Quelque 4500 personnes, dont « 10% de black blocs », sont déjà réunis jeudi au Village de l’eau dans les Deux-Sèvres, épicentre de la lutte contre ces réserves d’irrigation contestées, dont « 10% de black blocs » selon les autorités qui craignent des violences lors de manifestations interdites.
Parmi ces 450 personnes « connues des services pour activisme violent ou ayant des antécédents judiciaires lors de manifestations », figurent 123 « fichés S », a précisé lors d’une conférence de presse le général de corps d’armée Samuel Dubuis, commandant de la région de gendarmerie en Nouvelle-Aquitaine.
Lors de 10.000 contrôles effectués dans la semaine, les gendarmes ont saisi 1600 « matériels » dont la moitié considérés comme des « armes par destination » (haches, couteaux, barres à mine, outillages, etc.), a-t-il ajouté, mentionnant aussi des matériels de « protection » (casques, masques, lunettes), y compris pour enfants.
Quinze mois après les affrontements entre manifestants radicaux et forces de l’ordre lors d’un précédent rassemblement à Sainte-Soline dans le département, plus de 3000 gendarmes sont mobilisés autour de la commune de Melle, qui héberge le campement militant international depuis mardi et jusqu’à dimanche.
Les forces de l’ordre ont aussi saisi 1600 « matériels » dont la moitié considérés comme des « armes par destination » (haches, couteaux, barres à mine, outillages, etc.), a-t-il ajouté, mentionnant aussi des matériels de « protection » (casques, masques, lunettes), y compris pour enfants.
Les autorités appellent les manifestants « de bonne foi » à « rester au Village de l’eau ». « Je le redis avec gravité, il est responsable de ne pas participer à ces manifestations interdites », a déclaré la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, lors du point-presse.
— Préfète des Deux-Sèvres (@Prefet79) July 18, 2024
Deux manifestations sont annoncées, sans avoir été déclarées ni autorisées par la préfecture, vendredi à Saint-Sauvant (Vienne) sur le site d’une future « bassine » et samedi devant le terminal agro-industriel du port de La Rochelle (Charente-Maritime), à l’appel du collectif Bassines Non Merci, et des mouvements Soulèvements de la Terre et Extinction Rébellion.
« Dans un contexte de restriction des libertés politiques, nous revendiquons notre droit de nous opposer aux projets d’accaparement de l’eau », ont réaffirmé ces organisations dans un communiqué jeudi matin.
Les « bassines » ou réserves « de substitution », qui visent à stocker de l’eau puisée dans les nappes en hiver afin d’irriguer les cultures en été, sont vues par leurs partisans comme une condition de survie des exploitations face au changement climatique. À l’inverse, leurs détracteurs décrivent un « accaparement » de l’eau par l’agro-industrie.
Le « cadre d’action » présenté par les militants anti-bassines pour les deux journées de manifestation annonce des « formes de désobéissance de masse » destinées à « impacter concrètement leurs cibles », avec différents « niveaux d’engagement » dans les cortèges. Ces « occupations, blocages ou désarmements » d’installations doivent viser vendredi des « bassines (ou leurs réseaux) qui viennent d’être construites, en chantier ou en projet », puis des « dispositifs majeurs du complexe agro-industriel » samedi.
Un appel « à rester calme »
Selon la gendarmerie, des « actions de sabotage » ont déjà été commises, occasionnant des « dégradations mineures » à des systèmes d’irrigation ou des cabanes de chantier. Le dispositif de sécurité mis en place par les autorités concerne quatre départements potentiellement concernés par ces actions (Deux-Sèvres, Vienne, Charente-Maritime et Vendée). Plusieurs périmètres d’interdiction de manifester ou de s’attrouper ont été définis.
En mars 2023, de violents heurts avaient opposé manifestants radicaux et gendarmes lors d’une précédente manifestation autour de la « bassine » de Sainte-Soline, proche de Melle, faisant des blessés de part et d’autre dont deux manifestant restés un temps dans le coma. Selon les pompiers, deux postes de secours ont été prévus à proximité de l’endroit – qui pourraient être une cible pour certains manifestants.
Un syndicat agricole, la Coordination rurale, majoritaire dans la Vienne, a de son côté appelé à venir « défendre les fermes » du territoire contre les « groupuscules écologistes ». Il indique attendre des centaines d’agriculteurs, venus aussi de Dordogne et du Lot-et-Garonne, dans une commune située à une vingtaine de kilomètres de Melle.
Les organisateurs, eux, assurent ne pas vouloir « prendre pour cible les agriculteurs et leurs fermes », accusant les autorités « d’attiser les peurs et les tensions » et qualifiant les dirigeants de la Coordination rurale « d’apprentis miliciens ».
La préfète a appelé riverains et exploitants agricoles « à rester calme » et « en cas d’inquiétude pour leurs biens, à ne pas chercher à intervenir par eux-mêmes », soulignant que toute personne pénétrant dans un périmètre interdit « encourait des sanctions pénales ».
L’Association des irrigants dans la Vienne a annoncé de son côté avoir porté plainte contre la commune de Melle qui accueille le Village de l’eau, lui reprochant d’aider des « commandos radicalisés » en leur fournissant un « camp de base ».
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