ÉCONOMIE

Avec la hausse des taux, les «super livrets» bancaires font leur retour

avril 24, 2023 8:54, Last Updated: avril 24, 2023 8:55
By

« Offre spéciale », « Faites partie des 5000 premiers à vous faire plaisir », « Un livret d’épargne qui rapporte » : avec la hausse des taux, les banques lancent leurs propres livrets à grand renfort de publicité, mais font face à une rude concurrence.

Sur ces livrets, les établissements bancaires sont libres de fixer les règles en matière de rendements pour l’épargnant, de liquidité ou de prix. C’est ce qui les différencie des livrets réglementés, comme le Livret A ou le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), strictement encadrés par les autorités.

Livret et taux d’intérêts

Ils étaient tombés en désuétude lors de la dernière décennie du fait de la baisse des taux d’intérêt avec des rendements qui avaient dégringolé à 0,05% pour certains. Difficile dans ces conditions d’en faire un produit d’appel… Mais aujourd’hui ces « super livrets », comme ils sont parfois appelés, refont surface, surtout dans les banques en ligne.

Dans les couloirs du métro parisien, Hello bank!, propriété de BNP Paribas, vante une rémunération de 2,5% brut pendant un an pour les 5.000 premiers souscripteurs. Comparée aux 3% du Livret A – qui est par ailleurs exonéré de prélèvements sociaux et fiscaux -, l’offre de Hello Bank! fait pâle figure.

Surtout qu’après la période d’un an, le rendement tombe à 0,5% ou 0,6% selon les montants placés, des taux extrêmement faibles dans la période actuelle.

Apprécié des banques en ligne

La tendance est la même chez les concurrents : 3% pendant six mois puis 1% chez Monabanq (filiale de Crédit Mutuel Alliance fédérale), 3,5% pendant quatre mois puis 0,5% chez Fortuneo (Crédit Mutuel Arkéa) ou 3,5% pendant trois mois puis 0,6% chez BforBank (Crédit Agricole).

« Sur l’année, ces taux sont largement inférieurs au taux de l’épargne réglementé », souligne Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, qui appelle à faire attention à « l’illusion d’optique ».

Interrogé par l’AFP, Gregory Guermonprez, directeur général de Fortuneo, explique que ce type de livret est « plutôt pour des clients qui ont temporairement beaucoup de liquidités », comme ceux qui auraient par exemple vendu un logement et ont le projet d’en acquérir un nouveau dans les mois à venir.

Un livret sous condition de revenus

« Si je fais le métier de manière responsable, ce qui est le cas chez Hello bank!, avant de vous proposer le livret bancaire je dois vous inviter à vous équiper en livrets réglementés », et notamment en Livret d’épargne populaire (LEP), soumis à condition de revenus mais qui rapporte actuellement 6,1%, explique Bertrand Cizeau, directeur d’Hello bank!.

Pourtant, il le reconnaît, malgré un intérêt certain à remplir d’abord leurs livrets d’épargne réglementés, « très souvent les gens font un mix ». Selon les derniers chiffres diffusés par la Banque de France, en 2021 seulement 7,8% des Livrets A avaient dépassé le plafond de 22.950 euros (au-delà les intérêts continuent de s’accumuler mais il n’est plus possible de faire de versement). Le plafond du LDDS est à 12.000 euros et celui du LEP à 7.700 euros.

Même pour les personnes ayant rempli leurs livrets réglementés et ne voulant prendre aucun risque, l’intérêt de ces super livrets bancaires demeure sujet à caution, « à moins de faire du surf, de taux promotionnel en taux promotionnel », selon M. Crevel.

L’assurance vie a aussi ses atouts

Comparé à l’assurance vie, l’avantage des super livrets est loin d’être assuré : l’assurance vie est un produit dont le capital est garanti et offre un avantage fiscal – à partir de huit ans de détention.

Pour Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du cabinet Facts & Figures, les banques ne peuvent pas s’engager sur une durée plus longue de taux bonifié pour ces super livrets, étant donnée la forte incertitude économique, mais selon lui, elles « vont être très pragmatiques, si elles voient que c’est leur intérêt de prolonger, elles le feront ».

D’autant qu’à la fin de la période de promotion, « il faudra raconter une histoire et proposer quelque chose à l’épargnant sinon il va partir », juge-t-il.

M. Guermonprez chez Fortuneo l’assure : le taux, hors promotion, à 0,5% aujourd’hui connaîtra « d’autres hausses dans l’année », après celle décidée en 2022.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER