Michel Barnier est l’invité du journal de 20 heures sur TF1 mardi soir, avant des votes décisifs sur les projets de budgets qui pourraient entraîner une censure du gouvernement.
Une réunion à hauts risques se tiendra mercredi sur le projet de financement de la Sécurité sociale, avant une possible activation par le Premier ministre d’un premier 49.3 sur ce texte lundi. Cela permettrait son adoption sans vote, mais ouvrirait la voie au dépôt d’une motion de censure de la gauche, à laquelle le RN menace de s’associer. Ce qui ferait tomber le gouvernement.
Reçues lundi par Michel Barnier dans le cadre d’une série d’entretiens avec les responsables des groupes parlementaires, les cheffes de file des députés RN Marine Le Pen et LFI Mathilde Panot ont réitéré leur menace de censurer le gouvernement sur le budget.
« Le gouvernement va tomber », dit Emmanuel Macron
« Le gouvernement va tomber » aurait dit le président Emmanuel Macron en marge d’une cérémonie lundi, a rapporté mardi le Parisien. L’Élysée a officiellement démenti ces propos, maintenus par le journal.
Le Premier ministre a aussi reçu mardi les groupes de sa coalition gouvernementale, qui de son côté est divisée sur les hausses d’impôts. Il doit encore échanger dans la semaine avec les responsables socialistes, écologistes, et communistes. Le Sénat a largement adopté mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2025, malgré l’abstention des macronistes qui continuent d’engager un bras de fer avec le gouvernement sur les efforts demandés aux entreprises.
Pression
Sans surprise, les troupes du camp gouvernemental, largement majoritaires dans l’hémicycle, ont approuvé le texte à 202 voix contre 109, avec les voix de la droite et des centristes. Mais le petit groupe macroniste, qui compte une vingtaine de sénateurs, s’est majoritairement abstenu, adressant un signal d’alerte en direction du gouvernement, à la veille d’une réunion cruciale, mercredi à 14h00, entre députés et sénateurs, chargés de trouver un compromis lors d’une commission mixte paritaire (CMP).
« Notre groupe ne peut se satisfaire des mesures d’économies sur le travail retenues par le gouvernement », a lancé Dominique Théophile, le représentant de ce groupe à la Haute assemblée. Car une divergence majeure persiste sur une mesure phare, la réduction des allègements de cotisations patronales.
Le gouvernement proposait un effort de quatre milliards d’euros sur les entreprises, le Sénat l’a réduit à trois milliards. Or les parlementaires Renaissance continuent de demander la suppression totale de la mesure, au risque de faire capoter la CMP.
Mardi matin en réunion de groupe, les députés macronistes n’ont pas tranché et prévu de se retrouver à nouveau mercredi. « Le groupe souhaite poursuivre les échanges », a fait savoir un participant. « On continue de faire monter la pression », assume un autre.
« Risque politique »
Un échec de la CMP à cause des députés macronistes Ensemble pour la République (EPR) porte un « risque politique », « c’est l’existence du ‘socle commun’ qui est en jeu », a fait savoir lors de la réunion le ministre du Budget Laurent Saint-Martin selon son entourage.
Selon plusieurs participants à la réunion, l’ex-Première ministre Élisabeth Borne a elle vivement désapprouvé sur le fond l’ensemble des textes budgétaires ainsi que la méthode du gouvernement, tout en étant, selon son entourage, opposée à faire échouer la CMP. « Si nous arrivons tous avec nos lignes rouges infranchissables, il n’y aura jamais d’accord. À ce moment-là il ne fallait pas monter dans la même barque », a alerté Marc Fesneau, président des députés MoDem.
Le Premier ministre « a dit qu’il était prêt à faire un effort supplémentaire, mais il ne l’a pas quantifié », selon un autre cadre du camp gouvernemental. Pour Laurent Saint-Martin, un « bon consensus » en CMP serait de réduire l’effort « d’un peu plus de la moitié », soit 1,5 milliard contre quatre initialement demandés aux entreprises.
Dans les rangs de la coalition, beaucoup ont alerté sur l’importance d’un accord en CMP, alors que la menace de censure se fait toujours plus pressante de la part du Rassemblement national.
Le RN pourrait la voter dès ce texte sur la Sécurité sociale, sans attendre le projet de budget de l’État en décembre. Mardi le député RN Jean-Philippe Tanguy a pointé ses « lignes rouges » notamment sur les retraites. Si l’utilisation du 49.3 est inévitable, l’activer sur un texte de consensus en CMP peut paraître moins cavalier qu’un passage en force sans accord préalable entre les deux chambres.
La copie du Sénat, en tout cas, reste assez fidèle au projet initial, assumant des milliards d’économies alors que les finances sociales sont en berne.
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