En début d’année, le Fonds monétaire international (FMI) prévoyait 2,3% de croissance en Europe pour 2023. Il a changé d’avis : « Les perspectives européennes se sont considérablement assombries » prévient-il dans ses nouvelles prévisions économiques publiées le 23 octobre. Il annonce désormais une croissance de 0,5 % en 2023. Son directeur Europe, Alfred Kammer, précise que « le ralentissement de la croissance est généralisé, et plus de la moitié des pays de la zone euro vont connaître une récession technique », c’est-à-dire un recul du produit intérieur brut (PIB) sur deux trimestres successifs.
Les causes en sont multiples.
1. L’inflation gagne du terrain. Elle s’établirait à 8,3 % en 2022 et 5,7 % en 2023 en zone euro, mais beaucoup plus dans les pays Baltes (17,6 % en Lituanie en 2022) ou les Balkans (plus de 10 % en 2022). Les banques centrales et les gouvernements en sont responsables parce qu’ils n’ont rien fait et se voulaient rassurants, encore l’an dernier, alors que divers économistes, et l’IREF en particulier, s’inquiétaient d’une prochaine poussée des prix sur le terrain du laxisme budgétaire et monétaire des pays occidentaux. Certes, la guerre en Ukraine et la rareté énergétique ont fait surgir cette inflation, mais elle n’aurait pas eu cette ampleur si les pays occidentaux n’avaient pas eu des politiques de restriction écologique de la production énergétique et s’ils avaient eu plus de rigueur dans leur gestion financière.
2. La dette mondiale a augmenté considérablement à cause des politiques liées au quantitative easing (rachat indirect par les banques centrales des obligations émises par les Etats) et au « quoi qu’il en coûte ». Elle représentait 100% du PIB en 1970, 200% en 2007 avant la crise des subprimes, et 250% aujourd’hui. La France a la dette globale la plus élevée d’Europe en pourcentage de son produit intérieur brut : 350% dont 115% de dette publique. Cette dette pèsera très lourd à terme sur les budgets. Les taux d’emprunt augmentent déjà. Pour le moment, l’inflation est nettement supérieure aux taux d’intérêt et de ce fait les emprunteurs sont encore gagnants. Mais le paradoxe est que quand l’inflation baissera, nombre d’emprunteurs auront des taux élevés et difficiles à supporter. Pour stopper l’inflation, les banques centrales augmentent leurs taux de base, mais la FED américaine le fait toujours avec plusieurs temps d’avance. Le dollar restant par ailleurs une devise refuge, il en résulte que celui-ci s’est apprécié d’environ 15% depuis un an, ce qui aggrave l’inflation, les prix de l’énergie étant généralement libellés en dollars.
3. Les dérives du monde vers des nationalismes exacerbés éteignent peu à peu le commerce mondial dont la forte croissance a été une cause majeure de l’enrichissement du monde au cours des 40 dernières années, quand la très grande pauvreté a été réduite de 40 à 10% de la population mondiale qui avait augmenté de 60% dans le même temps. Les États-Unis ont eu raison de mettre un embargo sur tous les produits sensibles, notamment les puces, avec la Chine et, avec les Européens et quelques autres pays, de sanctionner la Russie. Mais ce protectionnisme concourra à la baisse de la croissance des pays occidentaux s’il n’est pas compensé par une plus grande fluidité de leurs échanges. Il faudrait peut-être une nouvelle Organisation mondiale du commerce (OMC) restreinte aux pays ouverts et libres. Hélas, chaque pays continue à faire sa petite cuisine, comme Olaf Scholz qui veut vendre le port de Hambourg aux Chinois. Quoiqu’il en soit, les restrictions au commerce mondial vont aussi peser sur les prix en réduisant la concurrence et l’accès à certains produits.
4. Au surplus, la crise énergétique pourrait entraîner des rationnements par suite de l’imprévision de nos gouvernements soumis à une idéologie climatique qui par ailleurs participe déjà largement à l’inflation et risque d’y contribuer plus encore à l’avenir : renchérissement des voitures, travaux à faire dans les habitations pour les donner en location, taxes énergétiques subreptices… Ce qui risque aussi de favoriser de nouveaux soulèvements sociaux type gilets jaunes. Déjà les conflits salariaux viennent troubler l’activité en France et ils risquent de s’amplifier si les prix continuent d’augmenter.
Les gouvernements continuent pourtant de jouer sur les peurs climatiques, en soutenant que la planète s’achemine vers un réchauffement insupportable, pour justifier les mesures de contrainte et l’augmentation de leurs budgets. Ils utilisent le grand cirque des COP pour jeter de la poudre aux yeux de leurs peuples et pour justifier leurs déficits abyssaux. Mais les peuples ne sont pas idiots. Les gouvernements ont encouragé les orages par leurs politiques énergétiques, budgétaires et monétaires. Ils pourraient être balayés par les tempêtes à venir à défaut de savoir raison garder en matière environnementale et monétaire et de prendre des mesures drastiques pour retrouver les équilibres financiers sans lesquels il ne saurait y avoir de stabilité politique et sociale.
Article écrit par Jean-Philippe Delsol, avec l’aimable autorisation de l’IREF.
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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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