Directeur général de Teract, il est l’un des grands artisans du projet de rapprochement avec Casino : Moez-Alexandre Zouari, également important franchisé du groupe de distribution stéphanois en grande difficulté financière, défend son « projet industriel » et espère convaincre Daniel Kretinsky que leurs offres peuvent converger.
À quoi ressemblera le groupe Casino dans le futur ? Si nul ne se risque à un pronostic en la matière, sa forme actuelle semble avoir vécu en raison du poids écrasant de sa dette : 6,4 milliards d’euros à fin 2022, dont 4,5 en France auxquels s’ajoutent plus de trois milliards de dette pour la maison mère du groupe, Rallye. Rallye, ainsi que la cascade de holdings par lesquelles Jean-Charles Naouri détient le contrôle du distributeur, avaient bénéficié en mai 2019 d’un placement en procédure de sauvegarde et font l’objet depuis fin avril d’une procédure amiable pour la renégocier.
Le dirigeant historique « pourrait conserver une place éminente »
De son côté Casino a dit envisager une procédure de conciliation, ce qui pourrait être le cas à partir du 19 mai en cas d’accord de ses créanciers. Dans ce contexte lourd d’incertitudes pour un groupe qui compte des enseignes bien connues des Français, comme Monoprix et Franprix, et qui emploie 200.000 personnes dans le monde dont un gros quart en France, plusieurs acteurs majeurs entendent peser sur le futur de Casino. Le plus connu est sans doute le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui a proposé à Casino d’injecter 750 millions d’euros via une augmentation de capital réservée de plus d’un milliard d’euros au total, ce qui ferait perdre à Jean-Charles Naouri le contrôle de cet empire. Le dirigeant historique « pourrait conserver une place éminente », a-t-il toutefois pris soin de préciser.
Dans un entretien avec plusieurs médias publié dimanche, le directeur général de Teract (Gamm Vert, Jardiland, Boulangeries Louise…) Moez-Alexandre Zouari, qui négocie depuis plusieurs mois pour intégrer l’activité française du distributeur en difficultés, a défendu son « projet industriel » et invité Daniel Kretinsky à travailler de concert. Selon Moez-Alexandre Zouari, par ailleurs important franchisé du groupe Casino en Île-de-France, l’offre du milliardaire tchèque est, en l’état, insuffisante « si demain matin en arrivant, il n’a pas Intermarché pour massifier les achats, un projet industriel qui va donner du sens à la dynamique, un projet structuré… »
« Une boîte centenaire, solide, robuste qu’il faut réveiller »
Teract, dont l’actionnaire majoritaire est le géant de l’agroalimentaire InVivo, compte autour de la table de son conseil d’administration le fondateur de Free Xavier Niel et le banquier d’affaires Matthieu Pigasse. Fin avril, la troisième chaîne de supermarchés en France, Intermarché, s’est jointe aux discussions menées depuis février avec Casino, et censées aboutir fin d’ici à la fin mai.
Casino « est une boîte centenaire, solide, robuste qu’il faut réveiller,(…) ce serait un carnage que ce groupe parte en redressement judiciaire alors qu’il y a un socle solide et que constituer un réseau de proximité comme le sien aujourd’hui prendrait des dizaines d’années et des milliards d’euros », a plaidé Moez-Alexandre Zouari.
« Redonner du sens aux métiers de la distribution »
Son projet est d’intégrer toute la chaîne agro-alimentaire, des producteurs agricoles rassemblés dans les 188 coopératives composant InVivo, aux supermarchés du groupe Casino, en passant par les transformateurs industriels. « Cette consolidation verticale est pour nous la solution pour répondre aux enjeux de demain matin » et redonner « du sens » aux métiers de la distribution, a-t-il plaidé. Les négociations entre fournisseurs industriels et supermarchés tournent chaque année à la foire d’empoigne et constituent, fait-il valoir, une « mascarade où les grands industriels ont à chaque fois le dernier mot ».
Alléger la pression financière
Pour alléger la pression financière pesant sur l’activité commerciale de Casino, il entend détacher les magasins français du groupe pour les apporter à Teract, en n’embarquant avec eux qu’une dette d’environ deux milliards d’euros, selon une source proche. Avec Daniel Kretinsky, « il n’y a pas de raison qu’on n’arrive pas à se parler puisqu’il croit dans cette entreprise », a encore déclaré Moez-Alexandre Zouari, qui serait « heureux que quelqu’un d’aguerri » comme le Tchèque « nous rejoigne, ce qu’on attend avec impatience ».Moez-Alexandre Zouari nourrit l’espoir de trouver un compromis dans le cadre de la possible procédure de conciliation étudiée par Casino.
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