’élimination du virus par tous les moyens humainement connus.
« [Il faut] utiliser la méthode d’une isolation rigoureuse pour mettre fin à la transmission du virus aussi rapidement que possible. Cela peut permettre de le cloîtrer et de réduire son champs d’action, ensuite il s’auto-éliminera et s’autodétruira (dans le corps les patients), a-t-il écrit. Je pense que dans la relation [entre le virus du PCC et l’homme], un seul des deux peut subsister, et c’est à lui de disparaître pour que je vive. »
Pour étayer sa théorie, Gao Qiang a ajouté : « Il n’y a jamais eu de coexistence à long terme avec des virus dans l’histoire de l’humanité », faisant fi de la grippe entre autres virus qui prolifèrent depuis des décennies.
Ainsi a-t-il défendu « la tolérance-zéro » telle que mise en place par le régime chinois, avec une fermeture accélérée des frontières et un renforcement des mesures de quarantaine dans les régions touchées par l’épidémie.
Depuis la première vague mondiale du virus du PCC qui a débuté à Wuhan, en Chine, fin 2019, le régime chinois n’a pas versé un centime pour aider la population. Lors de la quarantaine des zones résidentielles, il n’a fourni aucun produit de première nécessité.
La politique de la « tolérance-zéro » a affaibli l’économie chinoise, ce qui est sensible, bien que le régime n’ait publié aucune information à ce sujet. Selon un article de Reuters du 9 août, les prêts de la Chine ont chuté de moitié entre le mois de juin et le mois de juillet.
Un enseignant incarcéré
Le 11 août, Zhang Guoliang, un enseignant du secondaire de la ville de Fengcheng, dans la province du Jiangxi (à l’est de la Chine), a été placé en détention du fait de certains propos tenus en ligne. La police de la ville a confirmé qu’il allait être détenu pendant 15 jours.
Le 10 août, Zhang a commenté sur la plateforme de médias sociaux Toutiao un reportage du média d’État The Paper au sujet de la reprise épidémique dans la ville de Yangzhou, dans la province orientale du Jiangsu.
Il a écrit : « Yangzhou n’est pas grande en termes de superficie et de population. Ne serait-il pas possible pour [le régime] de tester la ‘coexistence avec le virus’ à Yangzhou, de relâcher les mesures strictes ? Nous pourrions alors voir les effets, ce qui pourrait aider [le régime] à nous adapter face au virus. Ce n’est qu’une suggestion. S’il vous plaît, ne me critiquez pas ! »
Le 11 août, Zhang supprimait son commentaire, et postait : « Je regrette sincèrement la faute que j’ai commise… Je vous demande instamment pardon et j’accepte sincèrement d’être puni. »
Certains médias chinois ont relayé que le cas de Zhang était typiquement celui d’un internaute arrêté pour avoir propager de la désinformation. Mais selon deux avocats de Shanghai cité dans The Paper, le commentaire de Zhang ne violait aucune loi, car il soumettait simplement une idée qu’il jugeait bonne.
Cautionné par les avocats, The Paper a contacté les autorités et la commission des affaires politiques et juridiques de la ville de Fengcheng pour ajourner la détention, recevant pour toute réponse : « Nous allons allons étudier le dossier. »
Nicole Hao est une journaliste basée à Washington et spécialisée dans les sujets liés à la Chine. Avant de rejoindre le groupe Epoch Media en juillet 2009, elle a travaillé en tant que responsable produit pour une entreprise ferroviaire à Paris.
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