Des paysages verdoyants, des portraits de paysannes, des sculptures toutes en courbes. A Bagdad, les amateurs redécouvrent les pionniers de l’art moderne irakien, grâce à l’exposition d’une centaine d’œuvres, restituées et restaurées deux décennies après avoir été pillées.
Certaines de ces œuvres, de Jawad Salim ou Faeq Hassan notamment, avaient disparu en 2003 avec des milliers de pièces volées dans des musées et institutions irakiennes qui ont été pillés et saccagés dans le chaos ayant suivi l’invasion américaine qui renversa Saddam Hussein.
Faeq Hassan, Arabian
01 Painting, MIDDLE EASTERN ART, With Footnotes – 28Please follow link for full post#MiddleEast #Zaidan #Artists #biography #Art #Paintings #Artists #History #footnotes #Calligraphy #fine #art https://t.co/iQNHwoD790 pic.twitter.com/mduLpsok89
— Zaidan Gallery (@HZaidan) August 20, 2019
Des réseaux criminels organisés s’étaient ensuite chargés d’écouler les pièces volées hors d’Irak.
Bagdad, ville de poètes, de peintres et d’artistes
Retrouvées en Suisse, aux Etats-Unis, au Qatar ou encore en Jordanie, sculptures et peintures datant des années 1940, 1950 ou 1960 sont exposées depuis fin mars dans une vaste salle du ministère de la Culture.
« Ces œuvres font partie de l’histoire de l’art moderne en Irak. Elles ont été réalisées par les maîtres et les pionniers des arts plastiques du pays », s’enthousiasme Fakher Mohamed, haut responsable du ministère.
Faeq Hassan (Iraqi, 1914 – 1992) – Coffee Corner, 1967 pic.twitter.com/EBnYw9RMch
— AniS (@AniSWISSarts) July 16, 2021
L’invasion de 2003 a sèchement mis fin au foisonnement artistique qui caractérisait l’Irak d’avant guerre et en particulier Bagdad, ville de poètes, de peintres et d’artistes de tout poil. Saddam Hussein cultivait une image de grand mécène, tout en réprimant toute dissidence politique.
La descente aux enfers de la guerre civile des années 2006-2008, puis l’occupation d’une partie de l’Irak par les jihadistes du groupe Etat islamique entre 2014 et 2017 lui ont donné le coup de grâce.
La scène culturelle et artistique de Bagdad revit
Mais aujourd’hui, à la faveur d’une relative stabilité, la scène culturelle et artistique de Bagdad revit, entre salons du livre, expositions et concerts.
En témoigne aussi l’exposition organisée au ministère de la Culture.
Parmi les toiles d’inspiration réaliste, surréaliste ou expressionniste, une scène pittoresque aux couleurs chatoyantes montre une barque voguant devant les « mudhif », les habitations traditionnelles en roseau, typiques des marais du sud.
Artist Faeq Hassan mural in Altayaran Sq, the next Sq after Tahrir Sq, Since 2003, the mural has suffered from government neglect, today and with the efforts of protesters, Rehabilitated from dyeing, planting and lighting#insm_iq #Iraq#Baghdad pic.twitter.com/0C15W1Fcvh
— Hamzoz حمزوز (@Hamzoz) November 6, 2019
D’autres tableaux, aux couleurs sombres, dépeignent des habitants épouvantés entourés de cadavres, fuyant un village en feu. Ailleurs, c’est une femme prostrée dans un paysage de destruction, agenouillée devant un bras qui dépasse de sous des pierres.
« La statue maternelle » de Jawad Salim
Il y a aussi la sculpture en bois d’une gazelle aux courbes ondulantes. Ou encore « la statue maternelle » de Jawad Salim, représentant une femme tout en longueur, au cou élancé et aux bras levés.
Bedouin Tent, Faeq Hassan. pic.twitter.com/ZKMD5N0XJL
— Mordecai (@MenschOhneMusil) July 12, 2020
L’œuvre, qui vaut sans doute plusieurs centaines de milliers d’euros, a été retrouvée un jour dans le quartier des brocanteurs de Bagdad chez un vendeur qui n’était pas conscient de sa valeur, raconte le sculpteur Taha Wahib, qui pour l’acquérir a déboursé… 200 dollars.
Tableaux et sculptures avaient été subtilisés au « Centre Saddam pour les arts », une des prestigieuses institutions culturelles de Bagdad. Les pilleurs avaient parfois découpé des toiles au cutter pour les transporter plus facilement sans le châssis.
Œuvres entreposées dans de mauvaises conditions
« Certaines pièces avaient été endommagées durant les évènements de 2003. Ou bien elles étaient entreposées dans de mauvaises conditions pendant de longues années. Elles ont été restaurées en un temps record », explique M. Mohamed à l’AFP.
D’autres œuvres attendent toujours une seconde vie, ajoute le responsable, qui ambitionne d’ouvrir d’autres salles d’exposition pour montrer toute la collection.
Arabian Knight – Faeq Hassan http://t.co/COSQ32UQy3
— Sonja Hannon (@sonjahannon) May 12, 2015
« Les musées doivent être ouverts au public, ces œuvres ne doivent pas rester prisonnières des entrepôts », martèle-t-il.
« Montrer aux visiteurs tout ce patrimoine artistique ».
Sur les 7.000 pièces volées en 2003, quelque 2.300 ont été restituées à l’Irak, confie l’artiste Lamiaa al-Jawari, la commissaire de l’exposition qui souhaite parvenir un jour à « montrer aux visiteurs tout ce patrimoine artistique ».
The Dance ?
Faeq Hassan (Iraq, 1914-1992)
oil on canvas, 1974 pic.twitter.com/zGUfIG04se— Nihat Kerem A. (@nka979) November 25, 2017
« Des œuvres inestimables », s’émeut celle qui a rallié en 2004 un comité formé à l’initiative des artistes pour retrouver ces trésors du patrimoine.
Retrouver les œuvres manquantes
« Certaines ont été récupérées à travers des canaux officiels: l’ambassade de Suisse a aidé par exemple. Ou alors à travers des particuliers », précise-t-elle.
« Artistans »
by : Faeq Hassan pic.twitter.com/jXcXmwf1ZL— محمد بارح الدراجي (@m_bareh28) April 28, 2020
Les dernières restitutions ont eu lieu en 2021 et les autorités coordonnent leurs actions avec Interpol pour retrouver les œuvres manquantes, dit-elle.
Ali Al-Najar, artiste de 82 ans installé en Suède depuis deux décennies, est en vacances dans son pays d’origine. Il salue la scénographie de l’exposition et souligne son importance : car « les pionniers sont à l’origine de tout. Si on les oublie on perd la base ».
***
Chers lecteurs,
Abonnez-vous à nos newsletters pour recevoir notre sélection d’articles sur l’actualité.
https://www.epochtimes.fr/newsletter
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.