Balcon effondré : « Des familles anéanties » qui espèrent la condamnation des constructeurs

Par Epoch Times avec AFP
6 février 2022 08:00 Mis à jour: 6 février 2022 12:34

Des « familles anéanties » et des « vies bouleversées » : cinq ans après la chute d’un balcon à Angers, les victimes et leurs familles attendent et redoutent le procès qui s’ouvre mercredi 9 février, dont elles espèrent une condamnation des constructeurs.

Une crémaillère au souvenir douloureux

Cette soirée du 15 octobre 2016, « c’était l’apocalypse, une scène de guerre », se souvient Mathilde Rondeau, 26 ans. Alors étudiante en droit, la jeune femme brune organisait avec sa sœur la pendaison de crémaillère de leur nouvel appartement, dans le centre-ville d’Angers. Vers 23h00, leur balcon avait basculé dans le vide, entraînant dans sa chute 18 de leurs amis, dont quatre n’ont pas survécu.

« L’arrivée du procès réactive tous ces souvenirs », confie-t-elle. « On organise une soirée, on a envie que ça se passe bien…. Il y a un énorme sentiment de culpabilité. Pourquoi je suis là ? Pourquoi ce n’est pas moi qui suis tombée et pas eux ? Et on se sent mal d’être là aujourd’hui ».

Un sentiment de culpabilité des survivants

Ce sentiment de culpabilité, Julia et Héloïse Renoux, 26 ans, qui étaient sur le balcon au moment de sa chute, le ressentent aussi. « Je suis en vie », constate Héloïse. Mais « penser à ceux qui ont eu moins de chance, c’est le plus douloureux. C’est ce qui à chaque fois me fait pleurer. J’ai toujours du mal à l’accepter », ajoute la jeune femme, qui se souvient du « bruit, de la poussière et de quelques flashs ».

Les deux sœurs, étudiantes en médecine, ont souffert de multiples blessures et Julia a été hospitalisée six semaines avec les pieds cassés et une double fracture du sacrum. « Les blessures on peut les calmer avec de la morphine. C’est psychologiquement que c’était le plus dur », décrit Julia qui ne se sentait « pas légitime » à exprimer sa douleur : « Je me sentais chanceuse ».

« On a des séquelles psychologiques, une peine qui est énorme », poursuit Mathilde, qui retient ses larmes en évoquant Antoine, Benjamin, Lou et Baptiste qui « ne sont plus là ».

« C’est quelque chose d’absolument horrible », confie Thibault Courgeon, étudiant de 24 ans, frère d’Antoine. « On n’apprend jamais complètement à vivre avec », dit-il. « Mon frère, personne ne pourra jamais le remplacer ».

« On se retrouve avec des familles anéanties », résume Julien Ferchaud, 44 ans, oncle de Baptiste, qui était « comme un fils » pour lui. « Mon père et ma mère ont pris dix ans depuis que c’est arrivé, ils ne s’en remettent pas. Mon frère, je pense qu’il ne s’en remettra jamais. On a tous été marqués très forts. »

La responsabilité des constructeurs engagée

Que les constructeurs du balcon effondré « ne puissent plus exercer », c’est ce qu’aimerait Mathilde, car « ils ont mal fait leur travail ».

La question sera, sans aucun doute, évoquée devant le tribunal d’Angers. Ce procès, « c’est quelque chose qui envahit nos vies depuis plusieurs mois, qu’on attend mais en même temps qu’on redoute parce que ça va être un moment extrêmement douloureux », raconte Thibault. « Ça va être très, très dur mais on en a besoin », confirme Julia. 

Tous espèrent des condamnations et que les prévenus « assument » enfin leurs responsabilités. « Comment est-ce qu’on peut construire un balcon de cette manière-là, sans se dire qu’il va forcément s’effondrer ? C’est criminel comme acte. Pour moi, c’est quasiment un acte de sabotage », lâche Stéphane Courgeon.

Beaucoup ont prévu de témoigner à la barre du tribunal. « On prend ça comme un devoir, comme un hommage », souligne Julien Ferchaud.

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