Dans l’ouest français, les maisons Providenti’elles accueillent des femmes de tous âges et toutes catégories socio-professionnelles vivant une situation d’isolement.
« Je fais cet effort d’aller vers l’autre parce que je sais que j’ai besoin de retrouver de la vie sociale, j’ai besoin de retrouver un lieu où je vais vivre des choses avec les autres », résume Anne Huc, fondatrice de la structure, à propos des femmes qui passent la porte des Providenti’elles.
Cette ancienne enseignante, mère de quatre enfants, a souhaité mettre en œuvre un lieu de rencontre pour toutes ces femmes qui, dans leur parcours de vie, subissent pour des raisons diverses, une rupture socio-affective.
» Des sociétés fortement communicantes mais faiblement rencontrantes »
« Cela peut être une rupture familiale ou professionnelle, cela peut être un problème de santé, un abandon ou un ressenti d’abandon, dans l’enfance ou à l’âge adulte. Elles peuvent avoir perdu un enfant, avoir vécu des violences. En fait, elles ont toutes, à un moment ou à un autre, eu un accident de vie », détaille Mme Huc à Epoch Times. Cette mère de famille de 45 ans, toujours très impliquée dans le tissu associatif, a très vite pris conscience de la réalité sociale de certaines femmes, disposant de revenus, ayant un toit et de la nourriture, mais subissant une forme d’isolement.
Une étude de la Fondation de France, parue en janvier 2024, révèle qu’une personne sur dix en France subit une situation d’isolement total, l’isolement se définissant ainsi : « Une personne est isolée lorsqu’elle ne rencontre pas physiquement les membres de cinq réseaux de sociabilité : le travail, la famille, les relations amicales ou professionnelles et le milieu associatif », selon la chercheuse au Cerlis Séverine Dessajan. L’étude a révélé qu’une personne sur trois n’a aucun ou un seul réseau de sociabilité. Parallèlement, une personne sur cinq indique se sentir régulièrement seule.
Commentant ces chiffres en hausse, Gilles Lipovetsky, professeur agrégé de philosophie et auteur de l’Ere du vide, estime que la société de consommation est devenue une société de fabrication des solitudes par la privatisation des modes de vie et la dissolution des lieux traditionnels de sociabilité : « Nous avons des sociétés fortement communicantes mais faiblement rencontrantes ».
Bientôt quatre maisons Providenti’elles
En 2021, Anne Huc et Anne de Rocquigny ont ouvert la première maison Providenti’elles à Nantes, quartier Saint-Félix. Mais face au succès rencontré, les deux amies ont aussi ouvert deux nouvelles structures à Angers et à La Roche-sur-Yon en 2024.
Ouvertes du lundi au vendredi de 9 heures à 18 heures, les maisons accueillent donc les femmes en journée afin de leur offrir un espace chaleureux où prendre un café, amener son déjeuner afin d’échanger avec d’autres personnes, mais aussi participer ou animer des ateliers. Un espace de coworking est aussi mis à leur disposition dans le cadre de leur activité professionnelle.
Les femmes qui souhaitent s’inscrire dans la structure suivent un cursus d’accueil, avec une réunion de présentation collective suivie d’un entretien individuel avec la coordinatrice de chaque maison. Celle-ci évaluera le bien-être de la personne afin, éventuellement, de la réorienter vers d’autres structures plus adaptées si cela est nécessaire. Elle évaluera également la disponibilité de la « candidate » qui doit pouvoir se rendre aux Providenti’elles en semaine pour participer aux ateliers mais également donner un peu de son temps. Un engagement minimal de trois mois est requis.
« C’est plutôt un engagement moral entre les maisons et les Providenti’elles, c’est de pouvoir s’engager sur un minimum de trois mois parce que on a constaté que le lien ne se fait pas en deux minutes, explique Anne Huc. Cela arrive aussi que, parfois, les femmes regagnent un emploi avant trois mois. Évidemment, on est heureux pour elles si elles retrouvent une activité et que c’est une activité qui leur plaît ! »
Ces femmes « viennent se remettre en confiance, estime Anne Huc. Elles viennent travailler leur résilience au sein d’ateliers qui tournent autour de quatre parcours différents. Il y en a un autour de l’emploi, la formation. Il y a un deuxième pilier d’ateliers et de thématiques qui est autour de l’ancrage et de l’ancrage local. Connaître son territoire et puis l’altérité, comment rencontrer l’autre. Il y a une troisième thématique qui est autour de la cuisine et de la convivialité et une dernière thématique autour de la santé. »
Aussi, précise-t-elle, aux Providenti’elles on est « apolitique, areligieux, aconfessionnel et ça va dans nos maisons de 24 à 76 ans ! »
Avec une moyenne d’âge de 48 ans, la plupart des femmes qui passent la porte des Providenti’elles ont en commun d’avoir vécu « un accident de la vie », estime Mme Huc. « Elles ont vécu une rupture, cela peut être une rupture familiale, une rupture dans leur vie professionnelle, cela peut être un problème de santé, ou peut être un abandon, enfin un ressenti d’abandon, qu’il soit dans l’enfance ou à l’âge adulte. Elles peuvent avoir perdu un enfant, avoir vécu des violences. En fait, elles ont toutes, à un moment ou à un autre, eu un accident de vie. Cela, c’est vraiment leur point commun à toutes. »
Avec, en moyenne, dix mois aux femmes pour se relancer, les Providenti’elles sont victimes de leur succès, et une nouvelle maison devrait voir le jour début 2025 à Lyon.
Afin de financer ces structures et leurs activités, une participation symbolique de 20 euros est demandé aux participantes. « Ça nous fait 10 % de nos revenus. C’est plus un vecteur d’engagement qu’un modèle économique pour nous », précise Anne Huc.
La majeure partie des finances proviennent du mécénat d’entreprises ou de fondations. Des galas sont également organisés afin de récolter les précieux fonds nécessaires au fonctionnement des Providenti’elles.
La structure est amenée à s’implanter prochainement dans d’autres villes telles que Paris.
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