Antony Macaris allait fêter ses 19 ans et épatait par ses prouesses au golf : le meurtre de ce jeune homme d’un quartier pauvre de Montevideo a choqué l’Uruguay. Abattu le 24 avril d’une balle en plein cœur par deux délinquants qui venaient de lui voler son sac à dos, Antony Macaris était considéré comme un jeune espoir du golf uruguayen. Il avait suivi un programme d’apprentissage de ce sport destiné aux jeunes de son quartier, quartier aux rues parfois bordées de simples bâtisses en tôle. « Il avait une chance de s’en sortir et il l’a saisie, mais malheureusement son environnement ne le lui a pas permis », déplore, auprès de l’AFP, le vice-président du club de golf Nelson Pérez. Mais « il ne faut pas perdre espoir. Le pire est arrivé, mais nous allons redoubler d’efforts pour donner un coup de main à ces gamins ».
Antony est le dernier exemple d’une liste d’homicides qui ne cesse de s’allonger, comme l’a reconnu le ministre de l’Intérieur Edouardo Bonomi : « Cette année, si cela continue comme ça, il y aura une hausse » des meurtres par rapport aux 283 enregistrés en 2017. Traditionnellement réputé pour sa tranquillité, l’Uruguay, petit pays de 3,5 millions d’habitants niché entre l’Argentine et le Brésil, reste loin du niveau de criminalité du reste de la région. Selon le centre de recherches Insight Crime, il était en 2016 le 15e pays sur les 19 d’Amérique latine et des Caraïbes en taux d’homicides pour 100 000 habitants. Ce n’est pas donc pas un hasard si ses plages de sable blanc et sa station balnéaire chic de Punta del Este sont prisées par les Argentins et Brésiliens, qui y trouvent la sécurité qu’ils n’ont pas chez eux. Ironie du sort, c’est justement en plein Pocitos, quartier bourgeois de Montevideo, qu’un touriste brésilien est mort il y a quelques semaines, victime d’une balle perdue qui a traversé la paroi de l’appartement qu’il louait pour le weekend lors d’une course-poursuite entre policiers et délinquants.
Un pays considéré comme un paradis
Alors que les statistiques montrent une hausse du taux d’homicides de 5,7 à 8,4 pour 100 000 habitants entre 2005 et 2015, les critiques fusent contre le Frente Amplio (gauche), au pouvoir depuis 13 ans et accusé de laxisme. « Pendant un moment, le gouvernement a eu du mal à comprendre ce qu’était la répression, ce qui était lié à des questions philosophiques et idéologiques », affirme à l’AFP l’ex-commissaire de police Robert Parrado. L’ancien président José Mujica (2010-2014) était lui-même un ex-guérillero, comme le ministre Bonomi. De là en découlent un sentiment d’« impunité » et « un exercice de l’autorité avec culpabilité », ajoute-t-il. Cette hausse de la criminalité, qui surprend les habitants habitués à considérer leur pays comme un paradis au milieu d’une région violente, est devenue le sujet de préoccupation principale, accaparant les unes des journaux et les débats télévisés.
Explosions de distributeurs automatiques la nuit, attaques à main armée de supérettes, balles perdues touchant des enfants dans les quartiers pauvres : tant bien que mal, le pays a dû s’habituer à cette nouvelle violence, qui se double, au sein des foyers, d’une hausse des meurtres machistes. Mais dans une Amérique latine où le narcotrafic est omniprésent, les armes faciles à trouver et les frontières pas toujours étanches, l’Uruguay ne pouvait peut-être pas échapper plus longtemps à cette tendance de fond. Selon les chiffres officiels, 60 % des homicides sont dus à des règlements de compte entre délinquants, principalement liés au trafic de drogue.
« Nous sommes convaincus que l’augmentation de la violence en Uruguay n’est pas le produit du renforcement des bandes de délinquants mais plutôt de l’affrontement entre ces bandes », assurait récemment le ministre Bonomi, interpellé par l’opposition au Parlement. Depuis plusieurs années déjà, le pays s’est résigné à se protéger plus : les taxis sont équipés d’une paroi séparant le conducteur des passagers, les mesures de sécurité ont été renforcées dans les événements sportifs et les stations essence n’acceptent plus l’argent liquide la nuit.
DC avec l’AFP
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