POLITIQUE

François Bayrou doit « dialoguer » avec les partis pour « trouver les conditions de la stabilité et de l’action »

décembre 13, 2024 12:13, Last Updated: décembre 13, 2024 18:57
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Le nouveau Premier ministre François Bayrou « aura pour mission de dialoguer avec l’ensemble des partis politiques », hors Rassemblement national et La France insoumise, « afin de trouver les conditions de la stabilité et de l’action », a déclaré vendredi l’entourage d’Emmanuel Macron.

« Le nom de François Bayrou s’est imposé ces derniers jours comme le plus consensuel. Au fur et à mesure des consultations, le maire de Pau est apparu comme la personnalité la plus à même d’assurer l’unité et de former le gouvernement d’intérêt général appelé de ses vœux par le président de la République dans sa dernière allocution » après la censure de Michel Barnier, a-t-on ajouté de même source après la nomination du dirigeant centriste.

À 73 ans, comme son prédécesseur Michel Barnier renversé le 4 décembre par l’Assemblée nationale lors d’une censure inédite depuis 1962, M. Bayrou devient le sixième locataire de Matignon depuis la première élection d’Emmanuel Macron en 2017. Et le 28e Premier ministre de la Ve République.

 « Une réalité qui s’imposera à tout gouvernement »

Une tâche immense attend rue de Varenne le maire de Pau, premier allié de M. Macron en 2017. Avec pour priorité le budget pour 2025, le projet de budget de la Sécurité sociale ayant été mis en échec par la censure.

Dans un contexte de colère des agriculteurs et de multiplication des plans sociaux, les niveaux des déficit et de la dette seront « une réalité qui s’imposera à tout gouvernement, quel qu’il soit », a prévenu Michel Barnier. En attendant que ce nouveau budget soit adopté, un projet consensuel de « loi spéciale » permettant d’assurer la continuité du fonctionnement de l’État sera examinée lundi par l’Assemblée nationale.

La passation de pouvoirs est prévue dans l’après-midi. Cette nomination intervient trois jours après une réunion inédite des dirigeants des partis, hors Rassemblement national et La France insoumise, sous l’égide du chef de l’État. Où se sont esquissés les contours d’un « accord de coopération démocratique », selon la formule de M. Bayrou mardi : le gouvernement s’engagerait à ne pas recourir au 49.3 pour imposer ses lois, les opposants à ne pas le censurer, Emmanuel Macron évoquant de son côté son intention de ne pas dissoudre à nouveau l’Assemblée.

Le dirigeant centriste a finalement été préféré à d’autres noms qui ont circulé jusqu’au bout, comme celui de l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, des ministres de l’aile droite de la macronie Sébastien Lecornu ou Catherine Vautrin. Jeudi, c’est le profil de l’ex-ministre de l’Industrie Roland Lescure, un macroniste social-libéral, qui a été poussé par le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler, selon plusieurs sources proches des consultations. Mais la droite et le RN sont montés au créneau pour lui faire barrage.

L’ancien chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian, qui accompagne Emmanuel Macron depuis 2017, a lui carrément fait savoir qu’il avait « refusé » Matignon, jugeant que « ce ne serait sérieux » d’accepter à 77 ans.

« Pas de censure a priori« , assure Jordan Bardella

C’est une arrivée à Matignon aux allures de consécration particulière pour le lointain ministre de l’Éducation (1993-1997) depuis longtemps tourné vers la plus haute fonction : inlassable défenseur d’un centre indépendant, François Bayrou a été trois fois candidat à l’élection présidentielle de 2002 à 2012, sans parvenir au second tour (18,57% en 2007).

Son alliance avec Emmanuel Macron en 2017 a dégagé la voie pour l’élection du plus jeune président de l’histoire, porteur d’un « en même temps » droite-gauche en phase avec son projet politique.

Mais le Béarnais, nommé ministre de la Justice, n’est resté que 34 jours place Vendôme en 2017, empêché par l’affaire des assistants parlementaires du MoDem, jugée en première instance sept ans plus tard, en février 2024. Si le parti a été lourdement condamné, François Bayrou a été relaxé, mais le parquet a fait appel.

Depuis 2017, le maire de Pau a régulièrement distillé des critiques contre la politique – trop à droite – et la pratique du pouvoir – trop personnelle – de son allié, sans jamais se départir de sa solidarité. Peu après l’annonce de la nomination, le président du RN Jordan Bardella a assuré qu’il n’y aurait « pas de censure a priori« . M. Bayrou devrait en revanche subir une censure de la part de La France insoumise. « Faire tomber Bayrou sera faire tomber Macron », a prévenu le coordinateur de LFI Manuel Bompard, qualifiant cette nomination de « nouveau bras d’honneur à la démocratie ».

« Pluralisme »

L’échec de M. Barnier, Premier ministre choisi en septembre par Emmanuel Macron alors que la gauche revendiquait Matignon, remet la pression sur le chef de l’État et le Premier ministre.  La donne a-t-elle évolué ? Si le Parti socialiste, et dans une moindre mesure les communistes et les Écologistes, ont donné quelques gages de compromis, poussant leur alliance avec LFI au sein du Nouveau Front populaire au bord de la rupture, pas sûr qu’ils soutiennent franchement François Bayrou.

Le centriste, qui plaide depuis des décennies pour des gouvernement œcuméniques, devrait tenter de conserver des ministres du parti Les Républicains côté droit, avec qui les relations sont historiquement tendues. Nicolas Sarkozy a notamment usé de son influence pour empêcher cette nomination à Matignon.

M. Bayrou devrait également se tourner davantage vers la gauche, à défaut de convaincre les membres du Nouveau Front populaire de participer au gouvernement. Côté RN, le président du MoDem pourrait bénéficier du fait d’avoir apporté son parrainage à Marine Le Pen pour concourir à l’Élysée en 2022, dans un geste destiné à défendre le « pluralisme ».

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