Aux Emirats, le ramadan permet aux expatriés de raviver leurs traditions

Par afp
29 mai 2019 11:20 Mis à jour: 13 juillet 2019 12:27

Nida Mohammed, résidente irakienne des Emirats arabes unis, a parcouru avec sa famille les 100 kilomètres séparant Fujairah de Sharjah afin d’acheter des douceurs typiques de son pays pour l’iftar, le repas de rupture du jeûne du ramadan.    

« Là-bas (à Fujairah), on ne trouve pas de produits irakiens », dit Mme Mohammed à l’AFP en allant chercher dans un magasin de Sharjah une commande d’un jus de raisin populaire en Irak. « Nous venons de loin pour nous réunir avec d’autres Irakiens. Des endroits comme (ce magasin) nous rappellent le pays », explique-t-elle. La fédération des Emirats compte quelque neuf millions d’expatriés du monde entier, soit près de 90% de la population.

Pour les travailleurs étrangers de confession musulmane, le ramadan peut être un moment de réflexion et de prière, mais ce mois saint est aussi l’occasion de faire revivre leurs traditions. Loin de chez eux, des migrants d’Asie du sud ou des ressortissants de pays arabes parfois en guerre continuent de goûter à leur culture grâce aux aliments et desserts de leurs régions.

« Chaque pays a sa propre culture quand il s’agit de desserts », affirme à l’AFP le Syrien Samer al-Kasir, directeur d’Al-Sultan, une pâtisserie de Dubaï. « Ces desserts sont confectionnés selon les traditions syriennes », explique-t-il en montrant du doigt une mosaïque de petites pâtisseries soigneusement emballées. Divers produits sont placés près des portes, prêts à être livrés dès que le soleil se couche et que les musulmans rompent le jeûne.

Des hommes, des femmes et des enfants regardent les délicieuses friandises exposées dans des réfrigérateurs, chacun prenant son temps avant de commander. Le Syrien Nashat Wali vit aux Emirats depuis 14 ans et raconte que « davantage de ressortissants et d’investisseurs syriens ont commencé à venir ici en 2012-2013 » après le début en 2011 du conflit dans leur pays, et que depuis, « leurs mets ont commencé à se répandre » aux Emirats.

A environ 35 kilomètres au nord de Dubaï, Al Rabat Sweets and Bakery, dans l’émirat de Sharjah, connaît une affluence croissante. Le magasin a ouvert ses portes en 2006 pour servir la communauté irakienne des Emirats, précise à l’AFP son propriétaire Wissam Abdelwahab. « Les Irakiens n’avaient pas d’endroit spécial, alors j’ai ouvert ce lieu, parce qu’une partie de la pâtisserie est différente des autres cultures (arabes) », dit-il.

« La plupart de nos clients sont Irakiens, ils considèrent cet endroit comme celui qui les rassemble. Nous recevons nos marchandises d’Irak, des choses qui peuvent être difficiles à trouver ici. » Pour Saad Hussein, un client, les produits proposés et l’esprit du ramadan lui rappellent son enfance, en particulier un vieux jeu irakien appelé Mheibes. « C’est un jeu célèbre à Bagdad, il se joue généralement pendant le ramadan », dit-il.

Pour jouer à Mheibes, les hommes traditionnellement de deux quartiers différents, sont divisés en deux groupes. Chaque équipe doit deviner quel membre de l’équipe adverse cache un anneau, ou mahbas, dans sa main. « Pendant le jeu, de la nourriture et des sucreries du ramadan sont distribuées », ajoute M. Hussein.

Des boîtes jaunes de biscuits jordaniens Tutu sont empilées près du comptoir. M. Abdelwahab explique que le produit, bien qu’il ne soit pas irakien, représente quelque chose d’important pour ses compatriotes. Pendant la guerre d’Irak des années 1990, les gens n’avaient guère accès aux sucreries de l’étranger, à l’exception de ce produit, explique-t-il.

Dans le district d’Al Satwa à Dubaï, Ahmed Naveed, originaire du Pakistan se tient devant la boutique familiale et prend des commandes pour différents types de samosas. Des résidents de tous les milieux, y compris des Emiratis, font la queue dans la rue achalandée pour y acheter leurs pâtisseries frites et cuites au four pour l’iftar.

Une Indienne, Qudsia Osman, passe en voiture avec sa mère et décide de s’arrêter. « C’est très tentant. Quand nous sommes passées, nous avons été emballées » par les odeurs, dit-elle à l’AFP en se félicitant que les Emirats aient inclus un éventail de communautés. « Je suis née et j’ai grandi à Dubaï c’est mon foyer », souligne-t-elle.

Le Pakistanais Mohammed Shiraz, qui vit aux Emirats depuis près de 20 ans, considère également ce pays comme chez lui. Il profite des offres et promotions du ramadan car, au Pakistan, tout est selon lui plus cher à cette période. « Autrefois, les préparations alimentaires se faisaient à la maison, y compris les desserts », se rappelle M. Abdelwahab. « C’est ma mère, bien sûr, qui les faisait. Sa nourriture est de loin la meilleure de tout ce que j’ai jamais mangé ».

D.C avec AFP

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