Après le début de la vaccination des canards contre la grippe aviaire en France, les États-Unis, le Canada et le Japon ont commencé à restreindre leurs importations de volailles françaises, des mesures aux conséquences économiques limitées pour l’instant.
« À partir du moment où l’on vaccine, ces pays sont en droit de considérer que la France n’est plus une zone indemne de grippe aviaire », explique à l’AFP Yann Nédélec, directeur de l’interprofession de la volaille française Anvol.
L’influenza aviaire hautement pathogène a touché le pays du foie gras de 2015 à 2017 puis quasiment en continu depuis fin 2020. Après une crise inédite (32 millions de volailles abattues depuis l’été 2021), le gouvernement a décidé de rendre obligatoire la vaccination dans les élevages de plus de 250 canards, hors reproducteurs, à partir du 1er octobre pour tenter d’enrayer sa propagation.
Des canards vaccinés potentiellement porteurs sains de la maladie
Cette campagne de prévention préoccupe toutefois le ministère américain de l’Agriculture (USDA). La vaccination « peut masquer une infection par le virus de la grippe aviaire et ainsi permettre l’exportation d’animaux vivants infectés ou de produits contaminés par le virus vers les États-Unis », a expliqué le ministère dans un message à l’AFP.
Le pays a donc interdit les importations en provenance de France de volailles vivantes, d’œufs à couver – destinés à faire de futurs poussins ou canetons – ainsi que des viandes de volailles non transformées. Les produits issus de volailles cuits ou cuisinés de façon à ce que le virus soit détruit peuvent toujours être importés avec la documentation adéquate, a précisé l’USDA.
Ne pouvant garantir que des canards vaccinés – et donc potentiellement porteurs sains de la maladie – ne circulent pas librement au sein des pays européens membres du marché commun, les États-Unis ont aussi restreint les importations de canards vivants et de produits crus issus du volatile en provenance de cette zone.
Des produits « traités thermiquement, cuits ou mis en conserve »
Le Canada a de son côté suspendu « temporairement » l’importation des volailles vivantes, des œufs à couver, et des produits de volaille frais, congelés ou crus en provenance de France tout en continuant à autoriser les produits « traités thermiquement, cuits ou mis en conserve », a indiqué l’agence canadienne d’inspection des aliments dans un communiqué. « On ne sait pas si la viande provenant de canards vaccinés pourra être exportée vers d’autres pays, ni comment la France identifiera, tracera et contrôlera les animaux reproducteurs vaccinés », y est-il justifié. Le Japon, comme attendu, a aussi imposé des restrictions.
Les volumes impliqués à l’échelle de la filière « ne sont pas énormes », indique Yann Nédélec. Selon les douanes françaises, dans la catégorie « volailles vivantes et œufs », les exportations vers les États-Unis ne représentaient par exemple que 1% des exportations totales de la France. Mais des produits à très forte valeur ajoutée, comme la volaille de Bresse vers le Japon, sont concernés, remarque le représentant de l’Anvol.
Les restrictions sont aussi problématiques pour le secteur de la génétique, qui comprend les œufs à couver et les volailles d’un jour envoyés dans d’autres élevages pour la production d’œufs de consommation ou de volailles de chair, affirme le responsable, en soulignant que la France est reconnue pour son savoir-faire dans les souches rustiques ou label bio.
Prévenir une circulation à bas bruit du virus
Un dispositif de surveillance du virus, notamment pour rassurer les pays qui redoutent que le virus circule à bas bruit dans les élevages, a été mis en place, indique Yann Nédélec. « Lorsque nous recevrons tous les documents nécessaires confirmant que la stratégie de vaccination, de surveillance et de contrôle des mouvements n’augmentera pas le risque de grippe aviaire (…), nous pourrons supprimer ou réduire les restrictions liées à la grippe aviaire », a souligné le ministère américain.
Pour le foie gras, produit symbole de la gastronomie française, la situation est surtout problématique au Japon, a indiqué la directrice du comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), Marie-Pierre Pé : les flux à destination des États-Unis sont quasi nuls et les restrictions au Canada ne concernent que le cru. Mais la décision de Tokyo était attendue et « on avait pris des précautions en amont pour pouvoir servir les Japonais pendant les fêtes de fin d’année », a-t-elle indiqué.
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